Alerte Algérie : le détenu Zakaria Elmounkid Guerfa en danger

Algeria-Watch, 28 février 2023

Zakaria Elmounkid Guerfa est détenu arbitrairement depuis plus de huit mois, Les autorités lui reprochent d’avoir, comme des millions d’Algériens, participé aux manifestations du Hirak. Récemment ce prisonnier d’opinion a été victime de sévices en prison.

Âgé de 33 ans, Z. E Guerfa est un blogueur spécialisé dans la question des droits humains en Algérie. Récemment, pour des raisons économiques il a été contraint de se reconvertir en marchand de fruits et légume ambulant.

Arrêté le 24 juillet 2022, après avoir répondu à une série de convocations de la police d’El Tarf (nord-est du pays), Z. E Guerfa est finalement conduit manu militari à Alger. Placé sous mandat de dépôt le 28 juillet, il est placé en détention à la maison d’arrêt d’El Harrach. Le 5 décembre 2022, il est condamné par le tribunal d’El Tarf à une année de prison ferme. Les délits qui lui sont reprochés sont d’ordre politique : avoir exposé au regard du public des tracts de nature à nuire à l’unité nationale; délit d’outrage à un corps constitué, participation et promotion d’un attroupement non armé. Ces accusations participent d’un arsenal juridique mobilisé par le pouvoir algérien contre plusieurs hirakistes. Cette condamnation pourrait être alourdie, car d’autres charges pèsent sur Z. E Guerfa, toutes liées à ses activités politiques non violentes.

Depuis quelques mois Z. E Guerfa fait face à un harcèlement systématique de la part des personnels pénitentiaires dans les prisons où il est détenu depuis son interpellation.
Le 25 janvier 2023, il est transféré de la prison d’El-Harrach vers une destination inconnue. Il arrive le jour même à la prison Said Abid de Bouira où on lui précise qu’il n’y séjournera que temporairement. Dès son arrivée dans l’enceinte de la prison, il est accueilli par le chef de détention et son adjoint, connus sous les noms de Bob et Yazid, qui le passent à tabac. Il est ainsi sévèrement battu durant de longues minutes à l’issue desquelles il est jeté en cellule.

Depuis ce tabassage la santé de Z. E Guerfa s’est dangereusement détériorée. Le 22 février des proches venus lui rendre visite sont choqués par l’état physique déplorable du détenu. Il porte des traces de coups sur tout le corps, son dos, ses jambes et ses bras sont particulièrement marqués. Z.E Guerfa informe ses visiteurs que ses vêtements et autres effets personnels ont disparu. Et qu’il ne pense pas les retrouver car ils auraient été subtilisés par les gardiens.

Le 24 février 2023, Z. E Guerfa, Malik Riahi et Sofiane Rabiai alias Pion-Pion sont frappés à coups de bâton par douze gardiens en présence du chef de détention et son adjoint. Les gardiens les battent sans retenue sur tout le corps, les insultent et déchirent leurs vêtements. Ils sont punis pour avoir demandé, en plein hiver, des couvertures et la mise en service du chauffage.

Depuis cette agression Z. E Guerfa est interdit de visite jusque 29 mars 2023. Devant ces violences répétées et au risque de récidive de gardiens connus pour leur brutalité, le père de Zakaria a déposé plainte auprès du procureur général de la cour de Bouira.

Algeria-Watch prend l’opinion internationale à témoin, demande aux autorités de mettre un terme définitif à ces pratiques dégradantes qui les déshonorent, de punir les fonctionnaires coupables de tels agissement, appelle au respect absolu de l’intégrité physique et morale de tous les détenus sans distinction et à la libération immédiate de Z. E Guerfa sans condition préalable.