Le groupe des Quatre s’indigne du soutien US et européen

Le groupe des Quatre s’indigne du soutien US et européen

«La nouvelle assemblée n’a aucune légitimité»

 

Omar Sadki, Le Quotidien d’Oran, 13 juin 2002

Le groupe des quatre personnalités (Aït Ahmed, Ali Yahia Abdennour, Taleb Ibrahimi et Rachid Benyellès) est indigné par le soutien apporté par les puissances étrangères au processus électoral des législatives.

Ces personnalités, liées par une déclaration commune présentée comme initiative politique collective et rendue publique à la mi-avril, pensent à la troïka européenne et aux USA qui ont, tous deux, manifesté leur soutien au pouvoir algérien pour avoir organisé des élections législatives.

Dans une déclaration, datée d’hier, les quatre s’indignent de ce soutien apporté à «un processus frauduleux qui conforte la prédation politicoéconomique et qui ne peut, en aucun cas, contribuer à une sortie de crise et au retour à la paix». Critiquant sévèrement le scrutin du 30 mai, assimilé à un coup de force électoral et une mascarade, ils estiment que le régime vient de doter sa façade démocratique d’une nouvelle Assemblée Croupion, composée de partis «interchangeables».

A leurs yeux, cette assemblée, comme la précédente, n’a aucune légitimité et ne sera d’aucune utilité car le pays continuera à s’enfoncer dans la crise avec le risque supplémentaire que l’unité de la nation soit disloquée car «des forces centrifuges travaillent» dans cette perspective.

En revanche, les auteurs de la déclaration tirent satisfaction de la conduite de la population algérienne qui a exprimé, à travers la forte abstention, le rejet des élections, en tant qu’option qui vise à pérenniser le système. La faible participation des électeurs, même gonflée, reflète «la large désaffection des électeurs à l’égard du scrutin et du rejet sans ambiguïté du régime». Le président Bouteflika, tenu en principe par une obligation de neutralité au vu de sa fonction, s’est aussi attiré les foudres du groupe pour s’être ligué contre les partisans du boycott et pour avoir fait campagne en faveur de la participation.

Mais le rejet exprimé par le peuple est de dimension nationale puisque 54 % des électeurs ont déserté les bureaux de vote. Cette proportion est portée à 80 % chez les émigrés, tandis qu’« un zéro vote» a été enregistré en Kabylie. Le constat des Quatre ne s’arrête pas là. Ils signalent que le taux réel de participation ne dépasse pas les 20 %, selon des informations qu’ils ont recueillies auprès des fonctionnaires, même en ajoutant le vote des corps constitués et les voix des bureaux itinérants dont les chiffres exacts dépassent, selon eux, ceux communiqués officiellement. Le nombre de ces électeurs «spéciaux» serait d’1,5 million. La plupart des bulletins nuls – plus de 10 % de votants – comportent des inscriptions injurieuses contre le pouvoir, révèle-t-on encore.

La crainte des représailles administratives a fait que des électeurs, tout en se rendant dans les bureaux de vote, ont exprimé leur rejet à leur manière.

Les quatre personnalités ont également décoché des flèches à l’encontre du conseil constitutionnel, qualifié de chambre d’enregistrement, pour avoir validé les résultats, surtout en Kabylie. Ceci «est une preuve que cette institution de l’Etat n’a pas observé la règle essentielle qui lui interdit d’apporter son soutien au pouvoir, au détriment de la justice et de la vérité».