La Banque mondiale revoit à la baisse la croissance: La crise arrive en Algérie
par Djamel Belaïfa, Le Quotidien d’Oran, 19 janvier 2012
Dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales 2012, publié mardi soir, la Banque mondiale vient de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour l’Algérie par rapport à ses estimations faites en juin dernier. Alors que ces estimations pronostiquaient une croissance du PIB de 3,6 % en 2012, le nouveau rapport prévoit pour l’Algérie une croissance de 2,7% en 2012 et de 2,9% en 2013 (contre 3% en 2011). La Banque mondiale explique cette révision à la baisse par la dégradation de la conjoncture économique mondiale dans le sillage de la crise de la dette dans la zone euro. Pour la BM, «la crise de la dette dans la zone euro et l’affaiblissement de la croissance dans plusieurs grandes économies émergentes assombrissent les prévisions de croissance dans le monde». La BM souligne que les recettes provenant des exportations algériennes en hydrocarbures ont augmenté de 25% en 2011 et ont représenté 26% du PIB. Une partie de ces revenus, ajoute-t-elle, «a été utilisée par le gouvernement pour l’augmentation des salaires du secteur public, le soutien à l’emploi et la promotion du secteur de l’habitat, ainsi qu’à l’atténuation de la pression sur le niveau de vie suite à la hausse des prix des produits alimentaires». Toutefois, la Banque mondiale a souligné que «l’augmentation des dépenses à près de 0,6% du PIB en 2011 et un déficit budgétaire représentant 1,1% du PIB ont peu de chances d’être soutenables à moins que le prix du pétrole reste à un haut niveau comme il l’est actuellement». Selon les estimations de la BM, dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), les pays exportateurs de pétrole, dont l’Algérie, «sont les mieux placés pour résister au plus gros de la crise, mais à condition que les prix du pétrole ne connaîtraient pas une trop forte baisse en cas d’un recul substantiel de la demande». L’institution financière mondiale précise, toutefois, que si les pays exportateurs de pétrole de MENA ont très nettement bénéficié de l’envolée des prix du pétrole, ils sont toujours vulnérables à une chute brutale de ces cours». Le rapport de la Banque mondiale révèle, par ailleurs, que les recettes pétrolières des pays producteurs de la région MENA (y compris ceux du Conseil de Coopération du Golfe) ont atteint un montant global de 785 milliards de dollars en 2011. La BM souligne, en outre, que la hausse des cours de pétrole «a fourni un financement substantiel pour les pays exportateurs de la région, qui leur a permis de soutenir les programmes de subventions et de création d’emplois ainsi que des projets d’infrastructures. Ce qui a servi à juguler une bonne partie de l’incertitude sociale dans cette catégorie de pays». Sur un autre plan, cette institution financière considère que la région fait, actuellement, face à deux catégories de tensions et d’incertitudes: la plus importante est celle des effets des perturbations internes suite aux révoltes populaires connues par certains pays, et une détérioration de l’environnement externe (principalement en Europe) engendrant des «conséquences néfastes sur le commerce des marchandises, le tourisme et les autres recettes d’exportations». Le rapport indique qu’une année après les révoltes populaires dans la région, les troubles politiques et les questions d’économie continuent à déterminer les politiques économiques et une bonne partie des perspectives de croissance. A ce propos, elle considère que «même si les élections tenues en Egypte, en Tunisie et au Maroc s’étaient bien déroulées, un certain degré de dissension sous-jacente demeure». Selon elle, «un éventuel échec à atteindre la stabilité politique et macroéconomique amplifierait les incertitudes, en maintenant l’activité économique et les investissements à des niveaux bas et pour une période prolongée». Dans la région MENA, la BM table sur une croissance de 2,3% en 2012 et de 3,2% en 2013 contre 1,7% en 2011. Pour les pays en développement, la BM pronostique une croissance de 5,4% en 2012 alors qu’elle tablait sur un PIB en hausse de 6,2%.