Récession économique mondiale, le G20 dos au mur
Un sommet réunira les chefs d’état le 2 avril à Londres
Récession économique mondiale, le G20 dos au mur
El Watan, 16 mars 2009
La réunion des grands argentiers du G20 a eu les résultats escomptés : arriver à une décantation de la crise financière et économique. Cette rencontre très attendue a débouché sur peu d’avancées concrètes. Les participants ont réduit l’ordre du jour à la simple préoccupation de dissiper le sentiment de division afin de préparer le sommet des chefs d’Etat du groupe, prévu pour le 2 avril dans la capitale britannique.
Les ministres des Finances ont ainsi adopté un droit de réserve et se sont distancés de la prochaine réunion des chefs d’Etat des 20 principaux pays développés et émergents. Ils ont seulement convenu de faire « tout ce qui est nécessaire » pour sortir le monde de la pire récession économique qu’il ait connu depuis les années 1930. Les ministres ne semblaient pas détenir la panacée pour y remédier ; ils se sont uniquement entendus sur une augmentation « très significative » des ressources du FMI. Quantitativement, cette hausse n’a pas encore été chiffrée, bien que lors d’une récente réunion des ministres européens des Finances à Bruxelles, on avait prévu que le FMI verrait ses revenus passer à 500 milliards de dollars. Cette décision, arrachée au forceps par l’institution de Dominique Strauss-Kahn auprès des grands argentiers européens, devrait être soumise à l’examen et à l’aval des chefs des 20 pays les plus industrialisés et émergents.
Le communiqué final de la réunion des ministres des Finances du G20 annonçait déjà une panoplie de mesures budgétaires, monétaires, financières ou de régulation. Une bataille semble lancée contre les fonds spéculatifs, les agences de notation et les paradis fiscaux qui feront l’objet d’un contrôle accru. Le secrétaire d’Etat britannique au Développement international, Douglas Alexander, a estimé qu’un « important signal » avait été envoyé « aux marchés ». Cependant, aucun engagement n’a été pris sur un nouveau plan de relance et les déficitaires sont restés sur leur faim. L’entrevue des ministres de Finances a été émaillée d’une vive controverse sur la volonté du Premier ministre britannique, Gordon Brown, qui entend faire adopter un « new deal à l’échelle de la planète ». Le journal britannique The Observer, repris par l’agence AFP, estime que « les espoirs de Gordon Brown d’unir les économies les plus puissantes du monde derrière une nouvelle série d’allégements fiscaux et de hausses des dépenses publiques ont subi un sérieux coup ».
Le même journal souligne en particulier la fin de non-recevoir opposée à un nouveau plan de relance par la chancelière allemande Angela Merkel, qui était à Londres samedi dernier. Ce grain de sable jeté par la chancelière allemande risque de gripper la machine du prochain sommet des chefs d’Etat. Ainsi, face à la nécessité d’apporter des solutions urgentes à la crise, l’enjeu de cohésion au sein du G20 se pose avec acuité. Les divergences sont apparues entre les Etats-Unis d’Amérique, partisans d’un plan de relance international, et les pays du vieux continent, plus enclins à renforcer la réglementation du système financier. A Washington, le président Barack Obama a ainsi rejeté l’idée de positions divergentes au sein du G20, auquel il demande une coordination pour réguler le système financier ainsi que des mesures de relance « suffisamment fortes ».
Des décisions politiques seront prises au prochain sommet du G20, a prédit le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, en visite samedi à Washington. La chancelière allemande Angela Merkel, a, de son côté, promis des « résultats substantiels » le 2 avril prochain. Selon Mme Merkel, « ce sommet enverra au monde un signal positif pour dire que nous voulons soutenir la croissance ». En attendant le prochain sommet du G20, la crise continue à faire trembler les Etats les plus puissants de la planète. L’enjeu de la cohésion plane sur le sommet et les divergences font grincer des dents.
Qu’est-ce que le G20 ?
Le groupement des pays les plus industrialisés et les Etats émergents, appelé G20, a été mis sur rails lors d’une réunion des ministres des Finances du G7 à Washington, en septembre 1999. Les « sept grands » de la planète avaient alors décidé d’insérer dans leurs rangs les principaux pays industriels et émergents et ce, afin d’œuvrer ensemble à l’élaboration des politiques économiques et financières. Le G20 a vu le jour en décembre 1999 dans la capitale allemande, lors d’une cérémonie inaugurale à laquelle ont participé les ministres des Finances et les directeurs des banques centrales des pays membres du G20. Ce groupement est composé de 19 pays membres (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Canada, Russie, Chine, Argentine, Australie, Brésil, Inde, Indonésie, Mexique, Arabie Saoudite, Afrique du Sud, Corée du Sud et Turquie) et l’Union européenne. Ces pays et entité totalisent plus de 80% du produit intérieur brut (PIB) mondial et environ 80% du commerce mondial, ainsi que les deux tiers de la population mondiale. Il s’agit d’un appareil de dialogue non officiel qui fonctionne selon le principe préconisé par les accords de Bretton Woods. Le G20 ne dispose pas de secrétariat permanent, mais les grands argentiers du G20 ainsi que les gouverneurs des banques centrales des pays membres se réunissent annuellement ; les entrevues sont chapeautées par une présidence tournante. La dernière réunion du G20 remonte à novembre 2008.
Par Ali Titouche