Louisa Hanoune fustige les «ârchs»

Louisa Hanoune fustige les «ârchs»

«C’est un mouvement politique éthniciste»

Omar Sadki, Le Quotidien d’Oran, 24 janvier 2002

Le porte-parole du parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, n’a pas mâché ses mots à l’endroit du mouvement des «ârouch» qui anime la contestation citoyenne en Kabylie.

Lors d’une conférence de presse animée hier au siège national de son parti, elle a qualifié d’éthniciste et de régionaliste, ce mouvement «politique» qui a, selon elle, usurpé la représentation de la population de la région de Kabylie et l’a prise «en otage» avec la complicité du pouvoir qui cherche le pourrissement. Ceci ne l’empêche pas de considérer que les revendications exprimées par la population à travers les marches sont légitimes et claires. Elles n’ont pas besoin d’intermédiaires pour être satisfaites. Le pouvoir peut répondre directement à cette population au lieu de pousser celle-ci dans «les bras d’aventuriers séparatistes» et de prêter le flanc à l’émergence de la «ârouchia» qui commence d’ailleurs à faire tâche d’huile dans le reste du pays.

Les mesures que prendrait le gouvernement dans le domaine socio-économique et la reconnaissance de Tamazight seraient, selon Louisa Hanoune, salutaires pour les élections prochaines en ce sens qu’elles contribueraient à détendre l’atmosphère. Mais il faut aussi solutionner la crise politique qui a engendré l’insécurité actuelle. «Le rétablissement de la sécurité reste pour nous et pour la majorité des Algériens, la priorité des priorités, l’urgence de l’heure pour préserver des vies humaines». Et là, les propositions ne font pas défaut mais c’est la «surdité» du pouvoir qui pose problème.

Louiza Hanoune redoublera de férocité dans son analyse critique de la situation du pays quand elle évoque le thème économique et les récents engagements internationaux de l’Algérie. Au centre de ses attaques, la politique de libéralisation économique. Les ordonnances présidentielles portant privatisation des entreprises publiques et réforme tarifaire ainsi que la loi de finances doivent être gelées parce que la politique qu’elles consacrent «est porteuse de danger pour l’économie nationale comme en témoigne le chaos en Argentine où ont été administrées les mêmes recettes pour garantir le remboursement de la dette extérieure». Dette extérieure qu’elle préconise d’annuler car elle n’est pas contractée par le peuple mais par la Banque mondiale et le FMI aux fins de pillage des recettes et des richesses des nations. La détresse sociale, l’aggravation du chômage, l’érosion du pouvoir d’achat ne seront pas amorties, selon le porte-parle du PT, par les retombées de la signature de l’accord d’association récemment conclu entre notre pays et l’Union européenne. Bien au contraire, puisque l’emploi sera davantage menacé par la fermeture des entreprises ou leur privatisation. Le PT appelle à ne pas le ratifier. Louiza Hanoune prédit des lendemains cauchemardesques après la privatisation de Sonelgaz et de Sonatrach. La perspective d’adhésion de l’Algérie à l’OMC achève de noircir le tableau de l’horizon brossé par l’oratrice.

En dépit de tout cela, le parti des Travailleurs n’exclut pas de prendre part aux élections «pour aider à l’expression de la souveraineté populaire». Mais tant que les problèmes subsistent «nous ne serons pas convaincus que le scrutin sera libre et crédible». Les instances du parti sont, en tout cas, instruites pour se tenir prêtes.

 

 

 

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