Production végétale et animale en 2021 : Les raisons de la contre-performance
Mahmoud Mamart, El Watan, 4 juillet 2023
Le stress hydrique, qui a impacté le pays ces dernières années, est pour beaucoup dans la baisse du rendement du secteur agricole. Comme en 2021, les producteurs et les agriculteurs sont confrontés cette année à la même problématique.
L’Office national des statistiques (ONS) vient de rendre publics les principaux indicateurs relatifs à la production végétale et animale pour la saison 2020/2021. S’appuyant sur les données statistiques provenant de la direction des systèmes d’information, des statistiques et de la prospective (DSISP) relevant du ministère de l’Agriculture et du Développement rural, les chiffres de l’ONS révèlent la tendance baissière dans la production de plusieurs produits, tels les céréales, les légumes secs, les cultures maraîchères ou l’huile d’olive.
Dans le détail, les produits céréaliers (toutes espèces confondues), occupant une place stratégique dans le système alimentaire et dans l’économie nationale, ont fortement baissé de 36,6% par rapport à 2019/2020. Selon la même source, la production de cette filière a connu une tendance baissière depuis la campagne 2018/2019 pour atteindre 14,3 q/ha en 2020/2021. Un recul dû au stress hydrique qui a frappé le pays, a-t-on expliqué.
La production des céréales d’hiver a, quant à elle, été évaluée durant la même campagne agricole 2020/2021 à 27,6 millions de quintaux, contre 43,9 millions de quintaux en 2019/2020, soit une baisse de 37%.
Dans le détail, la production de blé dur, qui représente 66% des céréales d’hiver, a atteint 18,3 millions de quintaux en 2020/2021, contre 25,8 millions de quintaux en 2020/2021, ce qui représente une baisse considérable, soit 29%. Il en va de même pour l’orge, le blé tendre et l’avoine qui ont vu leur production baisser respectivement de 54%, 37% et 42%. Par ailleurs, la production du triticale continue sa tendance haussière pour atteindre un volume de 6148 quintaux en 2020/2021.
Concernant les céréales d’été, la production a fortement augmenté, enregistrant un volume de 183 076 quintaux, contre 34 776 quintaux en 2019/2020, pour une superficie de 3586 hectares contre 598 hectares. Cette hausse est, selon la même source, due «exclusivement à la spéculation du maïs qui a enregistré une production de l’ordre de 179 212 quintaux, soit 146 999 quintaux de plus. Il en va de même pour le sorgho qui a vu sa production augmenter de 51%».
Par ailleurs, la production des cultures industrielles a affiché une hausse de 20%. Par produit, la production de la tomate industrielle (qui représente 97% de la production globale des cultures industrielles) s’élève à 23,2 millions de quintaux, contre 19,3 millions de quintaux en 2019/2020. La même évolution a été constatée pour la production d’arachide, qui s’est accrue de 28%. En revanche, celle du tabac a subi une baisse de 18%. Il y a lieu de souligner qu’après avoir enregistré un pic de 151 646 quintaux en 2018/2019, ce produit affiche une tendance à la baisse au cours des deux années suivantes.
Concernant la production des légumes secs, l’ONS indique qu’elle est évaluée à 984 423 quintaux, soit une baisse de 14% par rapport à la campagne précédente. Elle est constituée essentiellement de fèves-féveroles et pois chiches avec respectivement 40,3% et 39,4%. Comparativement à la campagne précédente, l’évolution de la production de cette filière fait ressortir des baisses sensibles au niveau des fèves-féveroles, les pois secs et les lentilles avec 21%, 25% et 34% respectivement.
Quant au pois chiches, la production a enregistré une baisse de 3%. En revanche, la production des haricots secs, qui ne représente que 3,7% de la production des légumes secs, a marqué une hausse considérable de 76%. Pour ce qui est des gesses et guerfalas, le volume produit estimé reste inchangé, soit toujours 1150 quintaux, selon la même source.
