Le coup de gueule de Ghozali

Le coup de gueule de Ghozali

Menouar Zeid, Algeria-Interface, 26 juillet 2002

Alger, 24 juillet 2002 – Dans une entretien accordé à l’hebdomadaire El Khabar Hebdo, l’ancien chef du gouvernement accuse le président Bouteflika de vouloir déstabiliser l’armée, mais reconnaît que c’est l’État qui a couvert les frais du procès en diffamation intenté par le général-major Khaled Nezzar à l’ex-sous-lieutenant Habib Souaïdia.

Alger, 24 juillet 2002 – Sid Ahmed Ghozali, chef du gouvernement durant une des phases essentielles du déclenchement de la crise algérienne (18 juin 1991 – 19 juillet 1992), s’est mis à table. Jusque-là très fidèle au régime, il s’est mis à l’effeuiller dans un entretien accordé à El Khabar-Hebdo (n° 177 du 20 au 26 juillet 2002). Nouveau signe, s’il en est, de la dégradation des rapports au sommet du pouvoir.

De retour de Paris, où il a témoigné en faveur du général Khaled Nezzar dans son procès en diffamation contre l’ex-sous-lieutenant Habib Souaïdia, l’ancien chef du gouvernement reconnaît que l’État algérien a pris en charge tous les frais liés à ce procès. Il déplore cependant que l’État ne se soit pas impliqué politiquement dans le procès. Selon lui, cette affaire n’était pas celle de Khaled Nezzar mais celle de l’État  » qui aurait dû défendre l’institution militaire.  » Il s’en est pris au président Bouteflika.  » Dès son accession au pouvoir, il a commencé à intriguer et à œuvrer à déstabiliser l’armée « , affirme l’ancien chef du gouvernement. Nous savons, dit-il,  » qu’il n’est pas venu par de véritables élections, nous savons qui l’a désigné et l’a porté sur un tapis volant à son niveau de responsabilité, dans le cadre d’un contrat. Mais il a été le premier à œuvrer à la violation de ce contrat.  » M. Ghozali s’est abstenu d’identifier qui l’a désigné et d’aborder le contenu de ce  » contrat « , mais il a vivement souhaité que  » l’armée prenne le pouvoir directement, comme en Turquie… pour sortir du cercle du mensonge. « 

À contrario, l’ancien chef du gouvernement confirme que les décideurs militaires  » tirent les ficelles.  » C’est une  » poignée  » de personnes qui, au nom de l’armée, tient toute l’Algérie, affirme-t-il.  » Elle détient le pouvoir et se défait de la responsabilité sur les autres « , a-t-il précisé. Pour la première fois, il affirme que  » tous les partis, hormis le FFS, sont la création des décideurs.  » Prenant le relais de Mohamed Samraoui – ancien officier, témoin à décharge lors du procès Nezzar-Souaïdia – il souligne que  » même une partie du FIS relevait du pouvoir. « 

Des partis comme l’ANR ou le MDS  » participent à une théâtrale nationale « , estime l’ancien chef du gouvernement. Faisant allusion aux  » décideurs « , il a indiqué qu’ils ont donné  » au FLN la majorité aux législatives « , le 30 mai dernier. Dix ans après avoir quitté le gouvernement, Sid Ahmed Ghozali se démarque donc ouvertement des  » décideurs.  » Mais le peut-il vraiment, quand on sait qu’il a activement contribué avec eux à la préparation, au déroulement et à l’arrêt des législatives de décembre 1991 et qu’il était encore aux commandes du gouvernement lorsque Mohamed Boudiaf a été assassiné ?

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