La récession «risque majeur» pour les pays pétroliers
Un déficit de 10 milliards en 2009
La récession «risque majeur» pour les pays pétroliers
par M.Saâdoune, Le Quotidien d’Oran, 11 mai 2009
Des pays exportateurs du pétrole, dont l’Algérie, l’Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar, Soudan, Libye, l’Irak et l’Iran puisent dans les réserves cumulées pendant les années de pétrole cher pour maintenir des programmes de dépenses publiques, mais ils pourraient connaître une récession prolongée en raison d’une baisse de la demande et des prix. Tel est le résumé du rapport du printemps 2009 du Fonds Monétaire International (FMI) sur les Perspectives économiques régionales, dont des résumés ont été mis en ligne sur le site de l’institution internationale. Masood Ahmed, Directeur du Département Moyen-Orient et Asie du FMI, souligne que les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord subissent les conséquences de la crise mondiale, tout en estimant probable qu’ils «s’en tireront mieux que des pays d’autres régions du monde grâce, en partie, à une gestion financière et économique prudente, mais aussi au fait que les pays exportateurs de pétrole de la région peuvent puiser dans leurs abondantes réserves pour atténuer les effets du ralentissement mondial sur leurs économies et celles des pays voisins, avec lesquels ils ont des liens économiques de plus en plus étroits. On s’attend à ce que la croissance globale de la région tombe de 5,7 % en 2008 à 2,6 % en 2009».
Une croissance en baisse significative
Dans les années fastes, 2004-2008, les pays exportateurs du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont connu des taux de croissance annuels proches de 6 % et accumulé la bagatelle de 1.300 milliards de dollars d’actifs extérieurs, qui leur ont permis d’engager de vastes projets d’investissement. Ces réserves permettent encore aujourd’hui de maintenir un niveau de dépense publique important qui permet de soutenir la demande.
Mais, les choses pourraient bien changer si les prix du pétrole demeurent durablement bas. Cette baisse des prix, conjuguée à un niveau de dépenses publique important, va peser sur la situation extérieure de ces pays. Ainsi, selon le document du FMI, les pays exportateurs de pétrole concerné pourraient passer d’un «excédent considérable de 400 milliards de dollars l’année dernière, à un déficit collectif chiffré à près de 10 milliards de dollars pour 2009, si les cours pétroliers se maintiennent à leurs niveaux actuels».
La croissance du PIB global de ces pays pétrolier devrait aussi ralentir de manière sensible passant de 5,4 % en 2008 à environ 2,3 % en 2009, «sous l’effet, surtout, des réductions de production et conformément aux accords de l’OPEP». La croissance du PIB pétrolier pourrait chuter de 2,4 % à – 3,5 % tandis que celle du PIB hors pétrole baissera de 6,1 % à 3,7 %. Le ralentissement de la croissance intérieure, conjugué à la baisse des prix internationaux des carburants et des produits alimentaires, devrait ramener l’inflation de 15,6 % en 2008 à 10 % en 2009.
Dépenses publiques et tests de résistance des banques
Les chiffres du FMI corrigent les appréciations excessivement optimistes sur le fait que les pays exportateurs de pétrole seraient relativement épargnés par les retombées de la crise en raison des réserves de change cumulées. La baisse de recettes pétrolières, en raison de la chute des prix et de l’autolimitation dans le cadre des quotas de l’Opep, pourrait contraindre les pays concernés à être beaucoup moins larges en termes de dépenses publiques. Pour le FMI, le «risque majeur» pour les perspectives économiques réside dans la «possibilité d’une récession prolongée qui maintiendra une baisse de la demande et des prix».
«Si les pays exportateurs de pétrole du Moyen-Orient ont la conviction que le prix du pétrole sera à la baisse pour longtemps, ils vont probablement réduire leurs dépenses pour préserver leur viabilité fiscale», souligne le FMI. Une perspective non souhaitée par le FMI qui considère que «les pays, dont le niveau d’endettement public n’est pas préoccupant, gagneraient à maintenir les dépenses publiques, voire à les renforcer. C’est le cas de la plupart des exportateurs de pétrole, mais aussi, par exemple, du Maroc, de la Syrie et de la Tunisie». Le FMI appelle également à une surveillance accrue des systèmes bancaires et préconise de les soumettre à des «tests de résistance».