Algérie: dissolution de l’Armée Islamique du Salut

Dissolution de l’Armée Islamique du Salut

ALGER (AFP) – Mer 05 Jan 00 – 19h06 heure de Paris – L’Armée Islamique du Salut (IAS), bras armé du Front Islamique du Salut (FIS, dissous), est dissoute après un accord conclu mardi entre les dirigeants de cette organisation et une délégation de l’armée algérienne, a-t-on appris de bonnes source mercredi à Alger.

L’AIS était en trêve depuis le 1er octobre 1997 à la suite d’un premier accord conclu le 11 juillet de la même année avec le commandement de l’armée régulière algérienne.

L’accord, tenu secret, avait été négocié sans la direction politique du FIS.

Mardi, une délégation de l’armée conduite par le général Cherif Fodil a rencontré les dirigeants de l’AIS dans la région de Jijel (est), l’un des fiefs de cette organisation, a-t-on indiqué de même source.

Cette rencontre a permis d’aboutir à un accord sur la dissolution de l’AIS avec « effet immédiat », a-t-on précisé.

Depuis juin 1999, l’AIS avait décidé de se mettre sous l’autorité de l’Etat algérien.

Dans la foulée, la loi sur la concorde civile amnistiant totalement ou partiellement les islamistes armés non coupables de crimes de sang ou de viols, ou qui n’ont pas déposé de bombes dans des lieux publics, avait été votée et promulguée le 13 juillet. Cette loi est applicable six mois, jusqu’au 13 janvier.

Les combattants de l’AIS, dont le nombre varie entre 800 et 3.000, selon les sources, devraient être amnistiés.

Une partie d’entre eux devrait rester dans les maquis sous la conduite des forces de sécurité pour combattre les autres groupes armés islamistes qui refusent la politique de réconciliation nationale du président Abdelaziz Bouteflika.

Quelques difficultés étaient apparues ces derniers temps entre les dirigeants de cette organisation et l’armée sur les modalités de reddition de ses combattants.

Lundi la direction du FIS à l’étranger avait anoncé le gel du processus de sa dissolution entamé mi-décembre et mis ses combattants en « état de mobilisation ».

L’AIS avait pris cette décision en réaction à la « volte-face » des pouvoirs publics qui avaient privé les 200 combattants ayant quitté le maquis le 15 décembre de leurs « droits civiques », avait affirmé le FIS dans un communiqué reçu à l’AFP. Le FIS accusait les autorités algériennes de « se dérober aux clauses de l’accord » conclu entre l’AIS et le commandement de l’armée régulière.

L’AIS a été créée en 1993 lorsque des divergences étaient apparues dans les maquis islamistes sur la manière de mener le Djihad (guerre sainte).

Ses fondateurs, anciens responsables locaux du FIS, ont voulu alors se démarquer des jeunes despérados qui ont fondé le Groupe armé islamique (GIA). Les deux organisations se sont d’ailleurs livré des combats faisant des dizaines de morts.

L’AIS, qui affirme que ses actions étaient dirigées contre les forces de sécurité et les représentants du pouvoir, considère le GIA comme une « secte déviationniste » qui a altéré le sens du djihad par le massacre de populations civiles.

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L’AIS accepte de s’autodissoudre, annonce la radio algérienne

Par Abdelmalek Touati

ALGER, 5 janvier – L’Armée islamique du Salut (AIS) s’autodissoudra aux termes d’un accord conclu mercredi avec l’armée, a annoncé la radio algérienne.

« Un émissaire de l’armée nationale et de la soi-disant Armée islamique du Salut sont parvenus à un accord sur la dissolution du mouvement et le retour de ses membres dans leur famille dès les vacances de l’Aïd », a ajouté la radio.

La fête de l’Aïd al-Fitr se déroule le week-end prochain.

Les deux parties sont aussi convenues de mesures techniques et matérielles, a encore dit la radio, sans autre précision.

Les responsables du Front islamique du Salut (FIS, interdit) en Algérie et à l’étranger n’ont pour l’instant pas réagi à l’annonce de cet accord, qui intervient au terme de deux jours de discussions secrètes à Jijel, à 350 km à l’est d’Alger, où sont basés les dirigeants de l’AIS.

A quelques jours de l’expiration, le 13 janvier, d’une amnistie offerte par le président Abdelaziz Bouteflika, le FIS a annoncé lundi qu’il avait ordonné à sa branche armée la suspension d’un accord de démobilisation parce que les autorités n’en ont, selon lui, pas respecté les termes.

Un haut responsable de la sécurité a précisé mercredi que la délégation gouvernementale aux discussions de Jijel était conduite par le général Smaïn Lamari, directeur adjoint des renseignements militaires.

Aux termes d’un accord conclu en juin, l’AIS s’est engagée à renoncer définitivement à son combat contre le gouvernement et à retourner ses armes contre les factions radicales qui poursuivraient les violences.

Elle a aussi promis la démobilisation de quelque 600 combattants en échange d’une amnistie complète et du rétablissement intégral de leurs droits civiques.

« Attitude humiliante »

Un premier groupe de 200 membres s’est démobilisé il y a une quinzaine de jours mais un dirigeant du FIS, a déclaré à Reuters qu’ils avaient été privés de leurs droits civiques et traités « de manière agressive ».

Deux autres groupes de 200 combattants doivent se rendre avant l’expiration de l’amnistie, le 13 janvier.

« Les combattants ont été confrontés à une attitude humiliante tant de la part de la population que des autorités », a déclaré mercredi à Reuters un dirigeant du FIS.