A propos des cultures maraîchères, la production a atteint 146 millions de quintaux durant la même campagne, avec une baisse de 2,9%. Cette baisse a touché l’ensemble des produits, à l’exception des tomates (0,4%), oignons (2,7%), ails (14,8%), piments (7,3%), aubergines (7,8%) et choux verts (27,2%). Dans le détail, la pomme de terre, qui est un produit de large consommation, avec 30% de la production nationale des cultures maraîchères, affiche une baisse de 6%.
Par ailleurs, les oignions et les tomates, considérés aussi comme des produits de large consommation avec des proportions de 12% et 11%, ont vu leurs productions en hausse de 2,7% et 0,4% respectivement. Concernant les pastèques et les melons, qui représentent 14% de la production nationale des maraîchages, une baisse de 8,2% a été constatée durant cette campagne.
Cultures fruitières : mi-figue, mi-raisin
La production de l’ensemble des cultures fruitières a enregistré un volume de l’ordre de 14,7 millions de quintaux durant la campagne agricole 2020/2021, affichant ainsi une baisse de 4,2% par rapport à la campagne précédente. Cette perte est attribuée, selon la même source, à la «superficie complantée» qui s’est réduite de 8536 hectares.
Hormis les abricots et les nèfles, qui ont vu leurs productions augmenter de 1% et 8% successivement, toutes les autres variétés fruitières ont subi des baisses lors de cette campagne. La production des pommes, qui représente 35% du total de la production fruitière, a baissé de 7,9% en 2020/2021, indique-t-on.
Pour ce qui a trait à la production fourragère, elle a atteint 46,1 millions de quintaux, contre 50,7 millions de quintaux lors de la campagne antérieure. Les fourrages artificiels, qui s’octroient la plus grande part (86%) de la production totale des fourrages, ont atteint 39,7 millions de quintaux en 2020/2021, soit une baisse de 7,7% par rapport à la campagne précédente.
Pour ce qui est des fourrages naturels, la production a réalisé un fléchissement de 17,5% durant cette campagne. Cette baisse est due «aux jachères fauchées qui ont vu leur production régressée de 19,9%. De même pour la production des prairies naturelles, qui a enregistré une baisse de 5,4%».
La production des agrumes s’est établie, quant à elle, à 15,1 millions de quintaux, contre 15,6 millions de quintaux au cours de la campagne précédente. Dans le détail, la production d’oranges, qui représente 75% de la production agrumicole, a baissé de 3,2%. Les productions des autres variétés, à savoir les clémentines, les mandarines et les citrons, ont diminué respectivement de 2,7%, 10,5% et 1,5%. En revanche, la production des pomélos a progressé de 5,3% durant cette même campagne.
La quantité de vignoble produite est évaluée à 6,3 millions de quintaux, enregistrant ainsi une hausse de 13,7% comparativement à 2019/2020. Cette augmentation est due essentiellement à «la hausse de la production des raisins de table, qui constitue près de 95% de la production totale de vignes».
En effet, explique la même source, la production des raisins de table a marqué une croissance de 14,9% lors de cette saison. Par ailleurs, la production de raisin de cuve continue toujours sa tendance baissière observée depuis la campagne 2013/2014, marquant une diminution de 5,3% en 2020/2021 par rapport à la campagne écoulée. Quant à la vigne de séchage, la production demeure toujours nulle, et ce, depuis la campagne agricole 2016/2017.
La production de dattes est évaluée à 11,9 millions de quintaux, soit une hausse de 3,2% par rapport à la campagne antérieure. Par variété, Deglet Nour, qui représente près de 53% de la production de dattes, a connu une hausse timide de 1,3%. Il en va de même pour les dattes sèches et les dattes molles, qui ont vu leurs productions en hausse de 1% et 9% respectivement.
