Alerte Algérie : le détenu Abderrahmane Zitout en danger

Algeria-Watch, 29 juillet 2022

Depuis plus de cinq mois Abderrahmane Zitout est illégalement détenu dans la Prison d’El Harrach. Son seul crime est d’être le frère de Mohamed Larbi Zitout, résident en Grande-Bretagne, très suivi sur Youtube.

Propriétaire d’une modeste boutique de prêt-à-porter, Abderrahmane Zitout se tient notoirement éloigné de toute activité politique et n’est plus en contact avec son frère depuis plusieurs années.

Le 30 mars 2022 à dix-huit heures plus d’une douzaine d’agents de police en civil et lourdement armés prennent d’assaut la maison familiale des Zitout dans la ville de Laghouat (à 400 kilomètres au sud d’Alger). Ils trouvent Abderrahmane dans sa boutique située au rez-de-chaussée de l’édifice. Les agents de police filment toute l’opération et lui demandent d’ouvrir deux coffres installés dans le magasin. Cette perquisition se poursuit dans le domicile d’Abderrahmane Zitout en présence de ses enfants terrifiés.

Abderrahmane est alors transporté manu militari au commissariat central d’Alger où il est interrogé par des agents de la division de la police judiciaire d’Alger-Centre pendant de longues heures cinq jours durant. Ni sa famille ni ses avocats ne sont informés de son lieu de détention.

Placé en mandat de dépôt à la prison d’El-Harrach depuis le 5 avril 2022 l’état de santé d’Abderrahmane Zitout ne cesse depuis de se détériorer.

Souffrant d’une hernie discale, il a perdu toute mobilité et est contraint de se déplacer en chaise roulante. Abderrahmane Zitout souffre également d’un ulcère à l’estomac qui provoque de vives douleurs. Selon ses proches qui ont pu lui rendre visite, son acuité visuelle, sans qu’on en connaisse les raisons, s’est gravement détériorée. En dépit de sa santé dégradée, l’administration pénitentiaire refuse son transfert à l’infirmerie, l’obligeant à partager une cellule de 15 m2 avec 7 autres codétenus.

Abderrahmane Zitout fait face à de graves accusations de terrorisme et tombe sous le coup de l’exorbitant article 87 bis du Code pénal, dispositif qui date de la sale guerre et déjà pointé par de sévères critiques de la part des rapporteurs spéciaux de l’ONU. Dans le cas de Abderrahmane Zitout aucune preuve de ses supposées activités terroristes n’a été fournie; toutes les accusations du parquet reposent exclusivement sur son lien familial avec Mohamed Larbi Zitout.

Cette incarcération s’apparente donc plus à une prise d’otage afin de faire pression ou de se venger de l’activiste Mohamed Larbi Zitout, dont les interventions sur les réseaux sont très suivies, ce qui est intolérable par un régime soucieux d’étouffer toutes les voix dissidentes.

Algeria-Watch prend l’opinion internationale à témoin et appelle à la libération immédiate d’Abderrahmane Zitout sans condition préalable.