Réunion de l’AG de l’ONU sur la colonisation : Israël et ses alliés opposés à la résolution palestinienne

Salima Tlemçani, El Watan, 19 septembre 2024

Alors que le vote de l’Assemblée générale de l’ONU s’acheminait, hier en fin de journée, vers un oui massif, pour la résolution palestinienne exigeant la fin de la colonisation d’Israël, dans un délai d’un an, quelque 90 intervenants se sont succédé durant la journée de mardi dernier jusqu’à une heure tardive, pour s’exprimer, lors de cette session extraordinaire d’urgence, tenue à la demande du Groupe des Etats arabes, de l’Organisation de la conférence islamique et du Mouvement des pays non alignés.

Des débats qui ont permis de constater qu’à l’exception des Etats-Unis et de quelques pays alliés d’Israël, la majorité des Etats membres de l’ONU a défendu le principe du respect du droit international et du droit humanitaire, rendant prévisible un vote majoritaire de la résolution qui insiste particulièrement sur le respect du droit international. C’est d’ailleurs dans ce sens que le président de cette session extraordinaire d’urgence de l’Assemblée générale de l’ONU, Philémon Yang, a déclaré, à l’ouverture des travaux, «qu’il incombe à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité de mettre fin à la présence illégale d’Israël dans le territoire palestinien occupé (…) L’Etat de droit et la justice doivent être respectés».

Pour lui, «sans justice et sans Etat de droit, les Israéliens et les Palestiniens n’atteindront pas ce à quoi, ils aspirent le plus, la paix et la sécurité». Le premier à prendre la parole est l’observateur permanent de l’Etat de Palestine, Riyad Mansour, qui a défendu son projet de résolution et plaidé, comme son prédécesseur, pour le respect du droit international en lançant des messages poignants pour interpeller la conscience de ceux qui continuent à défendre les politiques de colonisation, d’asservissement et d’apartheid. «Je me tiens sur cette tribune pour vous dire que la justice est le seul chemin vers la paix. Je demande à tous de respecter le droit international et de ne pas le sacrifier sur l’autel de calculs politiques froids et irresponsables.

Nous ne sommes pas un peuple de trop. Nous ne sommes pas un problème. Nous voulons vivre dans la liberté, la souveraineté, la dignité, la paix et la sécurité sur notre terre ancestrale», a-t-il déclaré avant de conclure : «Ce qui se passe aujourd’hui à Ghaza pourrait bien être le dernier chapitre de la tragédie endurée par le peuple palestinien, ou bien le premier chapitre d’une réalité encore plus tragique pour notre région.»

Dans sa réponse à cette intervention fortement ovationnée, le représentant d’Israël a préféré le discours de victimisation mais aussi d’insultes. Pour lui, le projet de résolution mettant fin à la colonisation par son pays des Territoires palestiniens «n’est rien de moins que du terrorisme diplomatique» avant d’avertir : «L’époque où le sang juif pouvait couler en toute impunité est révolue (…) Chaque vote pour ce cirque ne contribuera qu’à alimenter la violence. Comment pouvez-vous adopter une résolution unilatérale sans réfléchir à ce qu’a enduré le peuple israélien le 7 octobre dernier ?»

155 résolutions de l’AG de l’ONU contre Israël

Poursuivant son exposé, le représentant israélien a estimé que le projet de résolution «conduirait à la distorsion de l’avis de la CIJ, remplacerait la réalité par la fiction et manipulerait les faits(…) Aucun autre pays ne fait l’objet de telles atteintes incessantes et obsessionnelles (…) au cours de ces 10 dernières années, 155 résolutions de l’Assemblée générale ont condamné Israël contre 88 pour tous les autres pays combinés. La seule démocratie du Moyen-Orient a été condamnée deux fois plus que le reste d’un monde rempli de dictateurs». L’intervention contraste totalement avec celles qui l’ont suivie.

En effet, de nombreux représentants des Etats parties ont insisté sur la nécessité «du respect du droit international, de la Charte des Nations unies et des résolutions des organes ONUsiens, ainsi que des ordonnances de la CIJ. Il y va du multilatéralisme et de l’ordre mondial fondé sur le droit», ont-ils déclaré. Cependant, les représentants des USA se sont montrés divergents par rapport à cette majorité solidaire avec la Palestine, et préféré défendre Israël, au sein de l’Assemblée générale, comme ils le font au Conseil de sécurité.

«Cette résolution ne mettra pas un terme au conflit, ne ramènera par les otages, ne facilitera pas l’acheminement de l’aide humanitaire à Ghaza et n’aidera pas l’Autorité palestinienne à réunifier la Cisjordanie et la bande de Ghaza» avertit l’ambassadrice des Etats-Unis, avant d’appeler les Etats membres de l’Assemblée générale à voter contre le projet de résolution qui, selon elle, «ne contient pas d’appel à la réforme de l’Autorité palestinienne et n’ordonne pas au Hamas, qui continue à utiliser des boucliers humains, à mettre en œuvre la résolution 2735 (2024) du Conseil de sécurité».

La diplomate ne s’est pas gênée de parler à la place des Palestiniens, en déclarant que «le geste symbolique recherché par la Palestine ne permettra pas d’alléger les souffrances des civils à Ghaza» avant d’avertir que le «règlement de ce conflit ne pourra se faire que par le truchement de négociations entre les deux parties, et en faisant fond sur la notion de la terre contre la paix».