Emigration clandestine : La France va expulser par bateau des migrants illégaux algériens et tunisiens

M. F. Gaïdi, El Watan, 24 mai 2022

Après l’Espagne, la France a décidé d’expulser par bateau des «migrants illégaux» algériens, vivant sur son territoire. Pour ce faire, l’administration policière de Marseille a été chargée pour exécuter cette mission, une première par voie maritime.

Le 14 mai dernier, deux contrats à destination de l’Algérie et de la Tunisie ont été conclus avec l’entreprise de transport maritime Corsica Linea pour renvoyer des migrants indésirables. C’est ce qu’a rapporté, dans son édition d’hier, africaintelligence.com : «Le Secrétariat général pour l’administration de la police (SGAP) de Marseille qui dépend du ministère de l’Intérieur, a conclu le 14 mai deux contrats à destination de l’Algérie et de la Tunisie avec l’entreprise de transport maritime Corsica Linea, qui effectue régulièrement des liaisons avec le Maghreb».

Parmi les clauses de ces deux contrats, il est prévu que la compagnie maritime corse prévoit des cabines sécurisées puisque le rapatriement forcé sera assuré par une escorte qui accompagnera de près les expulsés tout au long du trajet. Outre les «migrants illégaux» algériens, des Tunisiens ayant le même statut, présents également sur le territoire français, seront concernés par la même mesure, décidée par le ministère de l’Intérieur français.

Force est de relever que, paradoxalement, les migrants clandestins du Maroc ne figurent pas dans le programme de rapatriement de l’entreprise de transport maritime Corsica Linea, établi à la demande de Paris, même si ses relations avec Rabat sont parasitées par l’affaire Pegasus, le logiciel d’espionnage ayant infecté le téléphone du président français Macron.

Rappelons qu’en septembre 2021, la France avait décidé de réduire de 50% le nombre de visas délivrés pour les ressortissants de l’Algérie et du Maroc et de 33% pour ceux de Tunisie.

Cette décision, «drastique» et « inédite », est « rendue nécessaire par le fait que ces pays n’acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France », avait justifié le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.

Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur français communiqués à l’AFP, l’Algérie avait délivré entre janvier et juillet 2021 un total de 31 laissez-passer consulaires pour 7731 Obligations de quitter la France (OQTF) prononcées, et 22 expulsions réalisées, soit un taux d’exécution de 0,2%. Ce taux est de 2,4% au Maroc et 4% en Tunisie.