« L’accord incluait une amnistie totale, une indemnisation financière pour les familles des combattants et un retour à leurs emplois initiaux dans l’administration ou les entreprises nationales, mais ces clauses n’ont pas été respectées », a-t-il dit.

Un responsable de la sécurité a expliqué que l’AIS demandait aussi des armes pour se joindre au gouvernement dans la lutte contre le Groupe islamique armé (GIA) et le Da’wa wal Djihad (Appel et combat), deux groupes radicaux qui ont rejeté le plan de paix, considéré comme une trahison de leur cause.

Un communiqué du FIS, principal groupe d’opposition en Algérie jusqu’à son interdiction en 1992, affirmait en début de semaine que ses combattants avaient été placés en état d’alerte en raison de ce qu’il qualifiait d’impasse dans les efforts de rétablissement de la paix, et il exhortait Bouteflika à empêcher certains généraux de torpiller le processus de paix.

« Les forces du mal au sein de la direction algérienne ont voulu torpiller ce processus pour ramener le pays dans le conflit afin de servir leurs intérêts qui ne peuvent prospérer que dans un environnement corrompu », disait le communiqué.

Mais Rabah Kebir, chef du comité exécutif du FIS à l’étranger, a assuré mardi que l’AIS continuerait de respecter la trêve qu’elle observe depuis deux ans.

Bouteflika a promis d’engager une campagne de répression contre les rebelles s’ils ne se rendent pas d’ici le 13 janvier.

Le gouvernement affirme que plus de 1.500 rebelles se sont rendus dans le cadre de la loi d’amnistie – loi sur la concorde civique – entrée en vigueur le 13 juillet.

Mais depuis lors, les factions les plus radicales de la rébellion ont intensifié leurs attaques, tuant des centaines de civils. /NCD

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mercredi 5 janvier 2000, 21h41

Le Front Islamique du Salut perd sa « carte militaire »

ALGER, 5 jan (AFP) – L’Armée Islamique du Salut (AIS) a repris définitivement mercredi le processus de sa dissolution après un gel de plusieurs jours, privant ainsi le Front Islamique du Salut (FIS, dissous), dont elle est le bras armé, de sa « carte militaire ».

Les redditions de l’AIS, dont une première vague de près de 250 maquisards ont regagné leurs familles à la mi-décembre, devaient reprendre dès mercredi pour se terminer le jour de l’Aid, fête marquant la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, vendredi ou samedi, a confirmé la radio d’Etat.

Lundi, la direction du FIS à l’étranger avait indiqué que l’AIS avait gelé le processus de sa dissolution et mis ses combattants en « état de mobilisation ». Et ceci en réaction à la « volte-face » des pouvoirs publics qui avaient privé les combattants ayant quitté le maquis de leurs « droits civiques ».

Moins de 24 heures après cette annonce, une délégation de l’Armée Nationale Populaire (ANP, régulière) conduite par le général Cherif Fodil a rencontré mardi les dirigeants de l’AIS dans la région de Jijel (est), où se trouve le « quartier général » de cette organisation dirigée par Madani Mezrag.

Cette rencontre a permis de relancer la dissolution de l’AIS, qui selon la radio a buté sur des « problèmes techniques ». De bonnes sources, on a indiqué que des problèmes ont surgi au sein de l’AIS, les combattants de base ayant réclamé les mêmes garanties que celles accordées aux dirigeants de l’organisation.

Avec cette dissolution, le FIS, dont la dissolution en avril 1992 avait donné le coup d’envoi de la rébellion islamiste, est désormais dépossédé de son argument militaire et voit son rôle amoindri dans la recherche d’une solution à la crise algérienne qui a fait plus de 100.000 morts et 1 million de victimes en 7 ans de violence.

Une faction du FIS à l’étranger représentée par Ahmed Zaoui, réfugié au Burkina Faso, a récemment exhorté l’AIS à ne pas rejoindre l’Armée nationale populaire (ANP) pour combattre les « ultras », conformément à l’accord négocié entre les deux parties à l’insu de la direction politique du FIS.

L’AIS a été créée en 1993 lorsque des divergences étaient apparues dans les maquis islamistes sur la manière de mener le Djihad (guerre sainte).

Ses fondateurs, anciens responsables locaux du FIS, ont voulu alors se démarquer des jeunes despérados qui ont fondé le Groupe armé islamique (GIA). Les deux organisations se sont d’ailleurs livré des combats faisant des dizaines de morts.

L’AIS, qui affirme que ses actions étaient dirigées contre les forces de sécurité et les représentants du pouvoir, considère le GIA comme une « secte déviationniste » qui a altéré le sens du djihad par le massacre de populations civiles.

Le FIS n’a aucune autorité politique sur le Groupe Islamique Armé (GIA) d’Antar Zouabri et sur le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) d’Hassan Hattab à l’égard duquel il a marqué sa défiance après les massacres de civils qui ont choqué l’opinion internationale.

Ces deux groupes seront « impitoyablement » combattus après le 13 janvier, a prévenu le président Abdelaziz Bouteflika qui a fait adopter une loi sur la concorde civile massivement approuvée par référendum le 16 septembre dernier.

Cette loi, dont les effets expirent le 13 janvier, offre aux islamistes armés la possibilité de se rendre avec bénéfice de l’amnistie lorsqu’ils ne sont pas impliqués dans des crimes de sang, des viols ou n’ont pas déposé des bombes dans les lieux publics. Pour les autres, elle prévoit des réductions de peines succeptibles d’être confortées par le pouvoir de grâce du chef de l’Etat.

Depuis, la promulgation de cette loi le 13 juillet, quelque 1.200 éléments du GIA et du GSPC se sont livrés aux autorités.

Aucune indication plausible n’est disponible sur leurs effectifs rééls.

 

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