Relations algéro-françaises : La SG du Quai d’Orsay en visite à Alger

Madjid Makedhi, El Watan, 28 février 2024

La secrétaire générale du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, Anne-Marie Descôtes, est arrivée hier à Alger dans le cadre d’une visite officielle.

Selon nos sources, la diplomate française a eu des échanges avec son homologue algérien, Lounès Magramane. Les deux parties ont, ajoute-t-on, «passé en revue les relations bilatérales dans leur ensemble et les perspectives de renforcement de la coopération entre les deux pays». Il faut rappeler que la visite de la numéro 2 du Quai d’Orsay en Algérie est la deuxième du genre en moins d’une année. Anne-Marie Descôtes s’était rendue à Alger en avril 2023.

A l’époque, il avait été question de la préparation de la visite du président Abdelmadjid Tebboune à Paris, programmée pour le mois de mai de la même année, avant d’être renvoyée sine die.

Un report qui en dit long sur l’état des relations entre Alger et Paris, qui traversent, régulièrement, des zones de turbulences. La tiédeur dure toujours.

Et ce, malgré l’engagement affiché, en août 2022 à Alger, par les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron d’ouvrir une nouvelle page, une année après la grave crise diplomatique suscitée par des propos du chef de l’Etat français sur «l’histoire de l’Algérie et de son régime politique».

Ce nouveau rapprochement s’est matérialisé par la visite à Alger de l’ancienne Première ministre française, Elisabeth Borne, pour conforter le réchauffement franco-algérien et celle, au début de l’année 2023, du chef d’état-major de l’ANP, Saïd Changriha à Paris.

Mais le vent a vite tourné. Alors qu’on s’attendait à un réchauffement entre les deux pays, une tempête est intervenue, quelques mois plus tard, pour freiner les efforts des autorités des deux pays.

L’Affaire dite de «l’exfiltration» de la gynécologue et activiste Amira Bouraoui, qui a d’abord rejoint clandestinement la Tunisie, avant de prendre l’avion, avec l’aide de l’ambassadeur de France à Tunis, pour se rendre en France, a jeté un coup de froid sur les relations entre les deux pays.

Il a fallu attendre le mois de mars 2023 pour que les présidents Tebboune et Macron lèvent «les incompréhensions» liées à cette affaire. Lors d’un entretien téléphonique, les deux hommes «ont convenu, aussi, de renforcer les canaux de communication (…) pour éviter que ne se renouvelle ce type de malentendus regrettables».

Les responsables des deux pays ont, depuis, entamé les préparatifs de la visite de Abdelmadjid Tebboune à Paris prévue, initialement en mai 2023, puis en juin de la même année, et qui n’a, finalement, pas eu lieu.

Fin décembre dernier, le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, avait affirmé que la «cette visite fait toujours l’objet de préparatifs», mais, avait-il ajouté, «celle-ci dépend de l’état d’avancement des cinq dossiers devant être au menu, dont celui de la mémoire, la mobilité des personnes et les essais nucléaires française dans le Sahara». «En toute sincérité, les conditions de cette visite ne sont pas idoines», avait-il souligné dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera.

Jusqu’à présent, aucune date n’a encore été fixée pour le voyage du président Tebboune en France. Il n’est pas faux de dire que les relations entre Alger et Paris avancent au ralenti.

A signaler que la visite à Alger de Anne-Marie Descôtes intervient à un moment où la France a décidé de tourner la page de sa crise avec le Maroc. Du moins, c’est ce qui ressort de la visite effectuée, cette semaine à Rabat, par le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné.