Le G20 Finances planche sur la réforme du FMI
Le G20 Finances planche sur la réforme du FMI
L’Europe ferme le jeu
El Watan, 6 septembre 2009
Le G20 Finances, qui réunit les ministres des Finances et les banquiers centraux des grands pays industrialisés et émergents, était d’accord, hier, lors d’une réunion à Londres destinée à préparer le sommet de Pittsburgh les 24 et 25 septembre, pour que ses membres préparent des stratégies de sortie de crise et des mesures de relance de l’économie mondiale.
Toutefois, ceux-ci ont tous pensé que le moment n’est pas encore venu de les mettre en œuvre. Du coup, les membres du G20 Finances ont divergé sur de nombreux points inscrits à l’ordre du jour, tels la réforme du Fonds monétaire international (FMI), la réforme des règles comptables et la refonte du capital des banques. La France et l’Allemagne sont en effet opposées au plan américain qui veut obliger les banques à mettre en réserve des proportions de fonds propres plus importantes. Les pays européens ont demandé, néanmoins, que la réunion de deux jours du G20 Finances aborde, en priorité, la question des bonus des traders. Avant l’ouverture officielle des débats, vendredi, les Européens sont d’ailleurs montés au créneau. Les ministres des Finances de sept pays – Suède, France, Espagne, Allemagne, Italie, Luxembourg et Pays-Bas – ont mis l’accent sur ce système controversé de rémunération, accusé d’avoir incité des prises de risques qui ont conduit à la crise actuelle. La demande européenne semble avoir été entendue puisque les ministres des Finances du G20, à l’issue de négociations difficiles, ont trouvé un « petit » compromis sur la question du plafonnement des bonus des banquiers, en acceptant que les moyens de les mettre en œuvre soient étudiés pour le sommet de Pittsburgh, selon une source du G7. Les Américains sont sur le fond toujours « hostiles » au principe du plafonnement de ces rémunérations variables, a confirmé cette source citée par l’AFP. Mais la solution trouvée devrait permettre de satisfaire tout le monde en inscrivant le mot « plafonnement » dans le communiqué final, sans que celui-ci n’implique un engagement formel à appliquer à court terme une telle limitation. Il faut dire que l’offensive européenne sur les bonus n’a pas suscité de réactions enthousiastes parmi les autres membres du G20. Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, n’avait pas du tout évoqué le dossier au début des travaux de la rencontre, préférant se concentrer sur les efforts américains pour lancer des négociations sur un nouvel accord international visant à augmenter les réserves de capitaux des banques. Les Etats-Unis espèrent qu’un accord sur cette question sera trouvé d’ici la fin 2010 et entrera en vigueur fin 2012.
Quelle place pour les pays en développement ?
De leur côté, les pays en développement devaient mettre à profit la rencontre pour revendiquer une place plus importante dans les institutions financières internationales. Dans l’optique justement du prochain G20 de Pittsburgh, le directeur général du FMI a demandé aux gouvernements, dans un discours prononcé vendredi à Berlin et intitulé « Par-delà la crise : croissance durable et stabilité du système monétaire international », de « formuler » des stratégies de sortie de crise claires pour mieux accompagner la reprise. Pour Dominique Strauss-Kahn, la réforme de la régulation financière ne va pas assez vite. Il a émis des craintes sur l’attitude et la situation des banques et sur le marché immobilier. Selon lui, « l’économie mondiale semble être en train d’émerger enfin de la pire récession que nous ayons connue ». Dans cette optique, il estime qu’il faut « continuer à soutenir la demande jusqu’à ce que la reprise se soit fermement installée ». Les dirigeants du G20, qui regroupe des pays riches et en développement représentant 80% de l’économie mondiale, avaient promis, lors de leur dernier sommet à Londres, en avril, de nouvelles règles strictes sur les rémunérations dans le secteur bancaire, mais peu de chose a changé depuis. Une situation qui peut d’ailleurs très bien justifier les craintes du directeur général du FMI. Mais comme pour la question des bonus, les ministres des Finances du G20 ont aussi évoqué, sans parvenir à un accord, la réforme du FMI. Le sujet oppose les Européens aux Etats-Unis et aux pays émergents. Les Européens ont confirmé qu’ils étaient, certes, favorables à une plus grande représentativité des pays émergents, mais souhaitent que la réforme concerne tous les sujets, y compris la remise en cause du droit de veto des Etats-Unis. Mais en fermant ainsi le jeu, l’Europe montre qu’elle a surtout peur de perdre de son influence.
Par Zine Cherfaoui