Hadj Nacer : « Le hirak n’a pas échoué »
TSA, 05 Janvier 2023
Près de quatre ans après son déclenchement le 21 février 2019 qui a chassé du pouvoir Abdelaziz Bouteflika du pouvoir après 20 ans de règne, la question de la réussite ou de l’échec du hirak se pose toujours. Pour Abderrahmane Hadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, le hirak « n’a pas échoué ».
« Le hirak était un message de la population au pouvoir pour lui dire : vous avez provoqué le hirak, mais nous lui avons donné un autre sens que celui d’être un simple arbitre entre les clans », analyse Hadj Nacer dans un entretien accordé à Berbère Télévision, et pour qui le hirak n’est pas venu spontanément.
« Nous ne faisons pas d’illusions. Le hirak a été nécessité d’un arbitrage par la rue, devenu impossible au sommet du pouvoir. Mais au lieu de se faire dans la brutalité, cet arbitrage s’est transformé en débordement populaire dans un pacifisme inattendu».
Ce que propose Hadj Nacer
Hadj Nacer explique que le hirak n’a pas réussi pour deux raisons. « D’abord, au sommet, il y avait des gens qui ne voulaient pas entendre parler d’un partage de pouvoir, ce qui montre l’incapacité de comprendre que la population a changé. Ensuite, il y a eu des évènements comme le Covid, la répression. Mais ce n’est pas la répression qui a pesé sur le hirak, c’est plutôt le Covid. Enfin, le discours interne au hirak avec toutes les manipulations de régionalisation, de détournement du sens de l’histoire », analyse encore M. Hadj Nacer.
L’ex-gouverneur de la Banque d’Algérie pense que même s’il n’a pas réussi, le « hirak n’a pas échoué » parce que le pouvoir « n’a toujours pas de légitimité populaire ».
« Le pouvoir n’a que la distribution de la rente », explique-t-il, en soulignant que le « système qui depuis les années 1990 a détruit tous les corps intermédiaires ». « Il n’y a pas de syndicats, pas de partis politiques, pas de journaux dignes de ce nom. Il n’y a rien qui permette au pouvoir et à la population de se parler », pointe-t-il.
Abderrahmane Hadj Nacer estime que le problème réside dans le « manque d’ingénierie politique ». « Le hirak n’a désigné personne pour parler en son nom », tacle Hadj Nacer, qui pointe « l’absence du système d’arbitrage » dans le pays. « Les mêmes causes produiront les mêmes effets (…) On voit bien que l’absence du système d’arbitrage fait reproduire les mêmes éléments de la crise ». Pour lui, il faut « rétablir le système d’arbitrage qui va trouver des solutions ».