Les bombardements israéliens se poursuivent : Ghaza, une ville réduite en ruines
Mokrane Aït Ouarabi, El Watan, 23 octobre 2023
Plus de 4600 Palestiniens ont été tués, dont 1800 enfants et plus de 1000 femmes, depuis le début de l’agression des forces d’occupation israéliennes contre la bande de Ghaza le 7 octobre. Le nombre de blessés a dépassé les 14 000, dont des centaines dans un état grave. Plus de 1,5 million d’habitants de la bande de Ghaza sont sans domicile à cause de la destruction de leurs maisons dans des raids aériens.
Immeubles éventrés ou totalement détruits, routes défoncées, ponts endommagés, magasins brûlés, réseaux électrique et hydraulique coupés… Les images en provenance de la bande de Ghaza sont bouleversantes. Des quartiers entiers ont été réduits en poussière et couverts de couleur grise laissée par les multiples explosions de missiles. Une situation apocalyptique digne d’un film d’horreur.
Sous le feu de bombardements incessants depuis le 7 octobre, cette ville de plus de 2 millions habitants subit la pire agression de son histoire. Le bilan des pertes humaines grimpe d’heure en heure. On a dénombré, jusqu’à hier, plus de 4600 Palestiniens tués, dont 1800 enfants et plus de 1000 femmes. Le nombre de blessés a dépassé les 14 000, dont des centaines dans un état grave.
Des blessés qui risquent de mourir d’un moment à l’autre à cause du manque de moyens médicaux de prise en charge. Selon des informations données par les autorités palestiniennes, 50% des constructions ont été partiellement ou totalement endommagées, ce qui représente 165 000 habitations. Les mêmes sources font état de 70% des habitants de la bande de Ghaza qui sont sans domicile.
Les plus chanceux se trouvent dans des centres ou des camps d’hébergement. Les autres sont sans domicile, souffrant de manque d’eau et de nourriture. Selon l’agence humanitaire de l’ONU (OCHA), 60% des habitants de Ghaza ont été contraints de se déplacer vers le sud. Plus de 540 000 ont pu être pris en charge dans des établissements scolaires, des écoles affiliées au réseau de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).
Quelque 100 000 autres ont trouvé refuge dans un centre chrétien, dans des églises de la ville de Ghaza et des bâtiments publics qui sont encore intacts. Les raids israéliens, qui se poursuivent sans discontinuité depuis maintenant 16 jours, ont également détruit une trentaine de mosquées. Selon l’agence palestinienne Wafa, plus de 50 citoyens, dont des enfants et des femmes, ont été tués dans des raids aériens menés hier par les forces d’occupation israéliennes contre plusieurs régions du nord et du centre de Ghaza.
Ces raids ont ciblé des zones résidentielles. Aussi, les avions de guerre ont bombardé la ville de Rafah, au sud de la bande de Ghaza, causant une dizaine de morts et de blessés. Même situation à l’ouest de Ghaza, où plusieurs ensembles d’habitations ont subi une série de raids des forces d’occupation. Dans la ville de Khan Younis, la situation s’est aggravée avec une intensification des bombardements.
Plusieurs corps de civils palestiniens se trouvent encore sous les décombres des maisons, a indiqué la même agence, selon laquelle une tour résidentielle a été complètement détruite par un raid israélien.
Dans la localité de Beit Lahia, au nord de la bande de Ghaza, 9 Palestiniens ont été tués et 15 autres blessés dans une frappe aérienne contre un immeuble de plusieurs étages où se sont réfugiés des dizaines de personnes ayant perdu leurs habitations dans de précédents bombardements.
Toujours selon l’agence Wafa, plus de 80 Palestiniens ont été tués dans un autre bombardement contre des habitations à Deir Al Balah. Les forces d’occupation israéliennes ont tiré des dizaines d’obus sur des zones situées à l’est de la bande de Ghaza. Les quartiers les plus touchés sont Al Tuffah, Al Zaytoun, Al Shuja’iya et Juhr Al Dik au sud-est de la ville, a ajouté la même source.
Les colons tuent aussi
Les forces d’occupation israéliennes ont également pris d’assaut un certain nombre de maisons de citoyens, le siège du conseil du village et le centre de santé du village de Susiya à Musafer Yatta. Jihad Al Nawajaa, le chef du conseil du village de Susiya, a déclaré à l’agence Wafa que «les forces d’occupation ont pris d’assaut le village, attaqué un certain nombre de maisons, fouillé le conseil du village et le dispensaire et causé des dégâts matériels».
«Les citoyens ont exprimé leurs craintes que de nouveaux crimes soient commis, d’autant plus que les colons portent l’uniforme de l’armée d’occupation, poursuivent les citoyens et détruisent leurs biens», a rapporté le même média.
Face à la barbarie des forces d’occupation israéliennes qui veulent vider Ghaza de sa population, le Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh, a interpellé hier la communauté internationale pour mettre fin à cette agression et au projet de déplacement et d’invasion terrestre de la bande de Ghaza. «Nous plaçons en tête de nos priorités l’arrêt de l’agression israélienne sur la bande de Ghaza, pour éviter de nouvelles pertes de vies et de biens, et l’acheminement d’une aide médicale et humanitaire pour éviter une catastrophe humanitaire majeure menaçant notre peuple dans la bande», a-t-il déclaré tout en considérant «le soutien international à Israël dans son agression comme un feu vert et un permis de tuer et de détruire davantage».
«Il s’agit de la sixième guerre dans la bande de Ghaza. Les gouvernements successifs en Israël, en particulier sous le gouvernement d’extrême droite dirigé par Netanyahu, adoptent une stratégie consistant à détruire systématiquement la possibilité d’une solution à deux Etats et à suivre une politique de diviser pour régner en tentant de séparer Ghaza du projet national palestinien», a-t-il souligné, alertant sur le fait que «en plus de l’agression contre notre peuple dans la bande de Ghaza, nous sommes confrontés au terrorisme en Cisjordanie de la part de l’armée d’occupation et de ses colonisateurs, et des appels sont lancés pour encourager les colonisateurs à prendre les armes et à changer de politique, dans le but de tuer davantage».
Près de 50% des logements à Ghaza endommagés
Près de 50% des logements des Palestiniens dans la bande de Ghaza ont été partiellement ou complètement endommagés par les bombardements incessants de l’armée d’occupation israélienne, a indiqué, hier, un responsable en charge du logement à Ghaza. «L’occupation sioniste cible délibérément les bâtiments résidentiels, les établissements publics et les infrastructures de service», selon la même source.
Il a précisé, à ce sujet, qu’«en raison de l’intensification des frappes aériennes des forces d’occupation, plus de 165 000 logements ont été partiellement endommagés et près de 20 000 logements ont été complètement démolis ou sont devenus inhabitables», notant qu’«environ 70% des habitants ont été déplacés de chez eux pour s’abriter dans 220 centres d’hébergement aménagés».
Il est à noter, dans le même contexte, que les frappes aériennes et les bombardements incessants, doublés d’ordres d’évacuation par l’entité sioniste, ont conduit jusqu’ici, selon l’ONU, au déplacement d’un million de personnes. R. N.