Le président de la république à l’ouverture des assises sur l’agriculture : «L’autosuffisance alimentaire d’ici 2025»
Sofia Ouahib, El Watan, 01 mars 2023
On atteindra l’autosuffisance d’ici 2025», c’est ce qu’a affirmé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de la cérémonie d’ouverture des Assises nationales de l’agriculture qu’il a présidée hier au Palais des nations à Alger. «Ces assises sont, sans nul doute, l’un des plus importants rendez-vous, surtout au regard de ce qui se passe dans le monde», a-t-il ajouté.
Placées sous le slogan «Agriculture : sécurité alimentaire durable», ces assises ont regroupé 440 participants représentant les différentes branches du secteur, et ce, en présence de hauts responsables de l’Etat et membres du gouvernement. Organisés par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural, les travaux de ces assisses visent non seulement à mettre en avant les performances significatives réalisées ces dernières années par le secteur, mais également à consolider les acquis des diverses filières agricoles et poursuivre les actions sur la voie d’une sécurité alimentaire durable. D’ailleurs, le chef de l’Etat a assuré que la sécurité alimentaire était devenue «une soupape de sécurité» à laquelle les gouvernements demeurent attachés, en la plaçant en tête des priorités et au cœur de leur stratégie. «Le secteur de l’agriculture est même plus important que celui des hydrocarbures. L’Etat mise sur le secteur agricole pour se libérer de la dépendance aux recettes des hydrocarbures», a précisé M. Tebboune. «Notre indépendance est liée aux hydrocarbures, certes, mais elle est surtout liée à l’agriculture. Le jour où notre agriculture contribuera au PIB à hauteur de 30%, on aura franchi une autre étape», a-t-il ajouté. Pour M. Tebboune, s’il est impossible d’atteindre l’autosuffisance dans tous les produits alimentaires, il est néanmoins important, selon lui, que certains produits agricoles stratégiques soient produits à 100% localement. «Nous nous félicitons des résultats positifs réalisés ces dernières années par le secteur agricole, contribuant à hauteur de 14,7% dans le PIB», a affirmé le président de la République dans son allocution. Ainsi avec cette contribution, le secteur agricole arrive en deuxième position juste derrière les hydrocarbures (24%).
Pour sa part, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Mohamed Abdelhafid Henni, a estimé important de concentrer les efforts sur le secteur agricole et cela pour le mettre sur «les rails de la modernisation». Ce dernier a d’ailleurs affirmé que le boom enregistré dans le secteur est principalement dû aux mesures exceptionnelles mises en place ces trois dernières années. A noter qu’en 2022, la production agricole a bondi en valeur de 38% par rapport à 2021, passant de 3500 milliards de dinars (25 milliards de dollars) à 4550 milliards (33 milliards de dollars). «Le secteur emploie également quelque 2,7 millions de travailleurs et couvre 75% des besoins du marché national en produits agricoles», a affirmé M. Tebboune, soulignant les atouts dont dispose le pays et appelant à accélérer la cadence.
Faible rendement du Blé
Evoquant la filière céréalière, qu’il a qualifiée de «socle» au vu de la pénurie en Europe, le président Tebboune a insisté sur la nécessité de fournir des «chiffres exacts» sur la production, rappelant l’impérative «numérisation du secteur agricole pour définir avec exactitude les chiffres de la production et exploiter les terres agricoles». «Nous consommons 9 millions de tonnes de céréales par an et, pour le moment, nous ne produisons que la moitié», a révélé le chef de l’Etat, assurant que l’Algérie dispose de tous les moyens et outils pour produire ces 9 millions de tonnes de céréales que nous consommons. Pour M. Tebboune, «les rendements de blé d’environ 23 quintaux l’hectare demeurent très faibles. Il nous faut plutôt tabler sur 30 à 35 quintaux l’hectare». C’est pourquoi, le président de la République a confié espérer que «toutes les mesures discutées soient appliquées».
Des Chiffres erronés
Dans son allocution, Abdelmadjid Tebboune a souligné la nécessité d’aller vers la numérisation du secteur agricole et cela afin que l’Etat puisse contrôler les chiffres de production et d’exploitation des terres agricoles et cultivées. Il a, par ailleurs, évoqué les chiffres avancés ces 10 dernières années, pour la majorité erronés. «Si les chiffres d’aujourd’hui sont exacts, cela n’a pas toujours été le cas par le passé. Et cela ne nous permettait pas d’agir en conséquence.» A titre d’exemple, M. Tebboune a expliqué : «Dans le secteur de la céréaliculture, on a toujours parlé de 3 millions d’hectares emblavés chaque année. Or, les nouvelles statistiques nous apprennent qu’en réalité, nous n’avons jamais dépassé les 1,8 million d’hectares.» Et ce n’est pas un cas à part. En effet, le cheptel ovin national a été évalué, jusque-là, à quelque 29 millions de têtes. «Pourtant, il ne dépasse pas les 19 millions de têtes, selon les vrais chiffres», a précise le Président, qui a ajouté qu’«un pays qui veut retrouver sa puissance économique et agricole doit procéder avec les bons chiffres».
Importation de Tracteurs
Le président de la République a également appelé à moderniser les outils agricoles. Il a d’ailleurs rappelé que l’Etat n’a pas empêché l’importation de tracteurs pour moderniser les mécanismes d’exploitation agricole.
Double culture au Sud
S’il estime que l’agriculture algérienne est sur la bonne voie, M. Tebboune a demandé à ne pas négliger les atouts dont dispose le pays, dont le Sud de son territoire, et ce, notamment à travers l’Office de développement de l’agriculture industrielle en terres sahariennes (ODAS). «On peut faire autant, si ce n’est plus, que les pays producteurs de céréales car nous avons la chance d’avoir de vastes terres.» A cet effet, M. Tebboune a affirmé : «Il faut compter sur d’autres mécanismes pour l’agriculture dans le Sud.» En effet, si contrairement au Nord, qui doit se plier aux différentes saisons et où on ne peut cultiver qu’une fois, le Sud offre la possibilité de la double culture. «Les régions du Sud peuvent d’ailleurs produire 100% des fourrages dont nous avons besoin», a soutenu M. Tebboune, rappelant dans le même sillage que le pays dispose de 87 barrages fonctionnels. «L’idéal est d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et ne plus compter sur les hydrocarbures, qui resteront un héritage pour les générations à venir. Et pour l’heure, nous sommes sur la bonne voie», a conclu M. Tebboune.