Des ONG palestiniennes dressent un bilan noir de la situation des détenus : 3760 Palestiniens arrêtés depuis le 7 octobre dernier

Salima Tlemçani, El Watan, 13 décembre 2023

Dans une déclaration commune, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, des ONG palestiniennes ont avancé le nombre de 3730 personnes incarcérées depuis le 7 octobre dernier. Le jour même de cette annonce, 30 autres Palestiniens ont été arrêtés en Cisjordanie, alors que des images terrifiantes de dizaines de personnes, en sous-vêtements, les yeux bandés, mises à genoux, pour des prises de photos, puis embarquées dans des camions vers une destination inconnue ont suscité les plus vives inquiétudes des ONG des droits de l’homme.

Le 10 décembre 2023 (dimanche dernier), 30 Palestiniens ont été arrêtés en Cisjordanie, portant le nombre de personnes incarcérées, depuis le 7 octobre dernier, à 3760. C’est ce qu’ont annoncé des ONG palestiniennes, la Société internationale de solidarité avec les détenus palestiniens, connue sous le nom de «Tadamon», la Commission des affaires des détenus, le Club du prisonnier palestinien, la Société de la conscience et de la protection du détenu et des droits de l’homme, dans une déclaration conjointe rendue publique dimanche dernier, à travers laquelle elles ont fait le bilan des arrestations opérées par l’armée d’occupation, depuis le début de l’opération «Déluge Al Aqsa», le 7 octobre dernier, et dressé un tableau noir de la situation des détenus et des exactions commises contre les membres de leurs familles.

Le compte rendu a été entamé par l’arrestation en Cisjordanie de 30 Palestiniens, durant la nuit de samedi à dimanche derniers, parmi lesquels une jeune fille et d’anciens détenus. «Ces rafles», ont expliqué les ONG, «ont eu lieu à Toubas, avec 13 personnes arrêtées, suivies de plusieurs autres opérations d’arrestation dans les secteurs d’Al Khalil, Beit Lahm, Ramallah, Al Qods et Naplouse, accompagnées d’exécutions, de passages à tabac, de menaces à l’égard des familles, de saccages et de destructions des biens et des maisons des citoyens.

Le bilan des arrestations opérées depuis le 7 octobre est de 3730 cas, qui englobent ceux qui ont été arrêtés dans leurs maisons, aux points de contrôle militaire, ceux qui se sont rendus sous la pression et ceux séquestrés comme des otages». Les auteurs de cette déclaration sont revenus sur les images choquantes diffusées par l’armée sioniste, montrant des dizaines, voire des centaines d’hommes et d’adolescents, en sous-vêtements, mains et pieds ligotés, portant de graves signes de violence, les yeux bandés, tantôt assis à même le sol, tantôt embarqués à bord de plusieurs camions et de Jeep militaires qui avaient fait le tour de la Toile et suscité de vives condamnations.

Des images qui ressemblent étrangement à celles diffusées en 2003, montrant des militaires américains exercer les pires exactions et humiliations sur des prisonniers irakiens en sous-vêtements, mains et pieds ligotés et les yeux bandés, dans la sinistre prison d’Abou Ghreib, en Irak. Toute honte bue, les autorités de l’entité sioniste ont présenté les personnes arrêtées comme étant des «combattants du Hamas» et précisé qu’elles ont été dénudées «en raison de la chaleur».

A une question d’un journaliste de CNN, une chaîne de télévision américaine, sur l’état de ces prisonniers, un ministre israélien n’a pas trouvé mieux que de donner cette réponse : «Les mettre en sous-vêtements parce qu’il fait chaud n’est pas la fin du monde.» Les ONG palestiniennes ont, pour leur part, apporté un démenti catégorique. «Ces prisonniers ne sont pas des combattants du Hamas.

Ce sont tous des civils», insistent leurs responsables. Information confirmée par de nombreuses sources, notamment des médias locaux, dont les correspondants avaient obtenu auprès des familles la liste des concernés. Parmi ces derniers, des journalistes, des médecins, des secouristes mais aussi des adolescents.

Les ONG palestiniennes ont, à ce titre, rappelé la demande du ministre suprémaciste, Ben Gvir, à la direction de l’administration pénitentiaire, de transférer les détenus de la résistance de Ghaza «vers les cellules de Rakfit, situées sous la prison Nitsane Al Ramla», avant d’évoquer «les centres de détention secrets dont le plus connu est la prison dite 1391».

Il n’est pas exclu que l’autorité d’occupation transfère les détenus de Ghaza vers des prisons secrètes pour les faire disparaître. L’occupation israélienne détient 142 otages femmes et jeunes filles de Ghaza dans ses geôles, parmi lesquelles des femmes allaitantes et âgées arrêtées durant l’incursion terrestre à Ghaza. Elles ont été détenues dans plusieurs prisons dont celles de Damon et Wahsharon.

Les témoignages terrifiants et choquants des citoyens obtenus auprès de personnes ayant été incarcérées récemment suscitent de lourdes inquiétudes sur leur sort jour après jour et nous n’écartons pas le fait que l’occupant procède à des opérations d’exécutions sommaires des détenus de Ghaza. Poursuivant la description de l’état des lieux, les ONG ont relevé qu’à la fin du mois de novembre dernier, «l’administration pénitentiaire a fait état de 260 détenus de Ghaza, qualifiés de combattants illégaux».

Elles ont également parlé d’une opération de perquisition effectuée par l’armée d’occupation, à l’école Khalifa, au nord de Ghaza, en affirmant que «tous les élèves et le personnel enseignant ont été rassemblés dans la cour puis déshabillés, les hommes et les femmes transférées vers le camps Jabaliya, dans des conditions extrêmement difficiles et sous des bombardements intensifs».

Les activistes ont, par ailleurs, repris les témoignages de nombreux détenus libérés de Hai Zeitoun, à Ghaza : «Ils nous ont attaqués sans savoir pourquoi. Ils ont commencé à faire exploser notre maison. Ils nous ont sortis de la maison, les femmes ont été prises ailleurs.

Ils nous ont frappés tellement fort.» Zeineb Abou Sajadia, âgée de 50 ans, du camp de Rachki, a été elle aussi frappée et une des soldates l’a sommée de sortir dehors presque nue, mais elle a refusé. Elle a été mise dans une pièce avec d’autres détenues dans des conditions affreuses, sans couverture ni matelas dans un froid glacial.

«J’ai reçu des coups terribles au niveau du foie, au point où je ne pouvais plus respirer.» Les auteurs de ce rapport ont cité de nombreux autres témoignages glaçants sur les violences infligées aux citoyens de Ghaza, lors d’opérations de perquisition de l’armée d’occupation à Ghaza.

Fait, un 10 décembre, consacré journée internationale des Droits de l’homme, le constat des activistes palestiniens donnent froid au dos, et lèvent le voile sur une infime partie de la souffrance de la population des Palestiniens, et particulièrement de Ghaza, soumise à une sanction collective depuis le 7 octobre dernier, à travers des bombardements intensifs et sans arrêt qui ont fait plus de 18 000 morts, majoritairement des femmes et des enfants, des dizaines de milliers de blessés, autant de disparus, ainsi que des destructions massives d’une grande partie de la ville.