Sommet du G20 : La pierre philosophale
par Notre Correspondant à Bruxelles : M’hammedi Bouzina Med, Le Quotidien d’Oran, 1er avril 2009
Le deuxième round des pays dits du G 20 met aux prises des conceptions différentes d’une refonte du système capitaliste mondial. Les USA souhaitent que les Etats européens s’impliquent davantage dans la relance de la croissance mondiale. Ce n’est pas évident pour l’Europe. Quant aux pays dits émergents, ils appellent à plus de démocratie dans les organisations financières internationales : le FMI et la Banque mondiale.
Aujourd’hui et demain, les chefs d’Etat et de gouvernement des 20 premières économies du monde se réunissent à Londres pour tenter une riposte à la crise financière et économique mondiale. Les débats mettent aux prises trois stratégies principales qui traduisent les conceptions des uns et des autres des fondements du système capitaliste et surtout sur son orientation future. Si les USA et l’Union européenne (UE) ne remettent pas en cause – le pourraient-ils d’ailleurs ? – les fondements systémiques de l’économie capitaliste, ils divergent par contre sur la manière de la réformer pour lui éviter la répétition des crises cycliques, telle celle qu’elle traverse aujourd’hui. Les pays émergents qui participent à la rencontre, tels la Chine, l’Inde ou le Brésil, qui sont, pour le moment, affectés à un degré moindre par la crise, sont dans une position défensive et feront tout pour éviter les effets structurels et à long terme de la crise qui frappe les USA et l’UE. Aussi, les lignes de partage entre l’UE, les USA et les pays dits émergents ne faciliteront pas la mise en place d’une stratégie mondiale unique.
Les USA, qui appellent particulièrement l’UE à oser un second plan de relance de son système financier et économique, ne risquent pas d’être entendus. Les USA, qui ont adopté un second plan de relance à la fin de janvier d’un montant de 875 milliards de dollars (700 milliards d’euros), estiment qu’ils n’ont pas à prendre seuls les risques d’une récession mondiale. Compte tenu de l’interdépendance des économies américaine et européenne (plus d’un milliard d’euros d’échanges commerciaux par jour), ils insistent pour que l’Europe s’implique d’avantage. Cette dernière, après que ses membres eurent adopté des plans nationaux de soutien essentiellement aux banques, n’arrive pas à décider d’un plan commun pour amortir les retombées de la crise et relancer la croissance économique. Il est très difficile de chiffrer le montant de l’ensemble des aides financières des 27 Etats européens depuis le début de la crise à leurs économies respectives. Les observateurs avancent le chiffre global de près de 700 milliards, soit l’équivalent de celui des Américains, avec cependant une différence de taille : l’UE présente sur les moyens et longs termes des risques de vulnérabilité à la crise plus graves qu’aux USA. L’UE craint le risque d’un endettement public et d’un déficit en impliquant plus encore l’interventionnisme de l’Etat. Ce n’est pas le cas des USA qui ont pris le risque de l’endettement.
«Le système financier, dans son ensemble, travaille contre la reprise économique », avait déclaré le secrétaire d’Etat au Trésor américain, Timothy Geithner, à la veille de l’adoption du 2e plan de relance. Mais il a averti : «Nous ne voulons pas que le gouvernement assume, seul, tous les risques. Nous voulons que le secteur privé travaille avec nous».
Face aux USA et à l’UE, les pays émergents, qui tentent de contenir les effets à venir de la crise, sont confrontés à une curieuse situation : Ils sont sollicités pour secourir l’économie occidentale en maintenant un taux d’importation élevé et surtout en participant au financement du FMI et de la Banque mondiale. Tout ça, sans avoir le droit de décision dans ces deux organismes internationaux. Des exemples ? La Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud… ne sont pas membres de l’OCDE qui regroupe trente pays. Au FMI, des pays occidentaux comme les Pays-Bas, avec 10 millions d’habitants, ou le Luxembourg, avec ses 650.000 habitants, ont plus de voix au Conseil d’administration du FMI que la Chine. C’est donc à la condition d’une réforme des structures du FMI et de la Banque mondiale que l’implication des ces pays pourrait avoir un sens et la crise mondiale mieux endiguée.
Quant aux pays pauvres et en voie de développement, leur sort dépendra de l’aide et de la solidarité des riches. Ils n’ont pas les moyens de résister aux «assauts» dévastateurs de la crise qui frappe l’Occident. Pourtant, il leur faut moins d’argent que la seule Europe. «129 pays en voie de développement auront pour l’année 2009 un déficit de 300 à 700 milliards de dollars», a déclaré récemment le directeur général de la Banque mondiale, Robert Zoellick. Les besoins de quelques banques occidentales. Le FMI comme la Banque mondiale n’arrivent pas pour l’heure à mobiliser un tel montant. Elément révélateur s’il en faut, des excroissances perverses du capitalisme mondial.