La rencontre Aït Ahmed-Mehri est confirmée

La rencontre Aït Ahmed-Mehri est confirmée
L’opposition réconciliatrice relance l’idée d’une conférence nationale sur la paix
La concorde civile se voit renforcée par les initiateurs du contrat de Rome rejoint par des personnalités indépendantes militant pour la réconciliation

Madani Seghir, La Tribune, 13 Juillet 1999

La tenue à Alger du 35e sommet de l’OUA ne semble apparemment pas reléguer au second plan de l’actualité l’activité politique nationale si l’on juge par les informations vérifiées et selon lesquelles, et du côté de l’opposition réconciliatrice, des contacts très poussés ont lieu afin, dit-on, de préparer la réalisation du projet relatif à la tenue d’une conférence nationale sur la paix à laquelle devraient prendre part, outre le groupe dit de Sant’Egidio, des personnalités indépendantes militant pour la réconciliation, le groupe dit des «Quatre» représentant l’actuelle double majorité parlementaire et gouvernementale et qui soutient sans réserve les efforts déployés par Bouteflika en vue de réinstaurer la concorde, des représentants du pouvoir (Bouteflika, selon certaines indiscrétions crédibles, pourrait même y participer), ainsi que des membres influents de l’ex-FIS.L’éventualité de la mise sur pied d’une telle réunion reste d’autant plus probable que des tractations sont actuellement menées tant en Algérie qu’à l’étranger, avec comme point d’orgue la réunion restreinte à Paris (confirmée d’ailleurs officiellement par des responsables du FFS contactés par nos soins dimanche) entre MM. Hocine Aït Ahmed et Abdelhamid Mehri dont le rôle joué pour la signature, le 13 janvier 1995, du contrat de Rome n’est plus à signaler.Sans entrer dans les détails concernant cette rencontre qualifiée d’«importante», les responsables approchés se bornent à expliquer que «les deux hommes ont, entre autres sujets abordés et directement liés aux nouveaux développements que connaît la scène politique nationale, eu à discuter des dernières mesures prises par Bouteflika à l’effet de mener à son terme le processus de paix». Sans démentir ni confirmer les spéculations donnant pour sûre la tenue d’une telle conférence qui tient particulièrement à cour les initiateurs du «contrat de Rome», qui n’en démordent par ailleurs pas d’associer les dirigeants emprisonnés du parti dissous, nos sources proches de la formation d’Aït Ahmed maintiennent le suspense autour d’un éventuel retour au pays au moment où sa présence «est plus que vivement souhaitée» alors que s’enclenche une dynamique en mesure de tracer les contours d’une prochaine sortie de crise. Dans la foulée, le retour à Alger de l’ancien président Ahmed Benbella, en sa qualité d’invité de marque de Bouteflika au sommet de l’Unité africaine, dont il est l’un des membres fondateurs, serait une opportunité de plus à mettre dans la balance des partisans d’une telle conférence. D’autant que Benbella serait, selon certaines sources dignes de foi, prêt à s’investir dans la nouvelle donne et s’apprêterait à donner, dans les prochaines heures sous forme de déclaration publique, sa bénédiction à la démarche de Bouteflika après que Abdelaziz Belkhadem, un autre membre du groupe, eut montré son entière disponibilité à ouvrer à sa réalisation.
Il va sans dire que l’appui d’un tel parterre de personnalités connues pour leur attachement «au retour à la paix en Algérie» est un argument supplémentaire pour Bouteflika d’oser un peu plus même si, et selon une personnalité de la présidence de la République, «une telle idée l’indispose du fait notamment que les données ont changé depuis la rencontre de Sant’Egido».Cela étant, tout reste possible sur la voie de la réconciliation. Pour étayer leurs thèses, certains analystes voient en le comportement du groupe parlementaire du FFS lors du vote du projet de loi sur «la concorde civile» comme un signe qui ne trompe pas. Une manière de ne pas gêner Bouteflika sur un volet où, justement, ils se rejoignent globalement.

 

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