L’accord Gazprom-Sonatrach tombe à l’eau

COOPÉRATION ALGÉRO-RUSSE

L’accord Gazprom-Sonatrach tombe à l’eau

L’Expression, 23 Avril 2008

Les pressions de Bruxelles sont-elles à l’origine de l’avortement de ce protocole qui a semé la panique dans les pays européens?

Le fameux protocole d’accord signé entre Sonatrach et le groupe russe Gazprom, en août 2006, n’a pas été fructifié.
«L’accord a expiré au mois d’août 2007 et n’a débouché sur aucun projet concret», a affirmé lundi le président-directeur général de la Sonatrach, M.Mohamed Meziane, à partir de Rome. «Nous étions intéressés par l’amont (l’exploration) en Russie et eux par la même chose. Nous étions aussi intéressés par un projet de gaz naturel liquéfié (GNL) au nord de la Russie, qui n’a pas été réalisé», a-t-il précisé à l’AFP, en marge du Forum international de l’énergie, qui se tient dans la capitale italienne.
Les pressions de Bruxelles sont-elles à l’origine de l’avortement de ce protocole qui a semé la panique dans les pays européens? La convergence entre Sonatrach et Gazprom a été vite interprétée comme une première démarche vers la création d’un cartel du gaz sur le modèle de l’Organisations des pays exportateurs de pétrole. Un état de fait qui a poussé Romano Prodi, alors Premier ministre italien, à appeler Bruxelles à intervenir pour empêcher la création d’un cartel qui pourrait menacer la sécurité énergétique de l’Europe. De son côté, un porte-parole de la Commission européenne avait déclaré sur le vif que les commissaires se pencheront sur «les implications possibles de cet accord». Une véritable alerte fut déclenchée dans les pays de l’UE qui voyaient leur économie être à la merci des Russes. Les craintes des Européens ont été justifiées par le fait que l’accord prévoyait une coopération tous azimuts entre deux des principaux fournisseurs de gaz européens.
Gazprom avec 125 milliards de mètres cubes et Sonatrach avec 61 milliards de mètres cubes, les deux compagnies couvrent 36% des besoins de l’Union européenne en matière de gaz. L’accord était perçu plus dangereux encore en raison de la multiplicité des domaines dans lesquels les deux géants ont convenu de coopérer. Il s’agit, en particulier, de l’exploration, l’extraction, le transport d’hydrocarbures, le développement d’infrastructures gazières, le traitement et la vente de gaz en Russie, en Algérie et dans des pays tiers. Voulant, peut-être, éviter toute «fausse» interprétation de ses déclarations, Mohamed Meziane soulignera que Russes et Algériens continuaient à collaborer indépendamment de cet accord, désormais périmé.
«Les sociétés russes participent aux appels d’offres que nous lançons sur le projet de gazoduc Transalia qui relie le Nigeria à l’Algérie pour l’approvisionnement européen», a-t-il affirmé. Certains observateurs estiment que le renoncement à cet accord de coopération stratégique entre les deux groupes, pourrait avoir un lien direct ave la froideur caractérisant, depuis quelques mois, les relations algéro-russes. L’affaire des Mig 29, semble-t-il, a sérieusement «infecté» le rapprochement «classique» entre les deux pays.

Farouk DJOUADI