Algérie – France : Tebboune intransigeant sur le dossier de la mémoire
Ali Idir, TSA, 07 Mai 2024
C’est un message très fort qu’a adressé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à l’occasion de la commémoration des massacres du 8 mai 1945. Le chef de l’État s’est exprimé à l’occasion sur le dossier de la mémoire entre l’Algérie et la France, qu’il a qualifié d’ « imprescriptible ».
Les massacres de Guelma, Sétif, Kherrata, Ain Témouchent et d’autres villes algériennes, il y a 79 ans, ont été commis par le colonialisme avec un « degré extrême de haine et de barbarie », indique le chef de l’État.
À travers ce soulèvement historique, poursuit-il, le peuple algérien a réalisé une séquence épique et héroïque qui a surpris et rendu fou le colonialisme, l’amenant à « commettre des crimes de génocide et des crimes contre l’humanité ».
L’Algérie a fait de cette date-là une « journée nationale de la mémoire » afin d’exprimer sa fierté des étapes du parcours national jalonné de luttes, génération après génération, a ajouté le président Tebboune.
L’intérêt que porte l’État à la question de la mémoire se fonde sur la responsabilité nationale de sauvegarder l’héritage des générations et émane de la fierté de la nation de son passé honorable, selon le président Tebboune.
Il émane aussi, explique-t-il, de « l’énormité des sacrifices du peuple algérien dans l’histoire ancienne et contemporaine » afin d’annihiler « les tentatives des haineux qui se transmettent les intentions d’attenter à son unité et sa force », et dont les descendants « pataugent à ce jour dans la boue des attaques contre notre pays », a ajouté le chef de l’État dans son message.
Algérie – France : Tebboune s’exprime sur le dossier de la mémoire
Pour le président de la République, « le dossier de la mémoire ne se corrode pas par la prescription ou l’oubli à cause des années qui passent » et n’accepte ni la « compromission » ni le « marchandage ».
« Il sera au cœur de nos préoccupations jusqu’à ce qu’il fasse l’objet d’un traitement objectif, audacieux et équitable envers la vérité historique », a assuré Abdelmadjid Tebboune.
Tout en réaffirmant sa disposition à se tourner vers l’avenir dans la confiance, le président Tebboune a indiqué que « la crédibilité et le sérieux constituent une condition fondamentale pour parachever les mesures et les efforts dans ce dossier sensible et tout ce qu’il représente pour le peuple algérien ».
La mémoire est l’un des dossiers les plus sensibles de la relation entre l’Algérie et la France. Lors de visite en Algérie en août 2022, le président Emmanuel Macron a convenu avec son homologue algérien de confier le dossier de la mémoire liée à la colonisation française à une commission mixte d’historiens.
Cette commission est composée de cinq historiens algériens (Mohamed El Korso, Idir Hachi, Abdelaziz Fillali, Lahcen Zeghidi et Djamel Yahiaoui) et de cinq autres français (Benjamin Stora, Tramor Quemeneur, Jacques Frémeaux, Jean-Jacques Jordi et Florence Hudowicz).
Ce panel a tenu deux réunions. La première a eu lieu à Constantine le 22 novembre et la deuxième à Paris le 24 janvier dernier.