70% des ressources hydriques sont destinées à l’agriculture : L’urgence de généraliser l’utilisation des eaux épurées
Samira Imadalou, El Watan, 9 mars 2024
Le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, et celui de l’Agriculture et du Développement rural (MADR), Youcef Cherfa, ont tenu le 5 mars une réunion de coordination consacrée à l’examen des moyens de développer l’exploitation des eaux usées dans l’irrigation agricole.
Avec la raréfaction des ressources hydriques conventionnelles et le déficit pluviométrique enregistré ces dernières années en raison des changements climatiques, la recherche d’alternatives pour assurer les besoins de l’agriculture et de l’industrie est au centre des préoccupations des pouvoirs publics.
Au même titre que l’énergie où la demande est en hausse pour alimenter les machines agricole et industrielle, les besoins en eau sont également en forte augmentation. Les défis de la sécurité alimentaire et de la diversification industrielle nécessitent en effet le recours aux ressources non conventionnelles.
Si pour l’énergie, le cap est mis sur le développement graduel des énergies renouvelables, pour les besoins en eau, en sus du dessalement et des forages, l’option de l’utilisation des eaux usées traitées dans l’irrigation agricole et dans industrie est mise en exergue.
Après avoir été négligée en dépit des orientations des experts en la matière, cette solution semble aujourd’hui privilégiée. La dernière sortie du chef de l’Etat appelant à travailler dans ce sens a fait réagir les responsables des secteurs de l’eau et de l’agriculture. Faudrait-il juste que les décisions soient effectivement et efficacement mises en applications.
Dans ce cadre, le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, et celui de l’Agriculture et du Développement rural (MADR),Youcef Cherfa, ont tenu le 5 mars une réunion de coordination consacrée à l’examen des moyens de développer l’exploitation des eaux usées dans l’irrigation agricole.
Ils ont souligné l’importance d’investir dans ce segment et convenu à l’issue de cette rencontre de généraliser l’utilisation des eaux épurées dans l’agriculture, le domaine forestier et le Barrage vert. «La réalisation de la sécurité alimentaire est tributaire de la réalisation de la sécurité hydrique», a noté M. Derbal, soulignant que 70% des ressources hydriques recensées par le secteur sont destinés à l’irrigation agricole.
En effet, globalement, 7 milliards de mètres cubes d’eau par an sont dédiés à la couverture des besoins du secteur agricole, alors que 45 grands périmètres d’irrigation bénéficient principalement des grands barrages réalisés. Ils sont exploités sur une superficie globale de plus de 280 000 ha répartis sur 35 wilayas et gérés par l’Office national d’irrigation et de drainage (ONID).
Les ressources non conventionnelles telles que les eaux usées épurées en tant que «source importante après les eaux de surface, les eaux souterraines et les eaux dessalées» sont donc aujourd’hui l’ultime recours face aux tendances climatiques actuelles, surtout avec la baisse des niveaux des barrages.
L’objectif étant d’augmenter la capacité d’épuration des eaux usées, en tablant sur l’exploitation de 60% des quantités récupérées au niveau national. Il s’agit d’orienter ces ressources vers les secteurs de l’agriculture et de l’industrie, et ce, d’autant que les premières expériences menées dans ce cadre sont concluantes, selon le ministre.
C’est le cas dans de nombreux grands périmètres agricoles à travers Oran, Tlemcen, Boumerdès, Médéa et Mascara, notamment. Mais pour augmenter ces capacités, il y a nécessité de généraliser cette expérience à travers la modernisation et la réhabilitation des stations. Ce qui demande des investissements supplémentaires.
De son côté, M. Cherfa a fait part de la possibilité de consacrer des parts importantes d’eaux épurées dans les périmètres entrant dans la réalisation du barrage vert ainsi que dans l’arboriculture pour les arbres résistants et le programme d’un million d’oliviers et un million de palmiers.
Il a annoncé par ailleurs que son secteur s’attelle à gérer un programme ambitieux visant à étendre les superficies agricoles irriguées afin d’atteindre, d’ici 2030, 2,3 millions d’hectares contre 1,6 million d’hectares actuellement.