Les réserves de change perdent de leur rentabilité
Conséquence de la récession mondiale
Les réserves de change perdent de leur rentabilité
El Watan, 5 mai 2009
Le rendement des réserves de change de l’Algérie sera amoindri par la baisse substantielle des taux d’intérêt, a indiqué hier le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, dans un entretien à l’agence APS. « Leur rendement subira l’effet du niveau historiquement bas des taux d’intérêt liés à la persistance de la grave crise financière internationale », a expliqué ce responsable.
M. Laksaci avait déjà reconnu en décembre 2008 que la crise financière internationale et ses retombées sur la situation économique mondiale ont eu pour effet de réduire la capacité d’épargne du pays et sont à l’origine d’une baisse des réserves de change et du rendement sur leur placement. Il avait noté que l’importante chute des prix du pétrole réduit de manière considérable les recettes d’exportation du pays et, partant, la capacité d’épargne budgétaire. Il avait relevé dans le même sillage qu’une faiblesse durable des prix du pétrole se traduirait donc par un fort amenuisement de l’épargne accumulée ainsi que par une baisse corrélative des réserves de change. Il avait signalé à cette occasion que le rendement sur les placements des réserves de change (138,345 milliards de dollars à fin novembre 2008) a, par ailleurs, enregistré une réduction qu’il impute aux taux d’intérêt bas sur les marchés internationaux. M. Laksaci n’exclut pas un déficit de la balance commerciale tout en assurant que la balance des paiements globale de l’Algérie « pourrait être en équilibre » cette année en dépit de la chute des prix des hydrocarbures. « Concernant la conjoncture, l’économie algérienne subit le choc externe inhérent à la chute des prix des hydrocarbures. Ce canal de transmission des effets de la récession mondiale est apparu à partir du 4e trimestre 2008. Cela affecte négativement la balance des paiements courants, mais la balance des paiements globale pourrait être en équilibre cette année », dit-il à ce propos. Pour rappel, les importations ont atteint 9,42 milliards de dollars au cours du 1er trimestre 2009, en hausse de 10,07% par rapport à la même période en 2008, selon le Centre national de l’informatique et des statistiques (CNIS). La balance commerciale a enregistré un très faible excédent de 1,32 milliard de dollars au 1er trimestre 2009 contre 9,99 milliards de dollars durant la même période 2008.
M. Laksaci estime toutefois qu’en dépit de l’envolée des importations des biens et services, il a été enregistré à la fin 2008 une accumulation et un niveau record des réserves officielles de change ainsi qu’un niveau très bas de la dette extérieure (2,5% du PIB) et de faible ratio de service de la dette extérieure (1% des exportations de biens et services). Pour le gouverneur de la Banque centrale, l’Algérie qui a été citée, selon lui, par le FMI parmi un nombre limité de pays émergents et en développement à faible vulnérabilité, jouit d’une « viabilité à moyen terme de la position financière extérieure nette de l’Algérie ». Pour étayer ses dires, il affirme que la croissance hors hydrocarbures, tirée par le programme d’investissements publics, s’est située au dessus de 6%, l’inflation est restée sous contrôle (en moyenne 3,5% en 2007 et 4,4% en 2008) en contexte d’excès structurel de liquidités alors que l’excédent du compte courant extérieur a dépassé 21% par rapport au PIB, et le Trésor a accumulé davantage de ressources au niveau du FRR.
Par Nora Boudedja