Impact de la crise financière internationale sur l’Algérie
Impact de la crise financière internationale sur l’Algérie
Bouteflika incite à la prudence
Prenant à contre-pied son Premier ministre Ahmed Ouyahia, le chef de l’Etat a tenu à sensibiliser l’opinion nationale sur la vulnérabilité de l’économie algérienne, compte tenu de la mauvaise conjoncture internationale.
Ghardaïa. De notre envoyée spéciale, El Watan, 29 décembre 2008
La crise économique mondiale est à nos portes. Nous devons donc être prudents. Lorsque l’Etat algérien était dans l’opulence, nous n’avons pas été avares avec vous, mais aujourd’hui nous devons retrousser nos manches et nous mettre au travail car des années de vaches maigres nous attendent », a averti hier le président Bouteflika lors de sa réunion avec les notables de la wilaya de Ghardaïa. Une réunion de travail qui a clôturé une matinée pleine marquée par l’inauguration de plusieurs chantiers. Contredisant ainsi son Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le chef de l’Etat n’a pas manqué de faire allusion, dans son court discours, à la forte dépendance des Algériens à l’unique richesse – dont dispose le pays – que sont les hydrocarbures.
Une ressource qui leur a permis pendant de longues années d’avoir une vie facile. Cependant, a-t-il averti, avec la crise qui menace le monde, les Algériens doivent rompre avec la politique du gaspillage et apprendre à être productifs pour mettre sur le marché des produits d’un niveau qualitatif élevé pour pouvoir concurrencer les produits étrangers. « La rigueur doit être introduite dans la gestion des affaires du pays. Face à cette crise, nous devons serrer la ceinture et réfléchir à produire tout en évitant les dépenses inutiles », a martelé le président de la République, qui a soutenu en outre que « l’Etat va sévir et ne donnera plus d’enveloppes pour le financement de projets infructueux ». « Certaines personnes ont exposé leurs doléances, telles que le rapprochement de l’administration des élus. D’autres nous ont demandé de l’argent. Eh bien, vous devez le savoir, l’Etat ne donnera plus de sous à tort et à travers », a tranché le chef de l’Etat. Habituellement critique à l’égard de l’administration, M. Bouteflika a défendu hier l’Etat et ses institutions. A ce propos, il a rejeté en bloc les accusations de ceux qui ont parlé d’une absence de l’Etat lors des inondations de Ghardaïa et des catastrophes qui ont endeuillé d’autres wilayas du pays. « Si ce n’est pas l’Etat, alors dites-moi qui a pris en charge les sinistrés », a martelé Abdelaziz Bouteflika. Pour lui, la solidarité nationale s’est exprimée à travers l’intervention des institutions de l’Etat, telles l’ANP, la Protection civile et la société civile.
Et d’enchaîner : « Que je sache, la population de la vallée du M’zab n’a reçu d’aide d’aucun pays étranger et d’aucune autre organisation. C’est l’Etat qui a pris entièrement en charge la population de Ghardaïa et c’est l’Etat qui a géré la catastrophe. Je défie quiconque sur ce point », a précisé M. Bouteflika à l’égard de ceux qui doutent de la présence de l’Etat et des efforts déployés pour prendre en charge les citoyens sinistrés. Visiblement touché par les critiques lancées à l’endroit de l’Etat lors de la catastrophe de Ghardaïa, le président Bouteflika a expliqué aux habitants de cette ville que l’Etat algérien qui gère les impôts et l’argent des citoyens « intervient dans toute sa dimension lorsqu’il y a un problème ». Et de signaler qu’« il ne faut pas être ingrat, mais plutôt reconnaissant pour tous les efforts déployés jusqu’à aujourd’hui ». Pour Abdelaziz Bouteflika, « la citoyenneté sous-entend le respect de l’Etat ». Rappelant la fierté de la population de la vallée du M’zab, Abdelaziz Bouteflika s’est dit convaincu que la population de Ghardaïa n’aurait jamais accepté l’aumône. « Si j’étais persuadé que vous alliez accepter un centime de l’argent mis dans les réserves, je vous l’aurais donné. Mais personnellement, je sais que vous n’êtes pas des opportunistes et que vous ne prendrez jamais ce qui ne vous appartient pas », a déclaré le chef de l’Etat, qui a précisé que sa présence à Ghardaïa « n’est autre qu’une visite d’un frère à un frère sinistré ». A noter qu’une motion de soutien pour une « Ouhda thalitha » a été lue par les notables « ibadite, malékite et les membres de la société civile ». Le chef de l’Etat avait auparavant inauguré le projet de renforcement de la piste principale de l’aérodrome Moufdi Zakaria, situé à 13 km du chef-lieu de la wilaya. Il a aussi inauguré la nouvelle aérogare. Cette structure d’une superficie de 28 000 m2 bâtis dotée de toutes les commodités a été réalisée dans le cadre du programme sectoriel de développement et a coûté 250 millions de dinars. D’une capacité de traitement de 250 000 passagers par an, ce projet a permis la création de 30 postes d’emploi permanents. Le chef de l’Etat a procédé par ailleurs à la remise des clés des chalets du site d’Oued Nechou aux sinistrés des dernières inondations. Lors de la présentation du programme global de relogement sur le principal site (programme de 1500 chalets), le Président a insisté sur le respect des normes de construction et du cachet urbanistique local.
Par Nabila Amir