Le « voyou de Paris » épinglé par le tribunal de police
Comité « Libérons l’Algérie », 27 avril 2024
C’est une victoire politique pour l’opposition algérienne en France, notamment, les militants régulièrement présents à la place de la République à Paris ! Trois jours seulement après avoir grièvement blessé un policier et agressé physiquement un militant qui intervenait pour éviter tout acte de violence lors de la marche du 21 avril qui s’est déroulée de la Place de la République à la place de la Bastille, DM a été condamné à huit mois de prison ferme et à 1650 euros d’amende par le tribunal de police de Paris.
Bref retour sur les fait :
Mercredi 24 avril. Il est 13h30. DM doit comparaître devant le juge dans la chambre n°23 du tribunal de Police (Porte de Clichy au 17e arrondissement). L’audience s’ouvre. Le prévenu se présente comme étant un sans-papiers. Il déclare être arrivé en France il y a six ans. Le juge lui demande si c’est lui qui a agressé physiquement un policier lors de la marche susmentionnée. DM dit qu’il ne l’a pas frappé et qu’il l’a juste bousculé, le prenant pour un manifestant. Drôle de réponse quand on sait que le policier en question a été grièvement blessé. Et puis, DM avait-il le droit d’agresser un manifestant pour peu qu’il soit algérien ?
Voulant se tirer d’affaire, DM s’est montré maladroit en prétendant être juste de passage à la place de la République le jour de la manifestation.
Le procureur le met alors devant ses contradictions en révélant le contenu de son téléphone portable. En effet, DM était en mission. Il filmait les manifestants. En même temps, il envoyait des messages à d’autres personnes. Qui sont-elles ? Les manifestants fliqués ont le droit de le savoir.
Le procureur signale également à DM qu’il a filmé plusieurs manifestations et qu’il disposait de plusieurs photos de manifestants et de déclarations de certains collectifs. Confondu, DM reconnaît les faits.
LA MYSTERIEUSE MADAME « DJIDJI »
Curieusement, l’avocat de la défense intervient et rappelle que DM est un sans-papiers. Il déclare aussi que pour ses démarches de régularisation de sa situation, il est sous la responsabilité de «Madame Djidji» qui, selon le prévenu, est une assistante sociale qui travaille au Consulat d’Algérie à Paris. Qui est «Madame Djidji » ? Comment se fait-il qu’une assistante sociale sensée accompagner un sans-papiers dans ses démarches de régularisation de son séjours travaille au consulat d’Algérie à Paris ? DM n’en dit pas plus.
Montrant patte blanche, DM rappelle au juge qu’à chaque fois qu’il remarquait quelque chose d’anormal, il n’hésitait pas à informer la police. En exemple, il cite un acte de vol qui a eu lieu à Bobigny. Ce jours-là, rappelle-t-il, il a attrapé l’auteur du vol, un sans-papiers qu’il a maintenu immobilisé jusqu’à l’arrivée de la police. En procédant ainsi, DM chercherait-il à obtenir le statut d’indicateur des services de sécurité français? Curieuse est cette disposition à fliquer des Algériens en situation irrégulière pour obtenir ses papiers. Et puis, de quelle bonne conduite pourrait-il se targuer alors qu’il a grièvement blessé un policier ? Où est passé le barbouze qui bombait le torse, fliquait les manifestants, les insultait et les menaçait de représailles lors de la marche du 21 avril dernier?
Lors de son réquisitoire, le procureur demande 18 mois de prison dont 16 ferme et deux avec sursis.
UN BARBOUZE À LA SOLDE DE LA POLICE POLITIQUE ALGÉRIENNE
Lors de la marche de célébration du printemps Berbère du 20 avril 1980 et de commémoration des victimes des tueries d’avril 2001 en Kabylie, organisée par Libérons l’Algérie et d’autres collectifs, DM faisait partie d’un commando dépêché à la place de la République par le Renseignement extérieur de la police politique algérienne.
