«Non à ceux qui ôtent la vie à nos enfants !»

Marche des femmes à Béjaïa

«Non à ceux qui ôtent la vie à nos enfants !»

De notre bureau Mustapha Rachdiou; Jeune Indépendant, 5 juin 2001

Près de 40 000 femmes, 50 000 selon les organisatrices, sont descendues, hier, dans les rues de la ville des Hammadites pour dénoncer la répression et l’impunité. A 10 heures, la foule, composée de femmes venues de plusieurs localités et d’étudiantes universitaires, s’ébranle vers le siège de la wilaya. Les slogans brandis par les femmes sont «Tous pour le même combat», «Pouvoir assassin», «Etat de droit et non droit de l’Etat», «Tamazight langue nationale et officielle» ou encore «Nos enfants pour le flambeau, non pour le tombeau». Au cours de la marche, les cris de révolte alternaient avec les youyous qui fusaient de partout. Les femmes, gorges déployées, criaient : «Halte au code pénal», «Ulac smah ulac» et «A bas la répression». Au premier carré, de vieilles femmes portaient l’emblème national en signe de deuil et chantaient des berceuses révolutionnaires. En arrivant au rond-point de Sidi-Ahmed, les initiatrices de la marche dirigent la foule vers la caserne de la brigade de gendarmerie. Les femmes pointent du doigt : «Irhab aïnani, houa eddark el-watani». Les hommes applaudissent et reprennent en chœur les slogans. En face du siège de la wilaya, les femmes observent une minute de silence à la mémoire des victimes et chantent en chœur «Aghourou». Sur scène, Aoudj de l’association Rachda prend la parole : «Nous avons prouvé, aujourd’hui, que nous sommes capables de nous mobiliser. Nous sommes ici pour dire non à ceux qui ôtent la vie à nos enfants». Et d’ajouter : «Nous allons ériger une stèle à la mémoire des victimes, même si le P/APC de Béjaïa ne nous en donne pas l’autorisation. On va organiser des expositions dans les rues où la population verra des témoignages vivants sur les émeutes». Mme Bourouina, qui a perdu son fils durant ces événements, a du mal à exprimer sa consternation. Elle est soutenue par la foule : «On demande la justice.»

Une autre dame témoigne : «Mon fils a été atteint par deux balles. Il a été évacué en urgence à Alger. Il n’a été sauvé que par la grâce de Dieu.» Ensuite, une étudiante universitaire intervient pour lire une déclaration. Elle a exprimé la solidarité totale des étudiantes à ce mouvement de révolte. Elle a aussi fait état des dépassements des franchises universitaires par les agents de l’ordre. A l’issue du rassemblement, la foule s’est dispersée dans le calme. Enfin, tous les secteurs d’activité seront paralysés jeudi prochain par une grève générale et des marches simultanées dans plusieurs wilayas du pays. M. R.

 

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