Algérie – Espagne: Les négociations sur le prix du gaz se poursuivent

R. N., Le Quotidien d’Oran, 13 septembre 2022

Naturgy accepte une augmentation des prix du gaz algérien pour l’Espagne, mais seulement pour une durée de deux ans, alors que Sonatrach veut une période de trois années, selon le journal électronique espagnol ‘El Confidencial’.

Dans un article publié hier, ‘El Confidencial’ affirme que Naturgy, «la société qui détient le super contrat de fourniture de gaz pour l’Espagne avec l’Algérie», avance dans les négociations avec son homologue algérien Sonatrach. Citant de hauts responsables faisant état de «négociations en cours» et que «Naturgy a accepté la révision du prix du gaz qu’elle achète à Sonatrach, avec effet rétroactif à partir d’octobre /novembre 2021, prix que les sociétés ENI (Italie) et Engie (France) paient déjà».

«Ces mêmes sources expliquent toutefois que la négociation n’est pas close et qu’il n’y a toujours pas d’accord sur les délais. Désormais, Naturgy doit, selon Alger, accepter que le nouveau tarif soit en vigueur pendant trois ans, comme le demande Sonatrach. La société espagnole présidée par Francisco Reynés n’accepte que deux ans», ajoute la publication.

Selon la même source, «il existe des divergences sur ce que sera la situation du marché du gaz dans trois ans». «Alors que la firme espagnole estime que les prix vont baisser et atteindre des niveaux de situation normalisée, similaires à ceux d’avant la crise», côté Algérien on prévoit «qu’en 2024, les prix continueront à être élevés pour cette matière première essentielle». Citant également l’Opérateur du marché ibérique de l’énergie (OMIP), le journal précise qu’actuellement «le contrat de gaz pour l’année 2024 est à plus de 114 euros par MWh, moins que le prix actuel, mais toujours 5 fois plus cher qu’avant la pandémie».

Le journal rappelle que les négociations entre Sonatrach et Naturgy ont commencé depuis l’automne dernier. «Cet accord à long terme s’étend au-delà de 2030 et, pour l’instant, les autorités algériennes ont assuré que l’approvisionnement de l’Espagne sera garanti», mais Alger veut aussi une augmentation des prix du gaz à leur niveau actuel en Europe qui a atteint «15 fois la situation d’avant la crise (jusqu’à 300 euros MWh, contre 20 euros MWh, au cours de la dernière décennie)».

Par ailleurs, des «sources du secteur de l’industrie» ont déclaré à El Confidencial qu’« aucun des opérateurs gaziers en Espagne et au Portugal [Cepsa, Galp et Naturgy] n’a encore conclu d’accord avec l’Algérie pour mettre à jour les prix du gaz». Ajoutant que dans le cas d’ENI et d’Engie, «l’accord sur la hausse du prix a été conclu uniquement pour les années 2022 et 2023», alors que «pour l’année 2024 il est en attente», en raison de la «forte incertitude existant sur les prix du gaz» à cette période.

«Si la négociation entre les parties aboutit à des hausses de prix, les consommateurs espagnols finiront par être affectés par ces hausses, avec des conséquences sur l’inflation, qui est à un niveau record depuis les années 80 (plus de 10%). Une inflation qui a provoqué la plus forte hausse des taux d’intérêt de la BCE de l’histoire, avec pour conséquence une augmentation des coûts hypothécaires et de financement», affirme encore la publication.

Le journal annonce que le commissaire européen à l’Energie, Kadri Simson, se rendra en Algérie le 10 octobre pour évaluer la situation de l’approvisionnement en gaz de l’Europe après avoir visité l’Egypte et l’Azerbaïdjan.

«L’intention de Simson est de voir la possibilité d’obtenir de meilleurs prix pour l’achat de gaz naturel grâce à la plateforme d’achat conjointe que la Commission européenne est en train de mettre en place. Quelque chose de similaire à ce qui a déjà été fait avec les vaccins contre le covid-19», lit-on encore.