En attendant un G20 politique…

En attendant un G20 politique…

par K. Selim, Le Quotidien d’Oran, 31 mars 2009

Le 2 avril 2009, les regards d’un monde inquiet seront tournés vers Londres. Beaucoup d’experts, d’économistes, de financiers ont débattu à longueur de colonnes sur ce que devrait être l’ordre du jour du sommet du G20.

Le débat euro-américain sur les priorités – régulation ou relance -, qui promettait des controverses épiques, semble s’orienter vers un modus vivendi. Les Américains, qui ont montré par le secrétaire au Trésor, Tim Geitner, leur volonté réformatrice, ne demanderont pas aux Européens de fournir un effort budgétaire supplémentaire. A leur tour, soucieux de complaire à leur puissant allié, les Européens n’écartent pas la possibilité d’une seconde vague de relance « si les circonstances l’imposent ».

L’agenda de la rencontre, influencé, pour ne pas dire largement déterminé par les pays riches, va donc être centré a minima sur les voies et moyens d’empêcher la réédition, au moins à terme, prévisible, d’une autre crise financière. Il sera ainsi essentiellement question de réglementation bancaire, d’encadrement de l’activité des hedges funds, de surveillance des marchés financiers et de réduction du rôle des paradis fiscaux.

Bien évidemment, présence des pays émergents oblige, des concessions devront être faites, notamment en matière de gouvernance, du FMI et d’allocations de ressources aux pays pauvres les plus touchés par la récession. L’élément le plus significatif étant la promesse de mettre l’accent enfin sur le développement économique de ces pays et la réorientation (jusqu’à quel point ?) des missions des organismes de Bretton-Woods. On a de la peine à imaginer malgré tout que le FMI puisse s’émanciper de la police des équilibres macro-financiers au service des multinationales…

Sous la houlette du G7, véritable comité directeur des affaires économiques de la planète, le G20 va entériner des décisions visant à nettoyer les écuries d’Augias de l’économie libérale mondialisée. Aucune transformation en profondeur du modèle de consommation au Nord, ni de la forme des échanges avec le Sud n’est évoquée. Comment pourrait-il en être autrement pour les idéologues du marché ? Il ne sera certainement pas question d’envisager à Londres la moindre remise en cause de l’ordre économique actuel. Même la proposition chinoise de création d’une monnaie internationale de réserve n’est considérée que comme une hypothèse à très long terme.

Ainsi, au fil des jours, il se révèle progressivement que le sommet du G20, tant médiatisé, risque de n’être qu’une réunion de consolidation technique de haut niveau.

Il reste à savoir si les réponses esquissées à la crise mondiale seront à la hauteur d’une récession qui n’en est aujourd’hui qu’à ses prémices. L’impression générale qui se dégage de la communication intensive autour de la crise est que son intensité, certes importante, est circonscrite et que la durée de la récession ne devrait pas excéder quelques mois. Ce prudent optimisme paraît excessif au vu des annonces négatives et de la dégradation des indicateurs. L’évaluation des résultats du G20 ne tardera donc pas.

La règlementation renforcée du marché et les niveaux actuels des programmes de relance non coordonnés suffiront-ils à remettre en marche une machine grippée, non seulement par la perte de confiance mais aussi par des dysfonctionnements structurels ? La réponse sera rapidement fournie.