Lettre de A. Hachani

AU NOM DE DIEU CLEMENT ET COMPATISSANT

Abdelkader Hachani
22, rue Gueddis Ammar, Bologhine
Grand Gouvernorat d’Alger Alger, le 18 rajab 1420
28 octobre 1999 ap. J. C

A monsieur le ministre de l’intérieur,

Paix et miséricorde d’Allah sur vous,

Le 13 octobre 1999 je reçus une convocation (n° 220/SGGA) pour me présenter le lendemain au siège de la Sûreté du Gouvernorat du Grand Alger.

Je me suis effectivement rendu à l’endroit indiqué, où je fus reçu par plusieurs officiers de police. Ils m’ont informé qu’ils voulaient « bavarder » avec moi, j’ai pensé de prime abord qu’il s’agissait d’une introduction pour une enquête préliminaire judiciaire, particulièrement lorsque la séance a débuté par l’enregistrement d’informations personnelles [identité].

Cependant, l’objet de la discussion durant plus de cinq (5) heures a tourné autour de la situation politique générale dans le pays, plus précisément sur ma position personnelle au sujet des derniers développements intervenus sur la scène nationale.

Les motifs et les causes qui ont conduits ces personnes à entreprendre une discussion de nature politique avec moi peuvent leur apparaître objectives, mais des institutions semblables ne peuvent selon mon opinion constituer un cadre de discussion politique, bien au contraire puisqu’en principe elles doivent en être éloignées.

J’ai d’ailleurs insisté sur ce point à la fin de la séance, et décidé de vous en informer, dans l’espoir que de semblables tentatives ne se reproduisent pas à l’avenir, alors surtout que mes interlocuteurs m’ont déclaré qu’il est possible que je sois convoqué de nouveau.

Je profite de cette occasion pour vous tenir au courant d’incidents qui ont précédé et accompagné cette convocation. Tout a commencé au mois de juillet 1998, lorsqu’une personne inconnue m’accosta dans mon quartier, sans rendez-vous préalable, prétendant s’appeler « Na’im », et qui serait envoyée par « Abou Faysal » qui désirerait me rencontrer, me donnant rendez-vous dans une mosquée de la capitale que je fréquente en général pour y effectuer la prière du vendredi.

Cet incident devait se dérouler sans conséquences s’il n’était entouré de curiosité et contradictions qui ont caractérisé la façon de faire de cette personne, tant avec moi même qu’avec les habitants du quartier comme il apparaîtra plus tard.

Après plus d’une année de cet incident, plus précisément au moment où je me trouvais dans les services de sûreté de la wilaya de la capitale à la suite de la convocation citée plus haut, l’un de mes fils a été surpris par la même personne (Na’im) qui lui a violemment pris la main, ensuite l’a questionné sur tous mes mouvements, pour l’informer enfin qu’il reviendra de nouveau au quartier le 16/10/99 à 14 heures pour me voir. Nous avons appris par la suite qu’il s’est comporté avec mépris et rudesse significatifs envers les enfants du quartier lorsque ces derniers refusèrent de lui communiquer des informations me concernant.

Cet autre incident devait, également, passer sans conséquences si ce n’est ma surprise de revoir cet individu (Na’im) le 18/10/99, vers 10 heures du matin, sortant du commissariat de police, de la daira [sous-préfecture] de Bab El Oued où se trouve mon domicile.

Je vous transmets ces données dans le but de mettre les choses au clair, afin d’éviter à tout un chacun les lieux de suspicion et de méfiance, peut-être que Dieu nous guidera vers le bien du pays et des gens.

Paix et miséricorde d’Allah sur vous.

Copies :
– Présidence de la république. signature : Abdelkader Hachani
– Comité de défense (avocats) Alger, le 18 rajab 1420 (28/10/99)

 

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