Par ailleurs, et bien que le nombre d’oliviers a augmenté durant la campagne agricole 2020/2021 de 4%, la production d’olives a été marquée par un repli estimé à 34,7%. En effet, la production est passée de 10 795 080 en 2019/2020 à 7 046 195 quintaux en 2020/2021. Enfin, les figuiers ont réalisé une production de l’ordre de 1 072 665 quintaux, marquant ainsi une régression de 8% par rapport à la campagne précédente, soit une perte en volume de 88 765 quintaux.
Cheptel et produits de l’élevage
Des productions qui se maintiennent Comparativement à 2020, le cheptel global enregistré en 2021 a légèrement augmenté de 0,9%, passant ainsi de 37 978 620 têtes à 38 319 684 têtes.
Toutes races confondues, le cheptel est caractérisé par la prédominance de la race ovine avec 81,2%, suivie par les caprins et les bovins avec 13,1% et 4,5% successivement. Quant aux camelins et équins, ils ne représentent que 0,7% et 0,4% respectivement de l’effectif total du cheptel. Par race, l’effectif du cheptel ovin est estimé à 31 127 846 millions de têtes en 2021, dont 62% de brebis et 34% d’ovins de moins de deux ans. Comparativement à l’année précédente, l’effectif de la race ovine a connu une augmentation timide de l’ordre de 0,7%.
La même évolution a été constatée pour les brebis, qui ont enregistré une croissance de 0,5%. Par ailleurs, l’effectif des agnelles a baissé de 0,3%. Concernant le cheptel bovin, dont l’effectif est toujours en baisse depuis 2017, il s’est établi à 1 732 964 têtes en 2021. L’effectif des vaches laitières, qui représente 52% du total bovin, s’est réduit aussi de 411 vaches. Par contre, les taureaux ont enregistré une hausse de 5,8%, passant à 75 091 têtes en 2021.
Pour ce qui est du cheptel caprin, l’année 2021 a enregistré 5 024 888 têtes, soit une hausse de 2,4% par rapport à 2020. S’agissant du cheptel camelin, le nombre de têtes est estimé à 448 546 en 2021, enregistrant ainsi une augmentation de 3,4%. Cette hausse est due essentiellement aux chamelles, qui constituent 63,5% du total camelin et qui ont vu leur nombre augmenter de 3,4%. Pour le cheptel équin, le nombre de têtes est évalué à 148 977 têtes en 2021. La production des viandes rouges réalisée en 2021 est estimée, quant à elle, à 5 376 380 quintaux, soit une augmentation de 1,3% par rapport à l’année 2020.
Cette hausse est attribuée à la production de la viande ovine, qui compte près de 64% de la production totale des viandes rouges. Les productions des viandes caprines et équines ont aussi augmenté de 13 359 quintaux et 34 quintaux respectivement. Par ailleurs, les viandes bovines et camelines ont vu leurs productions en baisse de 1,2% et 0,4% comparativement à l’année écoulée.
Pour ce qui est des viandes blanches, la production a atteint 4 308 462 de quintaux. Un fléchissement par rapport à l’année d’avant dû essentiellement à la production de viande de poulet, qui constitue 91% de la production des viandes blanches et qui a enregistré une régression de 19,9%. La production de viande de dinde a aussi diminué au cours de cette année de 36%.
Concernant la production de lait, l’année 2021 a réalisé un cumul de 3,29 milliards de litres, dont 879 637 millions de litres collectés. Comparativement à l’exercice 2020, la production du lait a marqué une diminution de 3%, en revanche, la collecte a affiché une augmentation de 7%. S’agissant de la production d’œufs de consommation, une baisse de 1% a été enregistrée.
En effet, elle passe d’une production évaluée à 6,17 milliards d’unités en 2020 pour atteindre 6,08 milliards d’unités en 2021. En matière de production de miel, l’année 2021 a réalisé un volume de l’ordre de 51 147 quintaux, contre 53 765 quintaux en 2020. Pour ce qui est de la production de la laine, le volume réalisé en 2021 est évalué à 377 896 quintaux, contre 378 903 quintaux en 2020.
M. M.