Le président Tebboune évoque le dossier de la mémoire à l’occasion du 77e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 : «Un attachement sans surenchère ou négociation»

Mustapha Benfodil, El Watan, 9 mai 2022

Hier, nous avons commémoré le 77e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945. Le 8 Mai, c’est aussi, désormais, la Journée nationale de la mémoire, instituée en 2020. Le souvenir de cette répression massive, qui aura accéléré la rupture avec la France coloniale, est encore vivace, il faut le dire, dans la mémoire collective, autant que les dates du 1er Novembre, du 20 Août ou du 5 Juillet.

Et pour marquer ce 77e anniversaire, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a adressé un message aux Algériens, diffusé ce samedi 7 mai, qui débute ainsi : «Parmi les jours témoins de la grandeur de la lutte de la nation revient la Journée nationale de la mémoire marquant l’anniversaire des massacres du 8 Mai 1945, dont nous commémorons le 77e anniversaire». La date du 8 Mai 1945 a une résonance forte tant elle s’impose comme un jalon historique important «de par ses significations et la profondeur de ses connotations dans le parcours du combat du peuple algérien et dans l’histoire du Mouvement national», relève le Président dans ce message diffusé par l’APS.

Ciblant ceux qui continuent à glorifier la doctrine et le récit coloniaux, perpétuant ainsi politiquement et narrativement les crimes de la colonisation, tantôt par le déni, tantôt par l’apologie de la domination, M. Tebboune estime que cette adversité entêtante ne fait que nourrir et renforcer notre attachement au combat anticolonial. «Notre glorieuse histoire, dit-il, source de notre fierté et inspirant les générations au fil du temps, s’illumine et s’enracine davantage dans notre esprit à chaque fois que la rancœur de ceux qui ne se sont toujours pas débarrassés de leur extrémisme et attachement chronique à la doctrine coloniale désuète et misérable s’accentue.

Ceux-là n’ont pas appris des tentatives désespérées de dissimuler les vérités de l’histoire par l’imposture et l’oubli.» «Les atrocités perpétrées à Sétif, Guelma, Kharrata et dans d’autres villes le 8 mai 1945, insiste le chef de l’Etat, sont témoins de massacres hideux qui ne sauraient être oubliés. Ils resteront gravés, par leurs tragédies affreuses, dans la mémoire nationale, mais également dans le référentiel historique, dont les bases ont été jetées vaillamment par le combat de notre peuple contre l’injustice du colonialisme et en quête de la liberté et de la dignité. Un combat mené par notre peuple brave par le moyen de résistances populaires, une lutte couronnée par la glorieuse Guerre de Libération déclenchée un certain 1er Novembre 1954.»

Dans son message, Abdelmadjid Tebboune a mis l’accent également sur l’engagement de l’Etat à porter et défendre le «dossier de l’histoire et de la mémoire». «C’est pourquoi notre attachement au dossier de l’histoire et de la mémoire émane de ces pages glorieuses et de la responsabilité de l’Etat envers son capital historique, étant un des fondements qui ont forgé l’identité nationale algérienne et un socle essentiel pour la construction du présent et l’anticipation de l’avenir sur les bases et les principes de l’éternel message de Novembre», a assuré M. Tebboune.

«Défis multiples»

Sans nommer la partie française, le président de la République a glissé un mot sur la coopération avec l’ancien colonisateur sur les questions mémorielles en précisant : «C’est un attachement qui s’éloigne de toute surenchère ou négociation pour préserver notre mémoire, et œuvre parallèlement au traitement du dossier mémoriel et de l’histoire en toute probité et avec objectivité dans la perspective d’établir la confiance et de jeter les bases de relations de coopération durables et fructueuses, garantissant les intérêts des deux pays dans le cadre du respect mutuel.»

Abdelmadjid Tebboune a ensuite appelé à resserrer les rangs et faire front ensemble «dans un contexte de défis multiples» : «En ce jour mémorable, et au moment où nous nous remémorons les sacrifices consentis par le peuple algérien lors d’une période charnière de l’histoire de la nation, la meilleure expression de loyauté à la patrie, dans un contexte de défis multiples, demeure le resserrement des rangs pour pouvoir traiter, avec l’efficacité et la célérité requises, notre situation socioéconomique», a-t-il souligné, avant d’ajouter :

«On pourra, partant, interagir avec le monde extérieur et faire face aux tensions et fluctuations successives avec un front interne soudé en mesure de consolider la place de l’Algérie dans le contexte des nouveaux équilibres que connaît le monde.» «Un front interne, poursuit-il, capable de déjouer les tentatives de provocation et mettre à nu les contrevérités hostiles qui ne feront pas renoncer l’Algérie à ces grands choix et orientations stratégiques, qu’il s’agisse des démarches adoptées pour réaliser une cadence ascendante en matière de développement durable à la faveur de la mobilisation de nos capacités et la lutte contre le pillage des ressources de la nation, ou bien de la vision régissant notre politique extérieure.»

Et de rappeler les grands principes de cette politique, indiquant que celle-ci «œuvre à la défense de nos intérêts et le recouvrement mérité de la puissance et du poids de l’Algérie, puisés de son histoire séculaire, de l’unité de son peuple, de ses capacités et ressources, et de sa volonté d’établir des relations équilibrées avec ses partenaires au double plan régional et international». «Il s’agit-là d’une vision appelant à faire prévaloir la voix de la justice et à soutenir les causes justes, faisant ainsi de notre pays un élément d’équilibre et de stabilité dans la région», a plaidé le chef de l’Etat.