Rachid Beladhane à la 75e session du conseil exécutif du HCR : «L’Algérie s’apprête à adopter une loi sur l’asile»
Nabila Amir, El Watan, 17 octobre 2024
L’Algérie, qui a toujours soutenu la cause des réfugiés, a pris trois engagements à l’occasion de ce 2e forum, touchant à des secteurs prioritaires, tels que l’éducation et la santé, ainsi que la défense de cette cause au Conseil de sécurité et en dernier l’adoption d’une loi sur l’asile, rappelle le représentant permanent de l’Algérie.
L’Algérie s’apprête a adopté une loi sur l’asile. Un document qui prévoit la mise en place d’un organe autonome dédié à la prise en charge de la question des réfugiés. Ce projet est aujourd’hui à un stade très avancé. C’est ce qu’a déclaré hier Rachid Beladhane, ambassadeur représentant permanent de l’Algérie auprès de l’Office des Nations unies à Genève à la 75e session du Conseil exécutif du HCR. Dans un discours prononcé à cet effet, M. Beladhane a rappelé les engagements de l’Algérie consistant à apporter l’assistance nécessaire aux réfugiés présents sur le territoire national. C’est le cas, précise-t-il, pour les réfugiés sahraouis, contraints de fuir leur terre en 1975, qui vivent dans les camps près de Tindouf. En plus de l’aide apportée par les agences humanitaires, le HCR en tête, l’Algérie, dit-il, accorde à ces déplacés, entre autres, les services de santé et d’éducation.
Aussi, le représentant algérien explique que cette situation prolongée ne doit, en aucune manière, être reléguée au second plan. «Il est de notre devoir à tous d’assurer à ces réfugiés la protection nécessaire en rejetant toute sorte de pressions allant dans le sens de la politisation d’un travail humanitaire par essence.»
C’est dans ce sillage que M. Beladhane a eu cette réplique à l’adresse de la délégation marocaine, qui a voulu politiser le dossier sahraoui : «Ma délégation estime que notre réunion n’est pas le bon endroit d’évoquer l’aspect politique du Sahara occidental, qui relève de la 4e Commission de l’ONU sur la décolonisation. Il est paradoxal que le même pays qui est la source de la souffrance des réfugiés sahraouis appelle l’Algérie à respecter ses engagements internationaux, sachant qu’il n’a aucune légitimité de parler de ces populations, du moment qu’il n’est ni le pays d’accueil de celles-ci, ni encore moins un pays donateur.»
Pour le diplomate, l’Algérie continue à accomplir son devoir humanitaire vis-à-vis de ces réfugiés, et ce, en encourageant «les agences humanitaires et les donateurs» à apporter leur contribution à la mise en œuvre du «Plan de soutien aux 173 600 réfugiés sahraouis dans le besoin», conformément au document élaboré en 2023 par les agences onusiennes, dont le HCR, et de nombreuses organisations activant sur le terrain.
Un soutien de la cause des réfugiés
«Mon pays saisit cette occasion pour leur réitérer son soutien et les encourager à maintenir leur élan de solidarité et de soutien à ces réfugiés», se réjouit l’ambassadeur algérien. Il a rappelé les résultats des travaux du 2e Forum mondial sur les réfugiés, tenu en décembre de l’année 2023 et qui a donné lieu, selon lui, à un «enthousiasme inégalé» parmi les participants.
Ces derniers se sont engagées à redoubler d’efforts en vue d’assurer une meilleure protection aux personnes contraintes au déplacement, à travers une série d’engagements encourageants. «Tout en se réjouissant de cet engouement, mon pays estime qu’il est important de concrétiser ces promesses en vue d’alléger les souffrances des réfugiés et l’importante charge qui pèse sur les pays d’accueil», affirme M. Beladhane, qui a réitéré «l’importance des solutions durables au phénomène des déplacements», dont le retour librement consenti qui ne peut se faire sans «une réponse adéquate aux raisons profondes ayant contraint les gens à fuir».
L’Algérie, qui a toujours soutenu la cause des réfugiés, a pris, précise-t-il, trois engagements, à l’occasion de ce 2e forum, touchant à des secteurs prioritaires, tels que l’éducation et la santé, ainsi que la défense de cette cause au Conseil de sécurité et en dernier l’adoption d’une loi sur l’asile.
Le représentant algérien n’omettra pas de rappeler que l’Afrique demeure le continent qui souffre le plus de ce phénomène. «Les pays africains, qui accueillent des réfugiés et des déplacés, se voient obligés de fournir davantage d’efforts pour assurer la protection de ces populations malgré leurs (faibles) ressources, d’où le devoir de la communauté internationale de leur apporter l’aide nécessaire dans le cadre du partage équitable des charges et des responsabilités.» M. Beladhane ne pouvait conclure son intervention sans évoquer ce qui se passe en Palestine. Bien que ne faisant pas partie du mandat du HCR, les conséquences humanitaires désastreuses engendrées par l’agression de la force d’occupation dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie sont, dénonce M. Beladhane, une source de préoccupation majeure pour l’Algérie.
Il condamne en des termes non équivoques les massacres perpétrés contre les civils et les travailleurs humanitaires et appelle la communauté internationale à user de tout son pouvoir pour obliger le colonisateur à rendre des comptes. «Ce même agresseur poursuit, malheureusement, dans un total mépris des principes fondamentaux du droit international et du droit international humanitaire, ses exactions et ses violations, en envahissant le territoire d’un pays souverain, en l’occurrence le Liban.» Tout en condamnant ces dépassements, l’Algérie encourage, dit-il, le HCR à continuer à jouer son rôle d’assistance humanitaire aux milliers de personnes déplacées par les attaques de l’agresseur.