Pour Sonelgaz, l’énergie solaire ne peut être qu’un appoint

Pour Sonelgaz, l’énergie solaire ne peut être qu’un appoint

Aïssa Bouziane, Maghreb Emergent, 04 Novembre 2012

Le PDG de Sonelgaz, M. Noureddine Bouterfa, a exclu, dimanche, que l’énergie solaire puisse jouer un rôle majeur en Algérie. Confirmant les appréhensions traditionnelles des autorités algériennes envers une énergie « intermittente », M. Bouterfa a déclaré, au cours d’une émission de radio, qu’il serait erroné de miser sur le solaire comme source principale de production d’énergie. Ce serait « inconcevable ».

M. Noureddine Bouterfa est plein de certitudes, particulièrement quand il s’agit d’écarter le recours aux nouvelles sources d’énergie. « Le solaire n’a rien à voir avec satisfaction de la demande » algérienne en énergie, une demande dont l’augmentation est désormais à deux chiffres, a-t-il déclaré dimanche au cours d’une émission de radio.

Pour M. Bouterfa, l’énergie solaire ne peut être qu’un « appoint » ou un « complément » aux énergies conventionnelles, tant que les problèmes de stockage ne sont pas résolus. Or, les technologies de stockage n’ont pas évolué, a-t-il dit, rappelant que la technique la plus connue, celle du « sel fondu », et celle qui pointe, celle de la céramique, ne sont pas encore performantes.

L’argumentaire de M. Bouterfa est assez simple. Un pays ne peut pas bâtir son système énergétique sur « une source intermittente », a-t-il dit. Ce serait « inconcevable ». Par contre, il envisage d’en faire un « complément » pour le gaz naturel. Du reste, dit-il, même le sud algérien, dont les potentialités en énergie solaire sont élevées, est alimenté en énergie produite à partir du gaz naturel, a-t-il indiqué.

De cette analyse, découle une position peu enthousiaste envers le projet Desertec, un immense projet supposé alimenter l’Europe en énergie solaire produite dans le Sahara algérien. C’est un projet « de très long terme », souligne-t-il, sans s’y engager de manière particulière. Il se déclare ainsi favorable à la construction de centrales énergétiques fonctionnant à l’énergie solaire et destinées à l’exportation, à condition de « trouver des marchés et des financements ». Ce qui revient à dire que M. Bouterfa invite ses partenaires à fournir le financement, à garantir les marchés, et à apporter les technologies que Sonelgaz ne maîtrise pas suffisamment.

La production est suffisante, la distribution ne suit pas

Au plan interne, M. Bouterfa a balayé d’un revers de la main les reproches adressés à Sonelgaz, affirmant qu’on se trompe de diagnostic. Pour lui, l’Algérie ne souffre pas d’une insuffisance de production d’électricité, mais d’une défaillance dans le transport et la distribution. En outre, l’année 2012 a été exceptionnelle, avec ses pics de chaleur et de consommation d’énergie, et ne peut pas être prise pour exemple, a-t-il dit.

Les mesures prises, avec les interconnexions et les nouvelles installations permettent d’envisager 2013 sous de meilleurs auspices, a affirmé M. Bouterfa, précisant que Sonelgaz prévoir d’installer 6.000 postes de transformation avant l’été 2012, ainsi qu’une capacité supplémentaire de production de 2.000 mégawatts.

Dans le sud-est, qui a connu des sérieuses perturbations en été, « le réseau est bon », selon M. Bouterfa. Le retard a été rattrapé, avec les interconnexions réalisées, dans le cadre d’un programme qui a coûté près d’un milliard de dollars pour cette seule région.

« Je serais ravi qu’on révise les prix »

Par ailleurs, le PDG de Sonelgaz a affirmé la nécessité de s’adapter aux nouvelles donnes. La consommation algérienne connait une augmentation à deux chiffres. Elle atteint des pics très élevés, mais qui durent très peu de temps, en raison notamment de la poussée de la climatisation, a-t-il indiqué. Il faut donc se renforcer pour faire face à cette pointe de consommation enregistrée en été.

Mais de manière générale, la situation a radicalement changé. « Pendant longtemps, l’électricité, c’était la lumière et le réfrigérateur. Aujourd’hui, c’est autre chose. Même l’électrification rurale a changé de contenu », a-t-il dit. Quant aux réseaux « conçus sans secours, ils doivent être réaménagés ». « Il faut revoir les normes », a-t-il conclu.

La production algérienne d’électricité doit doubler au bout de six ou sept ans pour répondre à la demande, qui connait une croissance à deux chiffres. Les capacités actuelles sont de 10.000 mégawatts, et un programme de 12.000 mégawatts a été lancé, pour atteindre 20.000 mégawatts en 2017.

Cette politique bute toutefois sur une question de prix, qui déstabilise l’équilibre financier de l’entreprise. Mais M. Bouterfa a refusé de se prononcer sur le prix de l’électricité, qui reste fortement subventionné. Cela relève du gouvernement, a-t-il, affirmant toutefois : « en tant que manager, je serais ravi qu’on révise les prix ».

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