Hocine Aït-Ahmed souhaite un grand débat sur la torture en France et en Algérie

Hocine Aït-Ahmed souhaite un grand débat sur la torture en France et en Algérie

samedi 25 novembre 2000

GRENOBLE (AP) — Le président du Front des forces socialistes (FFS) algérien et ancien dirigeant du Front de libération nationale (FLN) Hocine Aït-Ahmed a salué samedi la volonté de la France de faire la lumière sur les actes de torture commis pendant la guerre d’Algérie, tout en déplorant que cette reconnaissance survienne 40 ans après les faits.

M. Aït-Ahmed, invité au congrès du PS en tant que membre de l’Internationale socialiste, a appelé de ses voeux un  »grand débat » en France mais aussi en Algérie sur les exactions perpétrées entre 1954 et 1962.  »Nous avons aussi intérêt à nous mettre en conformité avec notre conscience », a-t-il dit.

 »C’est une bonne chose de commencer à faire la lumière, de reconnaître cette horreur, de commencer à remplir ses devoirs de conscience, de mémoire », a expliqué le président du FFS, interrogé par l’Associated Press.

 »Je souhaite que ce ne soit que le début d’un grand débat qui doit se dérouler en France, entre Français, et qui doit englober aussi l’Algérie », a poursuivi M. Aït-Ahmed.  »Des témoignages doivent être recueillis par des commissions et par des historiens pas seulement sur les exactions françaises, mais aussi sur les exactions des éléments du FLN (Front de libération nationale) et de l’ALN (Armée de libération nationale) pendant cette guerre. »

 »Si on ne le fait pas de cette manière, le résultat sera que le gouvernement français continuera de soutenir le régime algérien », a expliqué le président du FFS, qui fait partie de l’opposition au président Abdelaziz Bouteflika. Il a redouté que le gouvernement français  »continue à pratiquer une politique de silence, de complaisance voire de complicité avec les violences qui sont en train de se poursuivre en Algérie ».

S’il a salué l’émergence d’un débat sur la torture en France, Hocine Aït-Ahmed a déploré  »l’inaptitude » des autorités françaises à  »tirer les leçons de l’histoire ».

 »Il est évident qu’on ne peut pas mettre en balance des actes commis par une vraie invasion et des actes de résistance », a-t-il expliqué.  »Il ne faut pas oublier que la guerre de libération a été imposée aux Algériens faute pour les Français d’avoir pu ouvrir un processus progressif et pacifique qui aurait conduit notre pays à recouvrer sa souveraineté. »

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