Prévisions déprimantes

Prévisions déprimantes

par M. Saâdoune, Le Quotidien d’Oran, 12 février 2009

Chacun fait ses comptes en ces temps de déprime économique au niveau mondial. Le temps des vaches maigres pour les pays fortement dépendants des revenus pétroliers pourrait bien aller au-delà de 2010 au vu des indicateurs, pessimistes, sur l’évolution de l’économie mondiale. L’Agence internationale de l’énergie a indiqué, hier, que la baisse de la demande pétrolière devrait atteindre en 2009 un niveau jamais égalé depuis 1982. L’Agence, qui prévoyait une baisse de 500.000 barils par jour pour cette année, a révisé à la hausse le niveau de cette baisse. Elle sera de 980.000 bpj. Par rapport à 2008, la demande baisserait de 1,17 million de barils.

Les chiffres annoncés par l’AIE ont eu pour effet de pousser le baril à la baisse. Et, la précision est utile, l’AIE n’est pas en mesure d’assurer que cette énième révision à la baisse de la demande sera la dernière. La cause ? Personne, en dépit des plans lancés dans plusieurs pays, n’est en mesure de prévoir quand l’économie repartira. L’estimation de croissance du PIB mondial du FMI pour l’année 2009 a été ramenée à 0,5% et cela pourrait être, selon certains analystes, un peu trop optimiste. Partout, et dans les grandes économies plus qu’ailleurs, on ne parle plus que de ralentissement de l’activité, de destruction d’un nombre de plus en plus important d’emplois et de baisse de la consommation.

A titre indicatif, on peut citer la Banque d’Angleterre qui prévoit, dans l’hypothèse la moins alarmante, une contraction du PIB de la Grande-Bretagne de 4% sur un an à la mi-2009, voire à 6%. Pour le gouverneur de la Banque d’Angleterre, la récession est «profonde», sa durée et son ampleur dépendront largement des «événements dans le reste du monde, où un sévère ralentissement économique est déjà en cours». Le constat du gouverneur de la Banque d’Angleterre est généralisable à de nombreux pays et la tentation protectionniste s’étend. Nos recettes d’hydrocarbures dépendent également de ce qui se passe dans le reste du monde. Le Premier ministre britannique, Gordon Brown, a parlé de «dépression», ses services ont essayé de corriger ce qui est censé être un lapsus. Tout pourtant indique qu’il ne s’agit pas d’un lapsus.

Dans les pays de l’Opep, 35 projets d’exploration ont été reportés à plus tard, jusqu’en 2013 pour certains. Les prix étant trop bas, leur viabilité économique devenait problématique. L’Algérie ne doit donc pas tabler sur un rehaussement significatif du prix du baril qui tourne actuellement autour de 40 dollars. Les dernières directives destinées à brider les importations, même si elles laissent dubitatifs certains spécialistes, sont bien le corollaire d’une baisse sensible des recettes énergétiques. On pourrait ajouter à ce sombre tableau, des prévisions de production agricole catastrophique à l’échelle mondiale qui vont peser lourdement sur le prix des denrées alimentaires. C’est clair, 2009 sera une année difficile et personne n’est sûr que 2010 ne le sera pas davantage…