L’Algérie a-t-elle tiré les leçons de la crise ?

Un an après l’amplification de la tempête financière mondiale

L’Algérie a-t-elle tiré les leçons de la crise ?

Par :Nadia Mellal B, Liberté, 13 septembre 2009

Peu d’actions ont été entreprises sur le front de la diversification de l’économie nationale.

L’Algérie a-t-elle retenu les leçons de la crise financière mondiale ? C’est une question qui se pose avec acuité une année après l’aggravation des effets de cette crise financière qui a mis en évidence la forte dépendance de l’Algérie des fluctuations des prix du pétrole.
À ce sujet, il est utile de rappeler les déclarations de Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie, sur l’économie algérienne qui “a subi le choc externe inhérent à la chute des prix des hydrocarbures”.
Ce canal de transmission des effets de la récession mondiale est apparu à partir du 4e trimestre 2008 et cela a affecté négativement la balance des paiements courants. Cette situation devrait amener les pouvoirs publics à mettre les bouchées doubles pour diversifier l’économie nationale et mettre le paquet sur l’investissement productif tout en réduisant les importations.
C’est dans cette optique en tout cas qu’a été élaborée la loi de finances complémentaire pour 2009, nous explique-t-on de sources proches du Parlement. En effet, la loi de finances complémentaire 2009, adoptée le 3 septembre dernier par l’Assemblée populaire nationale (APN), prévoit plusieurs mesures visant, entre autres, à réduire la charge fiscale en faveur de l’encouragement des PME, promouvoir la production nationale et réorganiser le commerce extérieur.
Est-ce suffisant pour prémunir l’Algérie à long terme contre les effets de cette crise surtout au regard des prévisions des spécialistes et responsables algériens à ce sujet ? Le premier ministre Ahmed Ouyahia avait indiqué à ce sujet que “le système économique et financier algérien est à l’abri, aujourd’hui, dans 5 ans et dans 10 ans, de la crise financière mondiale dans ses composantes actuelles, tant que notre système n’a pas évolué et tant que notre Bourse n’est pas bien intégrée au marché financier international”.
Il avait averti néanmoins que “si la récession économique qui semble se manifester est sévère et durable, elle entraînera des conséquences pour l’Algérie”. “Si le baril de pétrole baisse à 60 dollars, les conséquences se feront ressentir en Algérie dans 5 ou 6 ans, si la crise est très dure et que le prix du baril chute à 10 dollars, notre pays sera, malgré cela, à l’abri pour 2 à 3 ans”, a-t-il dit. Le ministre des Finances Karim Djoudi avait indiqué à ce propos que “conjuguée à la poursuite des réformes engagées et à la gestion financière prudente observée jusque-là, l’économie algérienne est dans une position qui la met à court terme à l’abri de ces turbulences, les aspects de la gestion des ressources financières et de l’espace fiscal résultant des effets de la crise sur les prix du pétrole et des importations de produits alimentaires.” Il s’est également attelé à mettre en évidence l’importance de politiques financières et économiques adaptées, visant à gérer les effets pervers de cette crise. Selon le ministre, les mécanismes à mettre en place devraient préserver la capacité des pouvoirs publics à maintenir un taux d’investissement suffisant pour assurer une croissance économique positive qui permettrait en même temps de financer le filet social.
Quoiqu’il en soit, il appartient aux pouvoirs publics ainsi qu’aux économistes d’anticiper sur les effets de la crise financière mondiale sur l’Algérie et d’élaborer des politiques à même de nous prémunir contre ses contrecoups.
étant entendu que les effets de cette crise sur l’Algérie ont été limités grâce à la déconnexion de l’Algérie de l’économie mondiale, à la réduction de la dette extérieure ainsi qu’à l’importance des réserves de change. Le problème aujourd’hui c’est que peu d’actions ont été entreprises par les pouvoirs publics pour diversifier l’écononomie nationale.