L’Afrique, la grande absente au G20

L’Afrique, la grande absente au G20

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 1er avril 2009

Au sommet du G20 qui se tiendra demain jeudi à Londres, la capitale britannique, l’Afrique n’aura pour porte-parole que l’Afrique du Sud, seul pays du continent invité par les organisateurs de la rencontre.

Cette sous-représentation de leur continent dans une réunion qui va débattre de la réforme du système financier mondial et des solutions à apporter à la crise économique internationale qui a résulté de ses dysfonctionnements, fait craindre aux milieux dirigeants et économiques africains que leur continent va subir une plus grande marginalisation. Et c’est vrai qu’à elle seule, l’Afrique du Sud aura bien du mal à faire entendre la voix et les préoccupations africaines en ce forum économique face à des blocs et des puissances préoccupées en premier lieu à faire adopter des décisions et des réformes qui vont dans le sens des intérêts de leurs économies nationales.

Les fragiles économies africaines sont pourtant celles qui sont les plus menacées par les effets induits sur elles par la crise mondiale, et cela sans que le continent ait une quelconque responsabilité dans les causes qui l’ont déclenchée. Il aurait été plus juste que l’Afrique, étant elle aussi victime de la tourmente qui affecte l’économie mondiale, soit associée d’une façon plus représentative aux discussions qui ont pour objectif la réorganisation du système financier et économique mondial.

Dans un premier temps, les experts mondiaux et africains ont avancé avec un excès d’optimisme que l’Afrique, «étant peu insérée dans les échanges financiers internationaux», allait échapper à la contagion de la crise qui a commencé par sévir aux Etats-Unis et en Europe, pour affecter ensuite les pays émergents en Asie et en Amérique latine.

Mais il est vite apparu que cette crise n’épargne pas le continent africain. Ses effets se font en effet ressentir au travers de la chute des cours des matières premières dont l’Afrique est un grand pourvoyeur, à laquelle s’ajoute la raréfaction des flux d’investissement directs étrangers et celle des aides aux pays en voie de développement, dont le continent a bénéficié avant le krach financier international. Ce sont là autant de conséquences qui vont faire que l’Afrique est condamnée à voir ses économies subir le ralentissement de l’expansion soutenue qu’elles ont connue pendant une décennie.

Sa mise à l’écart de la négociation qui s’engage jeudi dans la capitale anglaise, fait à juste raison craindre à l’Afrique qu’elle ne soit la grande oubliée des décisions qui en résulteront. Et l’on voit mal en effet comment les pays riches constituant le G20, tout préoccupés qu’ils sont à définir un scénario commun de sortie de crise pour leurs économies nationales, s’aviseront de penser au continent africain. Sinon peut-être à réduire leurs donations à celui-ci et à réviser à la baisse toutes les promesses d’engagement faites auparavant dans l’effort de développement et de réforme entrepris par les pays africains.

Assurément l’Afrique, qui subit déjà les ondes de choc de la crise économique mondiale, est en risque d’être encore la grande victime des mesures et décisions qui vont être prises à Londres, sans qu’elle ait droit au chapitre dans leurs discussions.