Hommage à François Gèze de Houria Bouteldja
Houria Bouteldja, 8 septembre 2023
De François Gèze, je connais moins l’éditeur que le militant. Dès l’annonce de son brusque décès, j’ai écrit à Stella, mon éditrice, dont je savais qu’elle partageait ma peine. Immédiatement, c’est au militant qu’elle a pensé. « On pouvait toujours compter sur lui » me dit-elle « sans que jamais il ne se donne trop d’importance ou tienne des propos trop sages ». C’est exactement ce que je retiens de lui : toujours présent pour signer une tribune dérangeante, peu consensuelle mais essentielle pour sauver ce qui reste à sauver d’une gauche désorientée et souvent complice du système qu’elle prétend combattre. Je n’ai pas le souvenir du moindre refus. Du plus loin que je me souvienne, Gèze était des nôtres face à l’islamophobie, au racisme d’Etat, à la police et surtout à l’impérialisme. A titre plus personnel, il n’a pas hésité à me soutenir lors de la dernière attaque dont j’ai été victime et dont la violence a été telle qu’elle a fait fuir la plupart des « camarades » réputés radicaux mais soucieux de leur respectabilité. Pas lui : https://acta.zone/contre-la-calomnie-et-la-diffamation-en-soutien-a-houria-bouteldja/
Dans mon dernier livre, j’ai dédié un passage à ceux qui savent devoir se salir les mains. Gèze en faisait partie. Le peu que je sais de lui, c’est qu’il n’était pas motivé par sa respectabilité mais par son rapport au monde et à l’idée de justice. Comme tous les militants de cette espèce, certes il est parti mais il se prolonge en nous. Il nous devance, nous le suivrons.