Chakib Khelil : Les quotas Opep, le dollar et la récession
par Ali Babès, Le Quotidien d’Oran, 3 novembre 2008
Il n’y aura pas d’effets immédiats sur les cours du brut de la baisse de la production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), décidée au mois d’octobre dernier.
Selon le président en exercice de l’OPEP, Chakib Khelil, la baisse de production de l’organisation de 1,5 million de barils/jour (MBJ) va prendre du temps pour se mettre en place et être intégrée par les marchés pétroliers. Chakib Khelil a indiqué, dans une déclaration à la radio nationale, que la décision de réduction de la production va mettre beaucoup de temps pour se mettre en place, c’est-à-dire être intégrée par les intervenants sur le marché pétrolier. Le président de l’OPEP, qui a précisé que cette décision (de baisse de production) est entrée en application samedi, a souligné qu’outre l’Algérie, les Emirats, l’Iran et le Nigeria ont déjà annoncé la réduction de leur production, selon les quotas alloués pour chaque pays. Il a également souligné que l’organisation attend l’annonce des baisses des autres pays, pour évaluer l’impact de cette baisse de la production OPEP sur le marché pétrolier. Khelil a, en outre, estimé que les prix du brut baissent sur le sillage de la crise économique mondiale, qui affecte durement les grands pays industrialisés. En fait, tout dépend de la situation de l’économie mondiale, relève-t-il, estimant que si la récession s’estompera vite, les cours du brut vont reprendre à la hausse sur le sillage de la reprise de la croissance mondiale. Le président de l’OPEP n’a pas écarté, d’autre part, une remontée des cours du pétrole si le dollar faiblit face aux principales devises. «Si le dollar faiblit par rapport aux autres monnaies, à ce moment là, il y aura remontée des prix du pétrole», a-t-il dit.
De toute façon, les cours vont remonter inexorablement à long terme, car, selon le président de l’OPEP, les désinvestissements dans le secteur pétrolier vont raviver la demande qui devrait coïncider avec la fin de la récession économique. Mais, pour l’heure, les cours du brut continuent de chuter et oscillent entre 60-65 dollars sur les principaux marchés, nourrissant les inquiétudes des pays producteurs membres de l’OPEP. Et, avant la conférence ministérielle prévue le 17 décembre prochain à Oran, beaucoup de pays pétroliers veulent une réunion d’urgence pour décider d’une autre réduction de la production de l’organisation pour stopper la chute des cours, qui ont baissé de moitié depuis le mois de juillet dernier.
D’autant que la plupart des pays OPEP comptent sur des prix fermes pour poursuivre leurs politiques d’investissements lourds dans plusieurs secteurs, et éviter en outre une crise économique. Faut-il ou non tenir une autre réunion d’urgence de l’organisation pour décider une autre réduction de la production après celle du 24 octobre qui est actuellement d’actualité au sein des pays membres de l’organisation. Le secrétaire général de l’organisation, Abdallah Al Badri, est pour, car il avait la semaine dernière clairement averti à Londres, qu’il y aura une autre réduction de la production si les prix du brut continuent à chuter. «Nous allons devoir attendre et voir comment le marché réagit, mais si ce problème continue, il va falloir procéder à une nouvelle réduction», avait-il indiqué.
La déclaration du SG de l’OPEP illustre, en fait, la position d’une grande partie des pays OPEP qui avaient estimé que la réduction de 1,5 MBJ était minime par rapport au danger de chute des cours. D’autres pays membre de l’OPEP estiment, de leur côté, qu’il n’y pas lieu de s’inquiéter pour le moment de la tendance baissière des cours du pétrole. Et qu’une réunion d’urgence de l’OPEP n’est pas à l’ordre du jour. Selon le ministre qatari du pétrole Abdallah Ben Hamad Al Attiyah, il n’y aura pas de réunion d’urgence de l’OPEP avant celle du 17 décembre, prévue à Oran. Pour l’instant, les spécialistes attendent l’annonce des pays producteurs OPEP quant à l’entrée effective de la baisse de leur production, notamment l’Arabie saoudite, plus gros producteur de l’organisation, et la réaction des marchés ce lundi à l’ouverture.