À plusieurs reprises, ces barbouzes ont tenté d’infiltrer la marche pour l’entraver, agresser les manifestants et provoquer l’émeute. Leur objectif était de faire cesser la mobilisation de l’opposition algérienne à la place de la République. Au moment où il s’y attendait le moins, DM a subi la loi de l’arroseur arrosé. Alors que lui et un autre chargé de mission étaient en train de provoquer et de filmer les manifestants, ils ont été à leur tour filmés par des militants.
Au moment de l’incident, DM a semble-t-il voulu empêcher les policiers de récupérer le téléphone de son acolyte (son donneur d’ordre?). Ce dernier a pris la fuite.
Se croyant tout permis, il a frappé l’un des policiers présents sur les lieux, le blessant grièvement. Il a également frappé au visage un militant qui voulait protéger les personnes ciblées par le commando.
« Au moment où je suis intervenu pour éviter l’incident, l’un des assaillants m’a donné un violent coup au visage » a raconté B, membre du collectif Libérons l’Algérie, organisateur de la marche.
« Ils étaient en groupe. Leurs tâches étaient reparties. Certains parmi eux fliquaient les gens, filmaient leurs visages, les insultaient. Ils voulaient provoquer l’émeute mais nous avons évité les troubles à l’ordre public grâce aux militants. Nous avons alerté la police sur le risque de troubles à l’ordre public du fait de ces agissements. D’autres ont pris pour cible certains militants qu’ils ont aspergé de produits liquides à la fin de la marche. Quant aux deux malfrats (à l’origine de l’incident ) l’un d’eux portait une chevalière. Il filmait les manifestants, les provoquait en les insultant et en les menaçant de représailles. Il tentait de s’infiltrer au milieu de la manifestation pour agresser les gens. Manifestement, il voulait faire le maximum de mal en frappant » explique Tahar Si Serir, membre de Libérons l’Algérie.
DES ASSAILLANTS CONNUS PAR LA POLICE
À titre de rappel, le général Djebbar Mehenna, l’actuel cher du Renseignement extérieur de la soldatesque d’Alger, a déjà demandé aux services français de surveiller de près les opposants algériens, lors de l’une de ses dernières visites secrètes.
En février 2023, un commando a été dépêché par le Renseignement extérieur algérien, à la place de la République, pour entraver la marche de l’opposition algérienne qui a finalement eu lieu.
Les meneurs de ce commando ont été identifiés, leurs photos ont été remises à la police. Seulement, depuis, ces barbouzes n’ont pas été inquiétés.
Lors des « lives » qu’ils organisaient sur les réseaux sociaux, certains d’entre eux sont allés jusqu’à menacer de planter au couteau les opposants qui ont l’habitude d’organiser des manifestations à la place de la République. Des enregistrements de ces menaces ont été remis à la police. À ce jour, aucune suite n’a été donnée à cette affaire.
Des plaintes ont été déposées pour agressions physiques des militants. Malheureusement, ces plaintes sont restées sans suite.
TAHAR SI SERIR DEVANT LE TRIBUNAL DE POLICE LE 14 MAI
À contrario, la police n’a pas lésiné sur les contraventions, la confiscation du matériel de sonorisation et, parfois, la violence physique pour empêcher les militants, notamment les membres de Libérons l’Algérie, de tenir leurs rassemblements dominicains à la place de la République. Pis encore, la préfecture de police a multiplié les arrêtés pour interdire des marches ou des rassemblements pacifiques, déclarés dans le strict respect des lois.
Militant pacifique, Tahar Si Serir, comparaîtra le 14 mai prochain au tribunal de police. Il sera représenté par Maître Patrick Baudouin, président de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH).
Sereins, les membres du collectif Libérons l’Algérie assurent que tous les obstacles mis sur leur chemin ne font que renforcer leur détermination à continuer à se battre pacifiquement.
À militant vaillant, rien d’impossible !
Libérons l’Algérie.