Algérie-France : Macron appelle à renforcer les liens entre paris et Alger

Amel Blidi, El Watan, 6 juillet 2022

Le président français, Emmanuel Macron, a appelé, dans une lettre adressée à son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, à l’occasion du soixantenaire de l’indépendance, au «renforcement des liens déjà forts» entre la France et l’Algérie.

«L’anniversaire des 60 ans de l’indépendance de l’Algérie, le 5 juillet 2022, est l’occasion pour le président de la République d’adresser, par une lettre au président Tebboune, ses vœux au peuple algérien et de dire son souhait que se poursuive le renforcement des liens déjà forts entre la France et l’Algérie», a indiqué la Présidence française. Il a également réitéré, selon ses propos repris par l’agence AFP, son engagement à poursuivre sa démarche de reconnaissance de la vérité et de réconciliation des mémoires des peuples algérien et français.

En parallèle, et fidèle à ce que les médias français nomment la politique du «en même temps», le président français a profité de l’occasion pour faire un geste envers les pieds-noirs. Une gerbe de fleurs a ainsi été déposée hier en son nom au Mémorial national de la Guerre d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, à Paris, en hommage aux victimes du massacre d’Européens à Oran le 5 juillet 1962, a annoncé lundi soir l’Elysée.

Faut-il voir dans ce message un retour à la normale des relations algéro-françaises, après la grave crise diplomatique provoquée, notamment, par les propos du président Macron sur l’histoire de l’Algérie et le régime algérien ? Emmanuel Macron avait, pour rappel, affirmé que «l’Algérie, après son indépendance en 1962 qui a mis fin à 132 ans de colonisation française, s’était construite sur une rente mémorielle, entretenue par le système politico-militaire».

En réaction, les autorités algériennes ont rappelé l’ambassadeur d’Algérie à Paris, qui n’a regagné son poste que le 6 janvier dernier, après avoir été reçu au siège de la Présidence par Abdelmadjid Tebboune. Depuis lors, les deux pays ont enclenché une nouvelle phase de rapprochement, notamment à travers des échanges de communication entre le président français et son homologue algérien, exprimant notamment leur volonté de les «approfondir» lors d’un entretien téléphonique le 18 juin.

Après la publication du rapport de l’historien français Benjamin Stora, en janvier 2021, le président français s’est engagé par des «actes symboliques» pour tenter de réconcilier les deux pays, excluant néanmoins «repentance» et «excuses».

Il faut dire que depuis son accession à l’Elysée et dès son premier mandat, le président français avait engagé une politique de «petits pas» menée avec la plus grande prudence et censée, selon lui, apaiser la question mémorielle entre les deux pays : restitution des ossements de 24 résistants algériens tués au XIXe siècle, reconnaissance de la responsabilité de l’armée française dans la mort du militant anticolonialiste Maurce Audin et de l’avocat Ali Boumendjel durant la Bataille d’Alger en 1957 et ouverture d’une partie des archives de la guerre d’Algérie.

Par ailleurs, dans un exercice de funambule veillant à ne pas froisser les lobbies mémoriels français, il exprime le 26 janvier 2022 «la reconnaissance» de la France envers les rapatriés d’Algérie et exhorte à «reconnaître» et «regarder en face» le «massacre du 5 juillet 1962» à Oran, qui toucha «des centaines d’Européens, essentiellement des Français». Il réaffirme ainsi «son attachement à ce que la mémoire n’occulte aucun pan de l’histoire et à ce que celle-ci soit transmise».