Affaire Merzoug Touati : Des ONG saisissent des mécanismes onusiens et africains

Madjid Makedhi, El Watan, 25 avril 2022

Parmi les signataires, il y a le Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie (CFDA), la Fédération euro-méditerranéenne contre les disparitions forcées et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH).

Trente-cinq ONG algériennes et internationales ont saisi les rapporteurs spéciaux de l’ONU ainsi que les commissaires de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples sur la détention arbitraire et les mauvais traitements à l’encontre de Merzoug Touati.

Ce dernier, blogueur, a été condamné, le 3 janvier 2022, par le tribunal de Ghardaïa à un an de prison ferme pour avoir, selon un communiqué de ces ONG, «dénoncé les conditions d’incarcération d’un autre détenu, Mohamed Baba Nadjar». «Militant pour la promotion et la défense des droits humains, il a déjà été arrêté et incarcéré à plusieurs reprises ces dernières années. Ce harcèlement et cet acharnement judiciaires sont révélateurs de la restriction des libertés et de la répression systématique que subissent les journalistes, les avocat(e)s et bien d’autres acteurs de la société civile algérienne depuis le commencement du hirak populaire en février 2019», lit-on dans ce communiqué.

Incarcéré à la prison de Laghouat, Merzoug Touati a entamé, le 29 mars 2022, «une grève de la faim ignorée par les services pénitentiaires». «Le protocole de soins adéquat pour les grévistes de la faim lui ayant été refusé, il a finalement dû être hospitalisé d’urgence à l’hôpital de Laghouat, avant d’être transféré à la prison de Bouira», précise la même source. Pour les ONG signataires, la détention «arbitraire de Merzoug Touati est la conséquence directe de l’exercice de ses libertés de conscience, d’opinion et d’expression».

«Elle a lieu dans un climat général de négation des libertés fondamentales individuelles et collectives en Algérie, touchant particulièrement les journalistes et les médias en ligne. Les mauvais traitements et intimidations physiques et morales dont est victime Merzoug Touati sont extrêmement préoccupants, et ne peuvent que rappeler le décès après une grève de la faim des détenus Mohamed Tamalt et Kamal Eddine Fekhar en 2016 et 2019», précise la même source.

En faisant ces rappels, les signataires appellent «les mécanismes spéciaux onusiens et africains à inviter les autorités algériennes à relaxer et relâcher immédiatement le détenu Merzoug Touati, à cesser le harcèlement systématique exercé à l’encontre des journalistes et à garantir leur travail libre sans craintes de représailles».

«Nos organisations expriment également leurs vives inquiétudes face à la multiplication des détentions arbitraires de journalistes, et invitent les autorités algériennes à cesser ces pratiques, respectant ainsi les conventions internationales relatives à la liberté d’expression et au droit à un procès équitable, ratifiées par l’Algérie», lit-on dans ce document. Parmi les signataires, il y a le Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie (CFDA), la Fédération euro-méditerranéenne contre les disparitions forcées et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH).