Algérie – Italie : Giorgia Meloni à Alger pour aller au-delà du gaz

Ryad Hamadi, TSA 22 Janvier 2023

La présidente du Conseil italien d’extrême-droite, Giorgia Meloni, est attendue ce dimanche 22 janvier à Alger pour une visite de deux jours.

Signe de l’excellence et de l’importation des relations entre les deux pays, il s’agit du troisième déplacement d’un premier ministre italien en Algérie en moins d’une année, après ceux de Mario Draghi en avril et juillet 2022.

Giorgia Meloni entend d’ailleurs poursuivre et consolider le processus de partenariat gagnant-gagnant entre l’Algérie et l’Italie qui a été initié par son prédécesseur.

Quelques semaines après le déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, Draghi s’est rendu à Alger pour assister à la signature d’un accord entre Sonatrach et ENI portant augmentation des livraisons de gaz algérien pour l’Italie de l’ordre de 9 milliards de mètres cubes supplémentaires sur trois ans.

En juillet, c’est un accord de 4 milliards de dollars qui a été signé entre la compagnie algérienne des hydrocarbures et trois firmes mondiales (ENI, Occidental et Total), pour le développement de champs gaziers algériens destinés au renforcement de l’approvisionnement de l’Italie. À la même période, une augmentation des flux de 4 milliards de mètres cubes de gaz vers l’Italie était déjà annoncée.

L’Italie a mis à profit ses relations historiques avec l’Algérie pour se mettre dans une position confortable dans un contexte de tension mondiale sur l’énergie, marqué par la volonté de l’Europe de s’affranchir des hydrocarbures russes.

La semaine dernière, le PDG d’ENI, Claudio Descalzi, a indiqué que l’hiver prochain sera calme pour son pays grâce aux flux supplémentaires qui viendront d’Algérie.

Avec 25 milliards de mètres cubes par an, l’Algérie est devenue le principal fournisseur de l’Italie en gaz.

L’Algérie, pour sa part, souhaite aussi exporter de l’électricité vers l’Italie et l’Europe, obtenir un transfert de technologie et de savoir-faire pour moderniser son économie et attirer plus d’investissements italiens dans d’autres domaines en plus du secteur énergétique.

Quelques mois après les deux visites de Draghi, le groupe automobile Stellantis a annoncé en grande pompe l’ouverture prochaine en Algérie d’une usine de véhicules de la marque italienne Fiat.

Ce que cherche l’Algérie

À la tête d’un gouvernement d’extrême-droite, Giorgia Meloni s’est montrée jusque-là très pragmatique dans ses déclarations sur les relations avec les pays de la rive sud de la Méditerranée.

Avec l’Algérie, elle entend consolider le partenariat énergétique et tenir les engagements de son prédécesseur pour une coopération plus diversifiée, envisageant des investissements dans l’énergie verte, l’industrie pharmaceutique, la mécanique, l’agro-industriel, le tourisme et les start-up.

Ce double objectif apparaît à travers la composante de la délégation qui l’accompagne à Alger. On y trouve notamment l’inévitable Claudio Descalzi, PDG d’Eni, et Carlo Bonomi, président de Confindustria, la principale organisation patronale italienne.

Selon la presse italienne, deux nouveaux accords dans le domaine de l’énergie sont prévus, tandis que Bonomi signera avec ses vis-à-vis algériens des accords visant à faciliter les échanges entre les entreprises des deux pays.

Les échanges ont nettement augmenté l’année passée, boostés par l’augmentation des flux de gaz et la révision à la hausse des prix.

Alors que le total des échanges s’est élevé en 2021 à 7,33 milliards d’euros (5,57 milliards de livraisons algériennes d’hydrocarbures et 1,76 milliard d’importation de produits italiens), les seules exportations algériennes de produits énergétiques ont atteint 12,2 milliards de dollars pendant les 9 premier mois de 2022. Les exportations italiennes vers l’Algérie ont aussi augmenté pendant la même période, de 1,2 à 1,6 milliard de dollars.

Giorgia Meloni compte aller au-delà du partenariat stratégique dans le gaz avec l’Algérie. Dans le programme de son gouvernement, figure un projet visant à renforcer les liens avec la rive sud de la Méditerranée et l’Afrique. Intitulé la « proposition Mattei », du nom du fondateur d’ENI et ami de la révolution algérienne Enrico Mattei, le projet fait de l’Algérie un pont avec le continent.

Enfin, les observateurs en Italie estiment que le thème de l’immigration cher à l’extrême-droite italienne dont est issue Mme Meloni ne manquera pas de s’inviter dans la visite même si le problème ne se pose pas avec la même acuité qu’avec la France, principale destination de l’immigration algérienne.