Exportations gazières vers l’Espagne : L’Algérie en tête des fournisseurs
Zhor Hadjam, El Watan, 13 mai 2023
L’Algérie a récupéré en avril la première place de fournisseur gazier de l’Espagne, devant les Etats-Unis et la Russie, avec un total de 34 190 gigawattheures (GWh), durant les quatre premiers mois de l’année en cours, selon les données du dernier bulletin statistique de l’opérateur espagnol de gestion des infrastructures énergétiques «Enagás». L’Algérie a ainsi livré 29 312 GWh par gazoduc, depuis le début de l’année, et 4878 GWh sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL), livré par méthaniers, couvrant 24,2% de la demande espagnole.
Selon le dernier rapport de la Corporation des réserves stratégiques de produits pétroliers (Cores), relevant du ministère espagnol de la Transition écologique, en plus du transfert régulier de gaz via le Medgaz, Sonatrach a réactivé l’envoi de méthaniers vers l’Espagne, par rapport aux mois précédents, avec la plus grosse expédition de gaz en seize mois, totalisant 31% du total de gaz provenant d’Algérie. «Un chiffre dépassé seulement en novembre 2021 et qui survient après plusieurs mois, au cours desquels le transport de gaz par méthaniers n’a même pas atteint un mètre cube», selon le média The Objective qui souligne que certaines sources avancent que «l’Algérie a décidé d’augmenter sa liquéfaction parce qu’elle a réussi à atteindre une plus grande capacité d’exportation de gaz».
Le média avance une autre hypothèse selon laquelle «cette situation peut également être due à une augmentation plus importante de la demande des sociétés de négoce européennes qui ont acheté du gaz liquéfié, dans le but de le regazéifier en Espagne. Enfin, certaines entreprises espagnoles pourraient avoir déclenché une augmentation des achats d’hydrocarbures. Une situation qui compromettrait les objectifs de l’exécutif,espagnol de réduire la demande de gaz», note le média.
L’Algérie avait exporté en mars 24,5% du gaz consommé en Espagne, derrière les Etats-Unis avec 29,1%, le Nigeria 15,6, et la Russie 14,4%. L’Algérie avait fourni 6.403 gigawattheures (GWh) de gaz, via le Medgaz et 2.871 GWh de GNL transportés par méthaniers, soit un total de 9274 GWh, équivalent à 24,5% de la consommation totale espagnole, selon les données du dernier bulletin publié par l’opérateur espagnol de gestion des infrastructures énergétiques Enagás. Durant le mois de février, l’Algérie avait été le principal fournisseur de gaz naturel de l’Espagne avec un total de 7481 GWh (-15 % sur un an), dont 75 GWh arrivés par bateau sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL) et le reste transporté via le Medgaz.
Gaz, une nouvelle hausse des prix en perspective
Francisco Reynés, président du groupe espagnol Naturgy, prévient que la réouverture de la Chine et de l’Inde, deux des plus gros consommateurs d’énergie au monde, entraînera – après la parenthèse de la pandémie – une nouvelle hausse des prix du gaz, qui connaissent actuellement une période de calme relatif, après avoir atteint des sommets l’an dernier, à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine, selon le journal espagnol La Expansion.
Lors de sa participation au IV Forum International, le patron de Naturgy a déclaré : «Nous n’avons pas assez de sécurité pour dire que la situation (en référence aux prix de l’énergie) restera stable tout au long de cette année, car les grands tireurs de la demande, comme la Chine et l’Inde, participeront également à la génération d’une courbe de demande globale qui aura clairement un impact sur les prix, en particulier le gaz, à court terme», a assuré Reynés. Le responsable a expliqué que la situation actuelle de prix bas sur le marché de l’énergie est due à un hiver exceptionnellement chaud et au fait qu’à ce jour, les réserves de gaz des principaux pays de l’Union européenne (UE) «sont pleines».
Et il a également souligné qu’il est prévisible que les stocks chuteront à l’approche de l’été, qui, avec l’hiver, est l’autre période de l’année avec une plus grande consommation d’énergie. «L’UE a fixé les stocks de gaz pour l’hiver 2022 à 80% et pour 2023, elle a fixé le niveau cible à 90%. Par conséquent, s’il est nécessaire de faire le plein, et toute tension sur le côté demande implique un mouvement de la courbe des prix», a souligné le président-directeur général de Naturgy.
Négociations ardues avec l’Algérie
Dans son allocution, Reynés, qui vient d’être réélu à la présidence de Naturgy pour une durée de quatre années supplémentaires, a souligné en outre que les oscillations du prix du gaz «à la hausse et à la baisse» ont affecté «les négociations contractuelles avec l’Algérie, principal fournisseur de Naturgy, et la politique commerciale de l’entreprise – qui a fixé un plafond de 65 euros par mégawatt avec ses clients – avant le plafonnement du gaz n’entre en vigueur».
Le président du groupe espagnol, Naturgy, Francisco Reynés, a déclaré récemment que les négociations avec le groupe Sonatrach, en vue de la réactualisation des prix du gaz pour 2023, dans le cadre des contrats à long terme, risquent d’être longues et difficiles. Le contrat gazier à long terme entre Naturgy et Sonatrach prévoit un bilan d’étape et une révision des prix pour la période 2022-2024. Un premier accord a été difficilement conclu entre les deux parties pour l’année 2022 et les tractations se poursuivent en vue de fixer les prix du gaz, à livrer à l’Espagne dans le cadre des contrats couvrant 2023-2024.