Aïd el-Fitr 2024 : les mots forts de Hafiz sur l’antisémitisme et les musulmans en France
Ali Idir, TSA, 10 Avril 2024
La Grande mosquée de Paris a organisé ce mercredi 10 avril, premier jour
de l’Aïd el-Fitr, son traditionnel thé de la fraternité où le recteur
Chems Eddine Hafiz a évoqué la guerre à Gaza et la stigmatisation des
musulmans en France.
Le recteur de la plus grande mosquée en France est en colère. Il ne l’a
pas caché ce premier jour de l’Aïd el-Fitr pour dénoncer les accusations
d’antisémitisme dont il fait l’objet à cause de ses positions « fortes »
sur la guerre à Gaza.
« A Gaza, les gens sont tués volontairement, c’est un homicide
volontaire », a tonné le recteur de la Grande Mosquée de Paris lors de
ce traditionnel thé de la fraternité organisé à l’occasion de l’Aïd
el-Fitr, en présence de la maire du 5e arrondissement de Paris, du
député LFI Aymeric Carron et de personnalités religieuses et du consul
général d’Algérie à Paris.
« Quand je dis ça, je suis accusé d’antisémitisme », a déploré Chems
Eddine Hafiz, regrettant ainsi le chantage à l’antisémitisme fait aux
musulmans de France et autres personnalités politiques dans ce pays
quand ils dénoncent la guerre que mène Israël à Gaza depuis le 7
octobre, et les dérives extrémistes du gouvernement israélien de
Benyamin Netanyahu.
« Ce qui s’est passé le 7 octobre dernier n’est pas un pogrom », a dit
le recteur de la Grande mosquée de Paris, en rappelant la signification
de ce mot qui renvoie aux attaques et pillages, avec le soutien des
autorités, contre la communauté juive en Russie entre 1881 et 1921.
Le recteur de la Grande mosquée de Paris a rappelé dans la foulée
l’histoire de cette institution religieuse dans la défense des juifs
pendant la Seconde guerre mondiale. Il a rappelé ce qu’a fait Si Kaddour
Benghabrit, premier recteur de cette institution religieuse, pour sauver
les juifs en leur octroyant des certificats d’identité musulmans pour
échapper aux arrestations et aux déportations par les Nazis.
Musulmans en France : les mots forts du recteur de la Grande mosquée de
Paris
« Je ne suis pas antisémite. Les juifs de France sont mes amis », s’est
défendu le recteur de la Grande mosquée de Paris, tout en réitérant son
« droit d’être aux côtés du peuple palestinien ».
« C’est inadmissible de poursuivre des gens en justice pour leurs
positions sur Gaza », a encore déploré le recteur de la Grande mosquée
de Paris qui a poursuivi avec la question relative à la stigmatisation
des musulmans en France. Un phénomène qui a pris une ampleur
considérable depuis le déclenchement de la guerre à Gaza.
« Les musulmans en France sont stigmatisés », a-t-il dit, en s’élevant
contre le discours antimusulman dans certains médias français. « Quand
un enfant de 12 ans entend à la télévision qu’il n’est pas français
parce qu’il est musulman alors qu’il n’a pas d’autres nationalité, c’est
inadmissible », a jugé le recteur de la Grande mosquée de Paris.
Chems Eddine Hafiz a aussi pointé les dérives des responsables
politiques d’extrême droite qui font de la stigmatisation des musulmans
en général et des Français d’origine maghrébine un fonds de commerce
électoral. « Quand une femme politique dit que le Ramadan ne peut pas
être comme Pâques, on marche sur la tête », a encore dénoncé le recteur
de la Grande mosquée de Paris. Une réponse à Marion Maréchal Le Pen du
parti Reconquête ! d’Eric Zemmour.
« Je ne souhaite pas que le ramadan devienne une fête française comme
Noël ou Pâques », a dit la transfuge du Rassemblement national (RN,
extrême droite) au début du mois du jeûne.