Sixième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) : Une radioscopie de la population algérienne
Omar Berbiche, El Watan, 7 février 2023
Le 7 décembre dernier, un communiqué des services du Premier ministre avait annoncé que les résultats préliminaires du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) seront dévoilés vers la mi-janvier. L’information avait été communiquée par le ministre de la Numérisation et des Statistiques lors de la réunion hebdomadaire du gouvernement. L’engagement avait été pris à cette occasion, afin que les résultats définitifs de l’opération de recensement soient disponibles «six mois après la date d’exécution du recensement», avait précisé la source gouvernementale. Soit, la première semaine du mois de mars prochain, l’opération de recensement s’était étalée du 25 septembre au 9 octobre «avec une prolongation d’une semaine pour la prise en charge du recensement des retardataires». Le directeur général par intérim de l’Office national des statistiques (ONS), Youcef Bazizi, qui s’exprimait au Forum d’El Moudjahid, avait confié que les résultats consolidés ne seront pas prêts avant une année. Au plan du financement de l’opération, le même responsable avait indiqué qu’une enveloppe de 5 milliards de dinars a été dégagée par l’Etat pour couvrir les frais de gestion de l’opération et portant sur la prise en charge des dépenses de transport, de formation des formateurs, de rémunération des agents recenseurs… Entamée en 2019, la préparation du 6e RGPH a duré presque quatre années. C’est dire la complexité de la tâche au plan de la mobilisation des moyens logistiques, de l’exécution de l’opération sur le terrain, de son suivi et, ultime étape, de l’exploitation des données recensées qui serviront à alimenter les statistiques sectorielles pour l’élaboration des politiques publiques et les plans nationaux de développement.
Placé sous le signe «Recensons notre présent pour construire notre avenir», le dernier RGPH permettra aux pouvoirs publics de se doter d’un outil statistique actualisé d’aide à la décision à travers une évaluation fine des besoins de la population dans les domaines divers de l’emploi, de la santé, de l’éducation, de la culture, des loisirs… C’est aussi, pour l’Etat, une opportunité renouvelée en vue d’ajuster ou de réajuster le niveau de croissance démographique du pays et la politique nationale de la natalité avec les exigences du développement durable et des droits fondamentaux des citoyens à l’accès aux bienfaits du progrès, à un meilleur cadre de vie En dépit des efforts pédagogiques faits par les pouvoirs publics au plan de la sensibilisation sur la portée stratégique de l’opération de recensement, à travers les supports d’informations et les campagnes publicitaires appuyés par les actions de sensibilisation de proximité sur le terrain, le rapport du citoyen à l’acte de recensement est encore, hélas ! parfois, entouré d’une certaine méfiance ; le recensement est considéré comme une intrusion dans la sphère privée. Chose qui peut, sinon entacher les résultats, du moins atténuer leur pertinence si le phénomène de désaffection ou des réponses tronquées dépasse le seuil scientifique d’erreur toléré, au-delà duquel les données statistiques obtenues et leur interprétation deviennent inintelligibles. La prolongation de la date de clôture de l’opération de recensement avait été perçue, par certains, comme un grain de sable dans la machine. Le non-respect du délai fixé pour rendre publics les résultats vont donner immanquablement du grain à moudre à ceux qui doutent de la fiabilité des statistiques officielles. L’inscription de ce dossier à l’ordre du jour du Conseil des ministres d’hier est d’autant opportune qu’elle permettra d’éclairer un peu plus l’opinion sur l’évaluation de l’opération de recensement de septembre dernier, de révéler, à tout le moins, les tendances lourdes en attendant la publication des résultats affinés par l’ONS et surtout, les recommandations et les engagements qui seront pris pour mettre en adéquation la richesse des bases de données recueillies avec les exigences socioéconomique et autres du pays.
Intervenant dans un contexte national particulier marqué par l’engagement de l’Etat de lutter contre les disparités régionales en éradiquant les zones d’ombre et en améliorant le cadre de vie des différentes couches de la population, ce recensement n’a pas vocation à aller grossir les dossiers des cartons des archives de l’administration. C’est le phare qui doit éclairer la marche du pays, à l’avenir.