Après ses attaques délibérées contre la force onusienne : Israël exige «le retrait immédiat» des casques bleus

Salima Tlemçani, El Watan, 14 octobre 2024

En réponse à la déclaration de soutien à la Force intérimaire des Nations unies (Finul) déployée au Sud-Liban, signée par 40 pays, dont 34 contributeurs, et dans laquelle ils appellent à la protection des Casques bleus, parmi lesquels cinq ont été blessés en moins de 48 heures par des tirs sionistes, le Premier ministre israélien a exigé «le retrait immédiat» de cette force, tout en s’attaquant au secrétaire général de l’Onu et aux pays qui ont mis en garde contre le comportement de son armée.

Alors que la population palestinienne du nord de Ghaza est prise sous un déluge de bombes, de jour comme de nuit, la situation à la frontière sud du Liban connaît une escalade extrêmement dangereuse, avec des combats violents entre les combattants du Hezbollah et les troupes israéliennes, qui tentent depuis plus de deux semaines de faire des percées, au prix de nombreuses pertes, sans y parvenir.

Hier, le Premier ministre de l’Etat hébreu, Benyamin Netanyahu, est allé très loin en défiant la communauté internationale qui l’a mis en garde contre les attaques ciblant les membres de la Finul, déployée tout le long de la frontière sud du Liban et qui avait été la cible de tirs et de bombardements israéliens, causant des blessures à cinq de ses éléments, en moins de 48 heures, près de sa base principale à Naqouba.

Des attaques qui ont eu lieu après la destruction, par un bulldozer israélien, des barrières sur des positions de l’Onu près de la Ligne bleue, qui délimite la frontière libano-israélienne, alors que des chars faisaient leur avancée dans la zone. Dans une vidéo diffusée hier matin,
Netanyahu a commencé par s’exprimer en hébreu : «D’ici, je veux m’adresser directement au secrétaire général de l’ONU. Il est temps pour vous de retirer la Finul des bastions du Hezbollah et des zones de combat.» S’exprimant cette fois-ci en anglais, il lance : «Monsieur le secrétaire général, mettez les forces de la Finul hors de danger.

Cela doit être fait immédiatement. L’armée a demandé cela à plusieurs reprises et s’est heurtée à des refus répétés (…).Votre refus d’évacuer les soldats de la Finul en fait des otages du Hezbollah. Cela met en danger à la fois leur vie et celle de nos soldats.» Après avoir exprimé ses «regrets» pour les blessures causées aux Casques bleus, et promis
que «nous ferons en sorte que cela ne se répète pas», Netanyahu affirme que «le moyen le plus simple et le plus évident d’y parvenir est tout simplement de les faire sortir de la zone dangereuse». Aux pays qui ont critiqué les attaques israéliennes contre les soldats de la Finul, le Premier ministre répond : «Malheureusement, certains dirigeants européens exercent une pression au mauvais endroit (…). Au lieu de critiquer Israël, ils devraient adresser leurs critiques au Hezbollah, qui utilise la Finul comme bouclier humain.»

Les accusations de Netanyahu démenties

Déclaration qui ne colle pas avec le témoignage à une chaîne de télévision (RTE) du lieutenant général Sean Clancy, chef d’état-major des forces de défense irlandaises, comptant plus de 300 membres au sein de la Finul, sur un total de 10 000 soldats, sur les circonstances de l’attaque israélienne visant le mirador. «Une tour d’observation sur
laquelle un obus de char est directement dirigé, ce qui est une très petite cible, doit être très délibéré, et c’est un tir direct.

Donc, d’un point de vue militaire, ce n’est pas un acte accidentel. C’est un acte direct.» En réaction à ces attaques, 40 pays, parmi lesquels 34 contributeurs de la Finul, ont rendu public, samedi dernier, un appel dans lequel ils pressent «toutes les parties au conflit à
respecter la présence de la Finul, ce qui implique de garantir la sécurité et la sûreté de tous ses employés, tout le temps», ont-ils écrit dans une lettre diffusée sur le compte X de la mission de la Pologne aux Nations unies, mettant l’Etat hébreu dans une position défensive, après avoir été accusé de viser de manière répétée et délibérée les positions des Casques bleus.

Quelque temps après la déclaration de Netanyahu, c’est son ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, qui lui emboîte le pas, en réaffirmant, sur son compte X, que son pays considère toujours le chef de l’Onu, Antonio Guterres, comme «persona non grata», «interdit d’entrer en Israël» pour «n’avoir pas condamné» l’attaque de missiles iraniens contre Israël, et sa conduite «antisémite et anti-israélienne», ajoutant : «Un sondage a révélé que 87% de l’opinion publique israélienne soutient cette décision. Guterres peut continuer à chercher le soutien des Etats membres de l’ONU, mais la décision ne changera pas.»

Deux chars israéliens sont «entrés de force» dans une des positions
de la Finul

Les Casques bleus déployés dans le sud du Liban ont annoncé que deux chars israéliens étaient «entrés de force» hier dans une de leurs positions à la frontière, où Israël et le Hezbollah sont désormais en guerre ouverte. «Vers 4h30, alors que des Casques bleus se trouvaient dans des abris, deux chars Merkava de l’armée israélienne ont détruit le portail principal et sont entrés de force dans la position», y restant «environ 45 minutes», indique la Force intérimaire des Nations unies déployée dans le sud du Liban (Finul). Deux heures plus tard, ajoute-t-elle, «des tirs ont provoqué une fumée» qui a déclenché «des irritations cutanées et des réactions gastro-intestinales chez 15 Casques bleus qui reçoivent des soins».