Quand Sonatrach tousse…
LA CRISE MONDIALE EST À NOS PORTES
Quand Sonatrach tousse…
L’Expression, 14 Décembre 2008
Beaucoup de projets tombent à l’eau
Y a-t-il meilleure preuve pour dire que la crise mondiale est à nos portes quand la «mamelle» de l’Algérie propose de geler certains de ses projets? Quand Sonatrach tousse, c’est tout le pays qui s’enrhume!
Il ne s’agit pas d’une alarme pour effaroucher ceux qui refusent d’admettre que la crise mondiale touche notre pays. Il s’agit bien d’une réalité: les voyants sont au rouge. Les résultats de l’appel d’offres relatif à la recherche et exploitation des hydrocarbures rendus publics hier sont là pour témoigner de cette situation de crise qui s’annonce tambour battant. Seules 9 compagnies sur les 72 initialement présélectionnées, ont soumis leurs offres suite à l’appel national et international pour les opportunités de recherche et d’exploitation des hydrocarbures émis par la compagnie Alnaft, l’été dernier. En d’autres termes, plus de 80% des postulants ont déserté un terrain où ils se bousculaient il y a à peine une année. Le président de la commission chargée de l’étude des offres soumises n’a pas de doute: «Les résultats de cet appel d’offres sont malheureusement dus à la conjoncture économique actuelle.»
Et selon les précisions de ce dernier, plusieurs compagnies auraient préparé leurs offres mais elles se seraient désistées à la dernière minute. «Elles ont préparé leurs dossiers d’offres, mais à l’heure du dépôt, elles ne l’ont pas fait», a indiqué ce dernier à l’issue de la séance d’ouverture des plis techniques, qui a eu lieu, hier, au siège du ministère de l’Energie et des Mines.
Le président du comité de direction d’Alnaft, Sidi Ali Betat, a quant à lui, enfoncé le clou en indiquant que «cet appel d’offres a été lancé au mois de juillet dernier, et, à ce moment-là, la conjoncture internationale était différente de l’actuelle», traduisant ainsi la réticence des compagnies nationales et internationales à investir dans le secteur des hydrocarbures. Y a-t-il preuve aussi formelle que la crise est bel et bien chez nous? Nous dépendons exclusivement de la rente pétrolière et la chute du prix du baril, induite par la crise mondiale, ne pourra pas épargner notre économie nationale.
Bien entendu, cette crise économique et son corollaire, la récession, auront des effets des plus désastreux non seulement sur l’économie nationale mais par ricochet, sur les ménages. Ainsi en est-il du secteur de l’emploi en Algérie, déjà fragile. Il faut donc se préparer à vivre avec les restrictions que va imposer cette crise. L’Etat aura à réduire son train de vie et aux ménages leurs dépenses.
L’Etat a, d’ores et déjà, à la faveur d’un important plan d’action gouvernemental, opté pour d’urgentes mesures économiques et sociales, à même de soutenir les grands projets de l’heure. D’ailleurs, c’est la première fois que le président-directeur général de la Sonatrach, Mohammed Meziane, annonce le gel de certains projets de son entreprise.
En effet, avec la chute vertigineuse des cours de l’or noir, investir dans le secteur semble être devenu synonyme de jeu de hasard, à l’issue duquel nul ne sait s’il en sortira gagnant ou perdant.
C’est justement pour cette raison que seules 9 compagnies sur les 74 préqualifiées, ont confirmé leur intention d’investir dans le domaine des hydrocarbures.
Ces entreprises ont été préqualifiées suite au premier appel à la concurrence, lancé le 12 juillet de l’année en cours pour l’attribution de contrats de recherche et d’exploitation des hydrocarbures dans 16 sites du territoire national.
Issues de différentes régions du monde à savoir l’Asie, l’Europe centrale et occidentale, l’Amérique latine et l’Amérique du Nord, toutes ces compagnies ont manifesté un grand intérêt aux projets faisant l’objet de cette offre et ont participé aux datarooms organisés par Alnaft, pour leur permettre de consulter les périmètres de leur choix.
Cette session de datarooms a été suivie de séances de clarification, pour répondre aux questions d’ordre légal, fiscal et technique de ces compagnies.
Toutefois, elle n’a pas suffi à les convaincre de faire abstraction de la tempête financière qui sévit actuellement dans la plupart des pays du monde, et qui menace actuellement l’Algérie.
Ainsi, la majorité de ces compagnies ont décliné leur offre, et 12 des 16 sites n’ont fait l’objet d’aucune offre. Face à cette triste réalité, les dernières déclarations plutôt rassurantes de certains hauts responsables indiquant que l’Algérie était à l’abri, semblent être désormais une illusion.
Yasmine ZOUAGHI
CHUTE DES PRIX DU PÉTROLE
Certains projets sont compromis
L’Expression, 14 Décembre 2008
La compagnie nationale des hydrocarbures annonce, cependant, le maintien de ses investissements estimés à 45 milliards de dollars.
Il était sûrement dit que la crise financière mondiale, à travers la dégringolade des prix de l’or noir, aurait des conséquences sur l’économie nationale. «Les projets pétrochimiques, actuellement en cours, et qui n’ont pas encore fait l’objet d’une attribution, pourraient être gelés si les prix du pétrole continuent à baisser», a confié, sur les ondes de la Radio nationale, hier matin, le président-directeur général de Sonatrach. M.Mohamed Meziane, qui était l’invité de la Chaîne III, a cependant précisé que le programme d’investissement de 45 milliards de dollars, qui doit s’étaler entre 2008 et 2012, sera, malgré tout, maintenu. 66% de cette conséquente enveloppe financière seront consacrés au développement en amont des nouveaux champs pétroliers et gaziers algériens.
Ces investissements, qui doivent être réalisés par la compagnie nationale des hydrocarbures (Sonatrach), verront probablement la participation de compagnies étrangères en leur qualité d’associées. Quels seront les projets qui risqueraient d’être gelés ou bien compromis dans le cas où la chute des prix du pétrole ne venait pas à être enrayée? «Parmi ces projets, figure la réalisation en partenariat entre Sonatrach et le consortium émirati Dubaï-Moubadala d’une usine d’aluminium d’une capacité de 700.000 tonnes à Béni Saf (extrême-ouest du pays)», a révélé sur les ondes de la Radio nationale, le président-directeur général de Sonatrach.
M.Méziane n’a toutefois pas donné outre mesure plus de précisions. Tout l’avenir des projets de Sonatrach semble se jouer à la veille du rendez-vous crucial du 17 Décembre à Oran.
La réunion extraordinaire des pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole se tiendra ce jour-là. Il sera surtout question d’une nouvelle réduction de la production de l’Opep qui, apparemment, s’annonce «conséquente» si l’on se fie aux déclarations de son président en exercice. L’effondrement des cours mondiaux de l’or noir s’est traduit par une baisse des recettes pétrolières évaluées à 5 milliards de dollars depuis le mois de juillet, avait déclaré jeudi dernier Chakib Khelil. L’Algérie qui tablait sur 80 milliards de recettes pétrolières pour l’année 2008, a dû revoir ses comptes. Les recettes en devises attendues pour l’année en cours seraient beaucoup plus proches des 75 à 76 milliards de dollars, selon le ministre algérien de l’Energie et des Mines. Un chiffre qui dépasse de loin celui de l’année passée.
Mohamed TOUATI