Les experts se penchent sur la crise

L’économie dans l’impasse

Les experts se penchent sur la crise

El Watan, 21 septembre 2015

Durant la rencontre organisée par le Conseil national économique et social (CNES) hier, le Premier ministre a reconnu la difficulté de la situation, notamment en raison de la baisse des recettes du pétrole (moins de 35 milliards de dollars en 2015).

Un mélange d’aveux, d’appels au changement et de tentatives d’assurance. C’est l’exercice auquel s’est livré, hier, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, devant les experts et universitaires ayant pris part à la rencontre organisée par le Conseil national économique et social (CNES), sous le thème «Défi de la résilience à l’exigence de l’émergence de l’économie algérienne». Dans son allocation, il reconnaît d’emblée «la difficulté de la situation», notamment en raison de l’importante baisse des recettes pétrolières, dont le niveau (moins de 35 milliards de dollars en 2015) est très inquiétant.

En faisant cet aveu ponctué, toutefois, d’une note d’optimisme, Abdelmalek Sellal semble vouloir préparer l’opinion au pire. Il appelle au changement des mentalités et dresse même le profil «du citoyen modèle», à ses yeux. «La question n’est pas d’ordre économique ou financier. La question qui est très importante est celle du changement des mentalités», a-t-il déclaré. Le premier responsable du gouvernement appelle, dans ce sens, à changer le regard des Algériens sur le travail. «Il faut travailler plus et il faut changer notre regard sur le travail.

Il y a une différence entre partir travailler et aller au travail», a-t-il lancé, reprenant les anecdotes populaires qui critiquent l’attitude des fonctionnaires algériens qui font plutôt acte de présence sur leur lieu de travail. Il appelle aussi à mettre un terme au gaspillage. «Il faut comprendre que le bon citoyen ne gaspille pas l’eau, ne gaspille pas le pain, ne gaspille pas l’énergie. On lutte contre le gaspillage et la renonciation», a-t-il insisté.

Cependant, M. Sellal ne veut pas être alarmiste. Selon lui, il faut refuser de sombrer dans le pessimisme, d’autant plus que la situation macroéconomique actuelle de l’Algérie «est nettement meilleure que celle qui prévalait en 1986». «Notre pays est doté aujourd’hui d’infrastructures modernes et de capacités humaines clairement supérieures», a-t-il lancé. Pour Abdelmalek Sellal, la conjoncture actuelle «offre une opportunité d’introspection et de prise de décisions audacieuses pour construire une nouvelle vision économique et modifier les modes de fonctionnement et de régulation».

«Notre pari, c’est l’entreprise»

«Notre repère, c’est la croissance», a affirmé M. Sellal. Il a indiqué, dans la foulée, que «le modèle de croissance de l’économie nationale ainsi que le cadrage budgétaire du programme quinquennal 2015/2019, qui prenaient en compte la dégradation possible des cours des hydrocarbures, avaient été validés depuis juillet 2014 par le gouvernement».

Rappelant les décisions prises en décembre 2014 pour faire face à cette situation, le Premier ministre a évoqué les quelques mesures que le gouvernement compte mettre en œuvre en 2016. Ainsi, a-t-il dit, le gouvernement poursuivra en 2016 ses actions destinées à la promotion de l’investissement, au soutien de l’entreprise et à l’encouragement du secteur national productif. M. Sellal a estimé que «l’entrepreneur algérien demeure au cœur de la création de croissance». «Notre pari, ce sont l’entreprise et l’entrepreneur algériens qui sont au cœur de la création de richesses et de croissance», a-t-il lancé.

Selon lui, les dispositions de la loi de finances complémentaire 2015 et de la loi de finances 2016 «vont dans cette direction d’optimisation des recettes du budget de l’Etat, de soutien aux entreprises, de facilitation de l’investissement ainsi que d’encouragement du secteur national productif». «La promotion de l’investissement est une priorité et c’est ensemble que nous devons trouver les solutions aux contraintes et aux entraves qui empêchent son développement et le rendent moins attractif que l’activité de commerce», a-t-il soutenu. Parmi les mesures aussi, il cite la volonté de contenir l’évolution des engagements budgétaires de l’Etat par le changement des comportements des ordonnateurs au niveau central et local, et d’engager concrètement le passage du budget au marché par la captation de l’épargne des ménages, la dynamisation des circuits du Trésor et la bancarisation des liquidités de la sphère informelle.
Madjid Makedhi