Fin de la récession ou fin de la crise ?
par K. Selim, Le Quotidien d’Oran, 10 septembre 2009
Chiffres à l’appui, Supachai Panitchpakdi, secrétaire général de la Cnuced, vient de confirmer que la reprise tant attendue n’est pas pour cette année. Le PIB des pays développés se contractera en 2009 de 4% et celui des pays en transition de 6%. La croissance des pays en voie de développement devrait tomber de 5,4% en 2008 à 1,3% cette année. Parmi les régions en développement les plus touchées, figure l’Amérique latine, où le PIB chutera probablement d’environ 2% en 2009.
Contrairement à l’Asie de l’Ouest où le PIB devrait reculer, l’Asie de l’Est et du Sud devrait afficher une croissance de 3 à 4% cette année. Le continent africain maintiendra, selon toute vraisemblance, des taux de croissance positifs, de 3% en Afrique du Nord et de 1% en Afrique subsaharienne. Le PIB mondial devrait enregistrer une contraction supérieure à 2,5%.
Les rebonds des marchés boursiers et l’évolution des prix des matières premières ne doivent pas faire illusion. Les analystes de la Cnuced les considèrent comme des évolutions spéculatives qui ne traduisent pas la réalité toujours déprimée de l’économie globale. Il n’empêche que le bout du tunnel récessif semble être en vue. La Cnuced, corroborant les évaluations de nombreux économistes, estime que la planète pourrait retrouver une croissance positive, de l’ordre de 1,6%, en 2010.
L’Opep, elle aussi, partage cette projection. Hier, à Vienne, les membres de l’organisation ont annoncé leur volonté de maintenir l’actuel niveau de production, traduisant ainsi un relatif optimisme prudent sur l’évolution des prix du baril et de la conjoncture internationale. Le FMI est dans la même veine. Il a revu à la hausse ses prévisions de croissance pour 2009 et 2010, en notant que la récession a pris fin plus vite que prévu.
La récession semble effectivement connaître une halte mais la permanence de la crise se traduit par les très mauvais chiffres de l’emploi dans les pays développés. Le chômage s’élargit au rythme des destructions d’emplois sans que la reprise soit encore au rendez-vous.
Pour certains observateurs américains, l’embellie est statistique, elle n’est nullement perçue par le public le plus large. La formule résume correctement une situation où un certain nombre d’indicateurs reflètent une amélioration sensible, mais dont la traduction dans la réalité quotidienne n’est pas perceptible au niveau des populations.
Les programmes de relance sur ce front produisent des résultats contrastés. La Chine maintient le cap d’une croissance soutenue, alors que l’Europe et les Etats-Unis limitent les dégâts et se félicitent de chiffres moins mauvais que prévus. La conjoncture actuelle, à la veille du sommet du G20 qui aura lieu les 24 et 25 septembre à Pittsburgh, aux Etats-Unis, démontre la nécessité du soutien concerté aux économies par les Etats et du maintien d’un niveau élevé de coordination des politiques économiques. Certains dirigeants politiques occidentaux se réjouissent bien prématurément. D’autres mesures de régulation internationale et de soutien aux activités sont nécessaires. La fin proclamée de la récession ne signifie pas la fin de la crise.