Verdict des procès en appel de Mohamed Benhalima et Mohamed Abdellah : Entre remises et confirmation des peines

Salima Tlemçani, El Watan, 5 septembre 2022

Le verdict des trois procès de Mohamed Benhalima, ex-caporal de l’armée algérienne, dont il a déserté les rangs, pour rejoindre l’Espagne, où il s’est converti en «youtubeur» très actif sur les réseaux sociaux et dont les publications ont fait l’objet de plusieurs poursuites judiciaires, est tombé.

Expulsé par les autorités espagnoles, il a été pris en charge par les services de police, chargés des enquêtes préliminaires, avant d’être remis aux autorités judiciaires militaires, qui le poursuivent pour «désertion et divulgation d’informations classées confidentielles à des pays étrangers», des faits qui lui ont valu la peine de mort, prononcée par contumace.

Le 28 août dernier, Benhalima a été jugé par la chambre pénale près la cour d’Alger, pour trois affaires distinctes liées à ses publications et vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, qui lui ont valu trois peines de prison, 8 ans, 5 ans et 3 ans, prononcées en première instance. Il avait nié les faits, évoquant «un piratage» de ses comptes, et déclaré aussi qu’il n’a fait que dénoncer la corruption, avant de se plaindre «d’abus» et «d’actes de maltraitance» , dont il dit avoir fait l’objet, durant l’enquête préliminaire.

Le procureur général a demandé une aggravation de la peine de 8 ans, pour la porter à 10 et celles de 5 ans et 3 ans, alors que son avocat Me Zakaria Belahrech a réclamé tout simplement la relaxe. Hier, la présidente de la chambre pénale a revu à 6 ans, la peine de 8 ans, et à 3 ans celle de 5 ans et maintenu celle de 3 ans.

Durant la même audience d’appel, en ce dimanche 28 août 2022, la présidente de la chambre pénale a également jugé Mohamed Abdellah, qui avait deux affaires enrôlées, dont une a été renvoyée. Mohamed Abdellah, ancien élément de la gendarmerie, a déserté les rangs de GN, pour se réfugier en Espagne. Très actif sur les réseaux sociaux, il a été poursuivi pour plusieurs affaires liées à ses activités sur la toile, mais aussi pour sa désertion, qui lui a valu une condamnation de 20 ans de prison ferme, prononcée par contumace. Lors de son procès, il a nié les faits reprochés et s’est défendu en affirmant que ses publications ne concernent que la corruption.

Le procureur général n’y a pas été avec le dos de la cuillère. Il a tout simplement demandé une aggravation de la peine de 3 ans de prison ferme, prononcée en première instance, alors que son avocat, Me Zakaria Belahrèche, a plaidé la relaxe, après avoir démonté les inculpations. Hier, la présidente de la chambre pénale a confirmé la sanction pénale de 3 ans.

Il est important de rappeler que les procès de Benhalima et d’Abdellah, devant le tribunal militaire de Blida, pour leur désertion, ont été reportés à deux reprises. Le dernier renvoi a eu lieu au mois de juillet dernier, et à ce jour aucune date n’a été retenue pour l’examen de leurs dossiers. Il est à rappeler que Mohamed Benhalima est poursuivi pour au moins une trentaine d’affaires et Mohamed Abdellah, pour une vingtaine.

Parmi ces dossiers, certains relèvent de la criminelle, voire du terrorisme, pour leur appartenance, à en croire les autorités judiciaires, à l’organisation islamiste «Rachad», dirigée par d’anciens cadres du parti dissous, installés à l’étranger, et inscrite par l’Algérie, sur la liste des «organisations terroristes».